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Le CHU de Bordeaux devrait pérenniser le filtrage des accueils aux urgences

L’activité a été réduite de 20 à 25% aux urgences de Pellegrin, et de 10 à 15% dans l’ensemble du territoire girondin, où a été mise en place avant l’été l’orientation des patients en amont par le Centre 15. Le CHU tire un « bilan positif » de ce dispositif pris pour pallier le manque de personnels, et ne compte pas revenir en arrière malgré les embauches en cours de soignants.

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Le CHU de Bordeaux devrait pérenniser le filtrage des accueils aux urgences

Malgré les canicules et les incendies, « l’été s’est plutôt bien passé, sans impact notable » sur l’activité du CHU de Bordeaux, s’est félicité ce lundi lors d’une conférence de presse Yann Bubien, directeur général de l’établissement. Il estime que la période, traditionnellement difficile avec les congés de soignants nécessitant des fermetures de lits (500 sur 3000 lits en juillet, 600 en aout) a été correctement anticipée.

L’Agence régionale de santé et les hôpitaux de la région avaient il est vrai décidé en juin dernier d’appliquer dans plusieurs hôpitaux de Gironde le dispositif de filtrage des patients aux urgences, d’abord instauré à Pellegrin.

« Nous avions dû fermer la moitié de nos boxs d’accueil aux urgences pour cause de manque de personnels, rappelle Nicolas Grenier, président de la commission médicale d’établissement (CME). Cette régulation de l’accès aux urgences de 17h à 8h [créneau pendant lequel le service n’accueille que les patients validés après appel du 15, NDLR] a beaucoup fait parler. Mais elle a fait tâche d’huile et il est vraisemblable qu’elle devienne pérenne. »

2000 appels par jour

Ce que confirme Philippe Revel, chef du pôle urgences adultes du SAMU-SMUR :

« Pour nous le bilan est positif et nous ne souhaitons pas revenir en arrière. L’activité des urgences a baissé de 20 à 25% à Pellegrin, et globalement de 10 à 15% pour l’ensemble du territoire – métropole et Gironde – où le dispositif a été étendu. Nous avons pu donner des conseils aux patients, en les orientant selon les symptômes vers la médecine de ville. Cela leur évitait de passer 4 ou 5h aux urgences et rendait le service plus efficient. »

Nicolas Grenier, Yann Bubien et Philippe Revel Photo : SB/Rue89 Bordeaux

Logiquement, le nombre d’appels au 15 a augmenté de 20%, traités à moyens constants – 70 assistants de régulation médicale (ARM) à Bordeaux -, plus six ou 7 médecins et des étudiants en médecine. Ils ont traité jusqu’à 2000 appels par jour. Ce qui inquiète Gilbert Mounen, de Sud Santé Sociaux :

« A certaines périodes il n’y a que 2 répondants, ce qui fait que le temps d’attente peut dépasser les 5 minutes. Or dans une situation d’urgence, chaque seconde compte : dans le cas d’un arrêt cardiaque, une minute de perdue, c’est 10% de chances de survie en moins. Et nous avons beaucoup d’absentéisme, des médecins épuisés et en conflit avec des confrères pour faire accepter les patients dans d’autres services. Le Centre 15 est la tour de contrôle du système, si elle craque cela va être compliqué. Aujourd’hui elle ne tient que par les étudiants en médecine. »

Banderole de Sud Santé Sociaux dans le hall du Tripode Photo : SB/Rue89 Bordeaux

Au bout du fil

Alors que le syndicat déploie une banderole « – de com + de moyens » dans le hall de Pellegrin, la direction du CHU assure qu’elle va renforcer les équipes d’ARM. La création à Bordeaux d’un centre de formation dédié a récemment été validée par le gouvernement. Pour l’heure, il n’existe qu’un seul centre de ce genre dans la région, à Poitiers, qui forme une vingtaine d’ARM par an. Cette capacité va ainsi être doublée.

« C’est un métier qui a besoin de connaissances particulières, notamment au décroché, pour savoir s’il s’agit d’urgence ressentie ou vitale. Dans ce dernier cas, chaque seconde compte », estime Philippe Revel.

Le chef du pôle urgences adultes du SAMU indique qu’actuellement 90% des appels au Centre 15 sont pris en moins de 30 secondes, et que les temps d’attente de plusieurs minutes sont de moins en moins fréquents.

« On sait qu’on a besoin d’être plus réactifs en temps d’appel, donc besoin de personnes spécialement formées pour ça », ajoute Yann Bubien.

Recrutements massifs

Pour répondre à la cause de cette fermeture partielle des urgences, le directeur du CHU de Bordeaux annonce des embauches de soignants :

« Le plan d’attractivité a porté ses fruits, on n’a jamais recruté autant en 4 mois. Plus de 1000 recrutements depuis le début de l’été dont 274 infirmiers et près de 300 aides-soignants. Et nous allons embaucher 1000 personnes de plus d’ici la fin de l’année. Néanmoins deux secteurs restent en grande tension, la gériatrie et les postes de nuit, des missions difficiles, exigeantes, où on travaille en continu. »

La direction du CHU et les syndicats attendent avec appréhension le mois prochain. Les mutations, départs et mises en disponibilité avaient en effet été bloquées jusque fin septembre. Chez Sud, on pronostique une nouvelle vague de défaillances. « Il faudra que les nouveaux se plaisent et restent », résume Yann Bubien. D’autant que l’hôpital se prépare à une possible huitième vague de Covid.

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