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L’opposition à la réforme des retraites s’affirme à Bordeaux

75000 manifestants d’après l’intersyndicale, 16500 selon la préfecture : derrière le grand écart des estimations, chacun convient d’une hausse de la mobilisation à Bordeaux lors de cette deuxième journée nationale d’action contre la réforme des retraites, ce mardi 31 janvier. Déclarations, témoignages, photos et vidéos, la rédaction de Rue89 Bordeaux était sur le terrain pour vous faire vivre cette journée.

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L’opposition à la réforme des retraites s’affirme à Bordeaux

Loïc Prud’homme: « Nous voulons un vrai débat sur le fond de la réforme »

« Notre stratégie à la Nupes (NDLR : l’alliance LFI-EELV-PS-PC) est simple : nous avons déposé 3300 amendements afin d’avoir un vrai débat sur le fond de la reforme, explique le député de Gironde (La France insoumise). On va essayer de discuter en profondeur les sujets annexes à l’âge de départ à la retraite dont le gouvernement ne veut pas discuter. »

Loïc Prud’homme se réjouit de l’importance de la manifestation d’aujourd’hui.

« Ça fait plus de 10 jours que plus les députés de la majorité et les ministres s’expriment, plus ils font notre travail : convaincre les gens que cette réforme est inutile et injuste. On voit les conséquences sur la mobilisation dans la rue : il y a de plus en plus de monde. »

Intervention de militants lors du débat sur la réforme des retraites au conseil municipal de Bordeaux

Six personnes qui assistaient au conseil municipal de Bordeaux ont brandi des affiches à l’heure du débat sur la réforme des retraites, décidé la veille par la majorité. Les messages voulaient interpeller l’assemblée sur le réchauffement climatique et les logements vacants.

Supposés proches du collectif Bordeaux en Luttes de la conseillère municipale Myriam Eckert, ils ont quitté le conseil sans incident. L’élue a également séché le débat sur la réforme qualifiant de « mépris » le fait qu’elle n’ait pas été avertie officiellement.

L’opposition quitte le conseil municipal de Bordeaux

Les macronistes, qui refusent de débattre de la réforme des retraites, quittent le conseil municipal de Bordeaux les premiers. Ils ont été suivis par le groupe Bordeaux Ensemble. Plus tard, Pierre Hurmic affirme qu’il aurait « été content » de débattre avec eux sur cette réforme « hors sol ».

La manifestation s’est terminée sans incident à Bordeaux. La préfecture de la Gironde fait état de 16500 personnes, soit presque cinq fois moins que le chiffre des syndicats. Mais elle constate aussi une participation en hausse – les forces de l’ordre avaient compté 16000 manifestants le 19 janvier dernier. Le trafic a repris sur les lignes de tram.

Renouveau Bordeaux dénonce « l’instrumentalisation » du conseil municipal par Pierre Hurmic

Le groupe Renouveau Bordeaux, dont les élus aux conseil municipal sont proches de la majorité présidentielle, a critiqué dans un communiqué « le détournement abusif et l’instrumentalisation par Pierre Hurmic de l’appareil municipal au sujet de la réforme des retraites en cours de discussion à l’Assemblée nationale ».

« Les Bordelais et le service public ne doivent pas être pris en otage par le militantisme de leurs élus », fustigent ces conseillers municipaux, conduits par le député (Renaissance) Thomas Cazenave.

Ils critiquent la reprogrammation par le maire de Bordeaux de la séance du jour de 14h à 15h, « pour permettre aux élus de sa majorité de participer aux manifestions prévues le même jour « contre la réforme des retraites », faisant ainsi passer leur action militante avant la conduite des affaires de la ville ».

Le groupe macroniste n’apprécie pas non plus l’échange de vues prévu en fin de conseil sur cette réforme. Il « tient à rappeler que c’est le Parlement qui vote les lois, les parlementaires qui les discutent et non les élus du conseil municipal de Bordeaux », et que ce dernier ne devrait pas se saisir d’un sujet qui relève « ni des affaires de la commune » ni de « l’intérêt communal »

« Ces « échanges de vues » – voulus par le Maire sans débat contradictoire – ne sauraient donc être publics, diffusés ou consignés au procès-verbal de la séance qui devra être levée au préalable par le Maire », conclut-il.

« Une participation plus importante que le 19 janvier », se félicite la CGT

Stéphane Obé, secrétaire général UD CGT Gironde

« 75000 c’est beaucoup plus que le 19 janvier et semblerait que ce soit la même tendance un peu partout, une participation plus importante, indique Stéphane Obé, secrétaire général de l’Union départementale CGT Gironde. On sera satisfaits si enfin le gouvernement, voyant la contestation s’amplifier [retire son projet]. Nous sommes en train de réfléchir à la question de la grève reconductible, cela se discute dans les AG entre les grands moments de mobilisation intersyndicales, mais c’est aux salariés d’en décider. Il commence à y avoir des caisses de grèves qui s’organisent pour ceux qui le souhaiteraient. »

« La CGT éducation est pour la grève reconductible à l’infini. », affirme Franck, enseignant au lycée professionnel Jean Monnet à Libourne. « C’est en bloquant le pays que l’on fera plier le gouvernement. » Selon ce responsable syndical, si l’extrême majorité de ses collègues a conscience qu’il faut abolir la réforme, il faut encore convaincre de suspendre le travail. « Il faut que tout les secteurs soient coordonnés et c’est ce qui est entrain de se construire. »

L’intersyndicale annonce 75000 manifestants ce mardi 31 janvier à Bordeaux, soit davantage que le 19 janvier dernier. Les syndicats avaient alors revendiqué la participation de 60000 personnes.

Collage tout frais sur le palais de justice (CT/Rue89 Bordeaux)

L’angoisse du réchauffement climatique et la précarité sont les deux enjeux qui effraient le plus cette étudiante de Science politique. « Il me reste deux à quatre ans d’études, c’est-à-dire que je vais partir à la retraite beaucoup plus tard que 64 ans. »

Elle s’inquiète pour sa mère, enseignante, qui a 53 ans commence déjà à fatiguer. « Je me dis que dans plus de 10 ans ça va être horrible de travailler pour elle. Je vois tous les projets qu’elle a et qu’elle ne pourra pas faire parce qu’elle sera trop fatiguée. » Partir à la retraite à 60 ans lui semble déjà bien tard. « Je ne veux pas travailler toute ma vie. »

Béatrice, 50 ans, bibliothécaire à Sciences Po Bordeaux Photo : VB/Rue89 Bordeaux

« Pour les policiers qui travaillent la nuit ou sur la voie public, ce n’est pas possible de travailler plus longtemps. » Philippe est fonctionnaire de police. Le 1er mai, il partira à la retraite.

« Faire des économies avec l’exploitation des travailleurs »

Je manifeste pour mon futur mais aussi pour mes parents ». Caroline est étudiante en licence d’archéologie. « J’ai toujours vu mes parents calculer les années qui les séparaient de la retraite et dire que ce serait compliqué de tenir jusqu’au taux plein. » Son père est technicien chez Thales et sa mère professeure d’anglais. « Cette réforme c’est faire des économies avec l’exploitation des travailleurs. »

Le conseil municipal de Bordeaux maintenu mais décalé d’une heure

La salle du conseil Photo : WS/Rue89 Bordeaux

Le premier conseil municipal de l’année 2023 à Bordeaux est maintenu pour ce mardi 31 janvier, il est cependant décalé d’une heure et démarre à 15h. La réforme de la retraite a toutes ses chances d’être invitée aux débats.

Vendredi 27 janvier, lors du conseil métropolitain, Philippe Poutou a abordé le sujet profitant de la présentation du rapport sur l’égalité femmes/hommes et dénonçant dans cette réforme « une aggravation des inégalités ».

« C’est important que les institutions qui se disent engagées dans cette bataille [contre la réforme] puissent donner des signaux de mobilisation et notamment marquer le 31 janvier symboliquement par des actions. Donc nous avons demandé à la mairie de Bordeaux de reporter le conseil municipal qui a lieu ce jour-là et qui va empiéter sur le temps de manifestation. On avait proposé à ce qu’il soit repoussé pour montrer qu’on est nombreux à se mobiliser, à se poser la question de comment on peut faire des initiatives différentes et mener cette bataille idéologique et puis d’essayer d’emporter le morceau à un moment donné. »

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L’élu métropolitain et municipal du groupe Bordeaux en Luttes tenait ainsi à « remettre une couche ».

Le cortège est à mi-parcours

La tête du cortège vient de traverser le cours Georges-Clemenceau vers la place Tourny. Tout le monde s’accorde à dire qu’il y a plus de monde que pour la manifestation du 19 janvier qui a réuni 60 000 personnes. Dans le défilé, on se félicite de ce succès et on parle de 100 000 manifestants !

« Macron mène une offensive contre les chômeurs, les précaires et la classe ouvrière », affirme Joëlle Moreau (à droite sur la photo), présidente d’AC ! (agir contre le chômage) Gironde. « Nous demandons le retrait de ce projet de loi régressif ainsi que celui de la loi chômage et du décret paru en juillet 2020 selon lequel les personnes au RSA vont partir à 67 ans. »

« On a réussi à faire fermer notre établissement, le centre occupationnel de Pessac [foyer pour adultes handicapés, NDLR]. » Myriam, Gabrielle, Sonia se sont déclarées en grève pour une demi-journée. « On s’occupe de personnes dans notre travail et on se dit qu’à 64 ans, on ne pourra plus s’en occuper », déplore Gabrielle. « Notre métier n’est pas reconnu comme pénible pourtant il est physique », ajoute Myriam.

Jacques, 50 ans, technicien de laboratoire à l’hôpital de Langon Photo : VB/Rue89 Bordeaux
https://twitter.com/Rue89Bordeaux/status/1620395394604892165

Muriel, Marie et Alain. Ce dernier a 70 ans, il est venu du Sud Gironde. Il manifeste pour « sauvegarder le système » :

« Le gouvernement parle de combler un déficit, mais lequel ? Il y aurait d’autres moyens pour trouver de l’argent, comme taxer les plus riches. »

Manifestants et soleil au rendez-vous

Shéhérazade, Mona et Manon ont 17 ans. Élèves en terminale, elles sont venues du Médoc pour manifester :

« On est contre la réforme, même si c’est dans longtemps, on n’a pas envie de bosser jusqu’à 67 ans, voire plus. Si on ne se mobilise pas maintenant, le gouvernement continuera à faire des réformes abusives. »

Foule aux Quinconces

https://twitter.com/Rue89Bordeaux/status/1620374842540429321

Presque un tiers des enseignants grévistes

L’académie de Bordeaux vient de communiquer les taux de participation au mouvement social relevés à 10h30. La moyenne générale des enseignants grévistes atteint 28,38% avec 28,30% du premier degré et 28,53 du second.

Le blocage du lycée Montesquieu organisé dans la discrétion

7h40. Une foule d’élèves attend en bavardant devant le lycée Montesquieu. Leurs yeux vaguement inquiets fixés sur l’entrée. La grande double porte est obstruée par une pyramide de poubelles, devant laquelle flottent deux drapeaux aux couleurs de l’anarcho-syndicalisme et de l’écologie libertaire.

Pantalons treillis militaires et gros godillots, les organisateurs et organisatrices peignent des pancartes à l’aide de pochoirs et bombes aérosols.

« On a décidé de bloquer pour soutenir la grève générale mais aussi pour exprimer notre mécontentement face à l’échec démocratique qu’est le 49.3 », explique l’un d’entre eux.

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La porte d’entrée bloquée tôt le matin avec les bacs poubelle Photo : CT/Rue89 Bordeaux

Le futur en jeu

« Il y avait des rumeurs hier mais je n’étais pas sûre que ça aurait lieu », rapporte Léa, élève de seconde. Son amie Charlotte n’en a connaissance que ce matin dans le tram. Beaucoup d’élèves étaient dans ce cas. Jusqu’à ce matin, Margot et Anouk, élèves de première, ne se sentaient pas concernées par la reforme. Aujourd’hui, elles affirment que leur futur est en jeu.

« Mais ce n’est pas ce qui nous inquiète le plus pour notre avenir », affirment-elles en évoquant le réchauffement climatique. Marcus, en première, soutient la mobilisation mais pour lui, « 64 ans c’est trop vieux ! » A côté, un autre élève s’agace : « Je trouve que c’est faire grève pour faire grève. Je comprends que les gens qui travaillent la fassent mais nous au lycée c’est inutile. »

Le jour s’est désormais levé. Une dizaine d’élèves est rentrée dans l’établissement. Beaucoup d’autres ont pris le chemin de la maison. « On va avoir deux heures d’absence non justifiées sur le bulletin », s’inquiète un élève de seconde. « On s’en fout ! », lui répond son amie. Sa mère est « grave vénère » contre la réforme, elle n’arrête pas d’en parler. Alors aujourd’hui, elle comprend et soutien le blocage.

Une organisation discrète

À la demande d’élèves, des enseignants et enseignantes se relaient pour veiller à ce qu’il n’y ait pas « d’agressions entre élèves », comme lors du dernier blocus. Elles observent une « polarisation récente entre la droite et la gauche » qui génèrent parfois des tensions à l’intérieur même des classes.

En novembre, le blocage du lycée avait été annoncé à l’avance, laissant le temps à ses opposants de s’organiser pour s’organiser contre. Cette fois, la mobilisation a été organisée sur un groupe privé Instagram par une dizaine d’élèves de première et terminale.

Lycéens et lycéennes ne sont pas dupes sur les effets de leur mobilisation : « On est trop jeune, ça n’a pas d’impact. » Ils se disent cependant prêtes à tenir toute la semaine ou, a minima, à bloquer l’établissement à chaque mouvement de grève. À midi, enseignants et élèves ont prévus de se retrouver pour manifester ensemble.

Les pancartes étaient prêtes Photo : CT/Rue89 Bordeaux

La réforme des retraites, une affaire de jeunes ? Vincent Tiberj répond

« Cette génération, qui a connu le Covid, a peu connu la socialisation dans les manifestations ou mouvement sociaux », explique Vincent Tiberj.

Interrogé sur France Inter ce matin, le sociologue bordelais estime que « pour l’heure cette génération n’est pas fortement connectée aux syndicats étudiants, aux syndicats lycéens, des organisations qui ont du mal à rassembler aujourd’hui. Mais dans le même temps, on sait que cette jeunesse a une possibilité de se mobiliser de manière très vaste, ils ont les réseaux sociaux, les pétitions, le militantisme proche, etc. »

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Lycée François-Magendie : appel au blocage pas entendu

Il est 7h30 au lycée François-Magendie. Quelques élèves attendent l’ouverture de l’établissement, sans remous. Selon Ainoha, en classe de terminale, « il ne va rien se passer ». Des tracts ont été distribués la veille appelant au rassemblement, « mais rien de très concret ». Il invite les lycéens à se rendre à la manifestation du 31 janvier et à bloquer les lycées. Mais rien ne se produit.

Tract pour les lycéens Photo : AG/Rue89 Bordeaux

Il est près de 8h, les grilles s’ouvrent. Marius, s’apprête à entrer. Il est en classe de seconde et ne se sent pas du tout concerné par la réforme des retraites. « J’ai encore le temps. D’ici là, on changera de président donc de nouvelles lois passeront probablement », explique-t-il.

Son amie, Lou, est plus partagée. Pour changer les choses « il faut s’y mettre maintenant. Après, ça sera trop tard ». D’après elle, un blocus aurait été une bonne chose.

Si la plupart des élèves comprennent les raisons de la mobilisation aujourd’hui, beaucoup ont du mal à saisir les enjeux de cette réforme. Une autre raison expliquant l’échec du blocus selon Juliette, « qui préfère réviser son bac ».

A l’entrée du lycée Magendie ce matin Photo : AG/Rue89 Bordeaux

Perturbations dans les transports

Du côté de TBM, 16 % des agents se sont déclarés grévistes. Les trams B, C et D circuleront au ralenti avec une fréquence de 7,30 minutes.

La liane 12 ainsi que les lignes 20, 26, 29, 31, 41, 42, 72, 87 et le parcours express de la lignes 84 ne circuleront pas. Les lignes 23, 24, 25, 32, 49, 71 et 90 circuleront, elles, avec des fréquences ajustées. Point trafic à suivre sur le site TBM :

Deux TER sur dix circulent, en moyenne, en Nouvelle-Aquitaine. La SNCF a recommandé aux voyageurs de différer leur déplacement. La circulation des Intercités est aussi impactée. Il n’y a aucune circulation de train, à l’exception d’un seul aller-retour sur les lignes Bordeaux-Marseille, Paris-Clermont et Paris-Limoges-Toulouse.

On s’attend par ailleurs à une forte mobilisation des enseignants, avec 50% de grévistes à l’école primaire, selon le Snuipp-FSU, premier syndicat.

Bonjour

Après le succès de la première manifestation, les opposants à la réforme des retraites s’apprêtent à battre de nouveau le pavé ce mardi 31 janvier. Pour cette deuxième journée de mobilisation, le parcours a changé. Cette fois, le cortège s’élancera, à partir de 12h, de l’esplanade des Quinconces.


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