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Les associations de maraude « à bout » poursuivent leur grève à Bordeaux

Jeudi 13 octobre, les collectifs de maraude, en grève, se sont réunis sur le parvis des Droits de l’Homme pour rappeler leurs revendications. Ils seront reçus par la mairie le 25 octobre prochain, mais n’ont pas été conviés par la préfecture de la Gironde, contrairement à d’autres associations de solidarité.

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Les associations de maraude « à bout » poursuivent leur grève à Bordeaux

« Tout retombe sur les associations, donc on dit stop parce qu’on est fatigué. » Jeudi 13 octobre, les associations de maraude en grève illimitée depuis le 10 octobre appelaient à un rassemblement sur le parvis des Droits de l’Homme à Bordeaux.  

« Depuis la crise du Covid, on est sans cesse sollicités par des profs, des particuliers, des travailleurs sociaux. On commence aussi à avoir des demandes de l’étranger. C’est trop. On a plus de moyens, ni de denrées à distribuer », explique Cécilia Fonseca, de l’association les Gratuits Gironde Solidarité.

1000 places d‘accueil

Les associations formulent plusieurs revendications, dont l’ouverture de 1000 places d’accueil adaptées – alors que 243 places d’hébergement d’urgence ont été supprimées depuis 2020 –, ainsi que la mise à disposition d’abris complémentaires en cas de température inférieure à 10 degrés. Elles réclament une vraie politique d’accompagnement, et la prise en compte des chiens dans la réinsertion. Et bien sûr des fonds pour l’achat de denrées alimentaires et pour des locaux associatifs.

« Les associations de maraudes, tristes voire honteuses de devoir couper des croissants en deux pour en donner à tout le monde, demandent à l’Etat de financer l’achat des denrées alimentaires fournies par la Banque alimentaire à certaines maraudes, charge actuellement assumée par la Fondation Abbé Pierre. »

Chaque association de maraudes dépense en moyenne 15 000€ dans l’aide alimentaire (hors achats de matériel de camping), quand les subventions attribuées sont de 1000 à 2 000 € en moyenne, indiquent-elles. Le reste est couvert par des dons de particuliers.

Selon Estelle Morizot, la présidente de la Maraude du cœur, « la seule chose qui pourrait faire lever la grève serait que la préfecture s’engage par écrit à adopter l’ensemble de ces mesures ».

Grève adaptable 

Chaque association est libre de gérer ce mouvement comme elle l’entend. L’association les Gratuits Gironde Solidarité par exemple, « a maintenu la distribution mardi pour les denrées périssables ». De son côté, l’association Faire et Agir continuera la maraude avec le papier « En grève » dans le dos, afin de manifester son mécontentement. D’après sa présidente, « l’idée est de faire une grève active afin de ne pas pénaliser les bénéficiaires ». En revanche, d’autres associations comme La Maraude du cœur prévoient d’arrêter les dons pour le moment. Une décision qui ne ravit pas sa présidente :

« J’ai passé 7 ans à la rue et ne pas faire la maraude dimanche me crève le cœur. C’est drastique pour eux et certains sont inquiets. »

Mais d’après elle, l’arrêt complet des maraudes serait bien arrivé tôt ou tard, faute de fonds suffisants : 

« On aurait peut-être pu continuer trois mois, comme ça. Pas plus. Même dans notre milieu il y a un avant et un après Covid. On a été touché par l’inflation aussi. On donne toujours la même chose aux bénéficiaires, mais nous sur le ticket, on voit la différence. »

Réunion avec la mairie

Mercredi, les associations ont obtenu une réponse de la mairie à un courrier envoyé en juin dernier et sont invitées à exposer leurs doléances le 25 octobre. Une avancée, certes, mais qui arrive tard selon Cécilia Fonseca : 

« Attendre que les associations soient en grève pour répondre à un courrier fait avant l’été pour alerter sur la canicule… c’est moyen. Cette fois, on va leur expliquer qu’il y a urgence pour l’hiver et qu’on ne peut plus laisser des enfants à la rue. La demande est simple : mettre à disposition les logements bordelais vacants. » 

Du côté de la préfecture, en revanche, la situation reste bloquée puisqu’elle organise une réunion le 26 octobre avec une vingtaine d’associations (Banque alimentaire, Restos du coeur, CAIO, Diaconat, Caritas….), mais pas celles en grève. Plusieurs grévistes disent être « déçus » et se sentent « dénigrés » :

« Ils ont su nous trouver pendant la crise du covid pour pallier l’urgence et maintenant, ils nous tournent le dos. On en attend plus de la préfecture qui, selon la loi, est chargée de l’hébergement d’urgence et de l’aide alimentaire », conclut Cécilia Fonseca.

Les associations grévistes rappellent que plus de 2 000 sans domiciles fixes avaient été comptabilisés pendant la Nuit de la solidarité, organisée en janvier dernier. Un bilan alors contesté par la préfecture de la Gironde. Dans son communiqué réagissant à la grève des maraudes, elle rappelait l’engagement de l’Etat dans le département – « 51 millions d’euros dédiés à la solidarité envers les plus démunis », dont 33 millions pour les maraudes et l’hébergement, avec 4000 places d’hébergement d’urgence.


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