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Contre la réforme des retraites, Bordeaux bat encore le pavé

Cette nouvelle journée de mobilisation à Bordeaux a réuni 50000 personnes selon l’intersyndicale, 9500 selon la Préfecture. Sur un parcours plus court que celui du 31 janvier, des citoyens et des syndicats ont confirmé leur opposition au projet de réforme des retraites, examiné par l’Assemblée nationale depuis le 6 février 2023. 

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Contre la réforme des retraites, Bordeaux bat encore le pavé

Nouveau rendez-vous samedi 11 février

La troisième manifestation a une nouvelle fois démontré la détermination des syndicats et des opposants à poursuivre la mobilisation contre le projet de loi pour la réforme des retraites voulue par le gouvernement. Ce projet est examinée par l’Assemblée nationale depuis le 6 février 2023.

Présent dans le cortège, le maire de Bordeaux, Pierre Hurmic, souhaite que « ce mouvement social ne baisse pas dans son intensité ». Il partage ainsi l’avis des nombreux manifestants et des syndicats organisateurs, alors que la participation de ce mardi 7 février s’affiche inférieure aux deux précédentes, avec une baisse imputée pour beaucoup à la période de vacances d’hiver.

L’assemblée générale qui s’est tenue par l’intersyndicale après la manifestation confirme la mobilisation prévue le samedi 11 février. Le rendez-vous est donné place de la Bourse à 14h.

L’université Bordeaux Montaigne contre une réforme « inutile et injuste » 

Le conseil d’administration de l’Université Bordeaux Montaigne s’oppose au projet de loi réformant les retraites, qui est examiné par l’Assemblée nationale depuis le 6 février 2023. Dans cette motion adoptée par voie électronique, il soutient les actions de mobilisation des personnels, des étudiantes et étudiants exigeant son abandon. 

Ce projet ne répond à aucune urgence financière, précise le communiqué de l’université. Le conseil d’administration s’appuie notamment sur « le rapport du Conseil d’orientation des retraites (COR), comme plusieurs enseignants-chercheurs (Michaël Zemmour), [qui] montrent que le système de retraites par répartition n’est pas en danger ». 

« Repousser l’âge légal de la retraite à 64 ans serait une mesure injuste car l’espérance de vie est très inégale en fonction du niveau de vie, de la catégorie sociale et des diplômes. Cette réforme serait particulièrement injuste pour les précaires, notamment pour les femmes dont la carrière est hachée », écrit le conseil. 


Enfin le conseil dénonce des « justifications mensongères » et affirme que « ce ne sont pas les quelques économies sur le budget des retraites qui permettront de financer les services publics de la santé, de l’éducation et de la justice, ou de prendre la voie de la transition écologique : les politiques publiques doivent être financées par l’impôt, non par les cotisations sociales ». 

9 500 manifestants selon la préfecture

Tête de cortège arrivant place Pey Berland, mardi 7 février Photo : CT/Rue89 Bordeaux

L’acte III de la mobilisation contre la réforme des retraites, intervenue en période de vacances pour la zone A, marque une baisse du nombre de manifestants. Ce mardi 7 février, alors que les organisations revendiquent 50 000 personnes, la préfecture de la Gironde indique comme chiffre définitif 9 500 manifestants. À Bordeaux, la prochaine mobilisation est prévue samedi 11 février, depuis la place de la Bourse à 14h.

Vers une grève générale ?

Frank Dole, 57 ans, co secrétaire du syndicat Gironde CGT Educ’action Photo : AG/Rue89 Bordeaux

« Le bilan de cette manifestation est satisfaisant car on est dans une période de vacances et on voit qu’il y a beaucoup de monde, dont des personnes qui n’étaient pas là aux manifestations précédentes. Dans le cortège, il y a une détermination à continuer et à aller jusqu’au bout pour retirer ce projet injuste et inutile. Pour nous, le but, c’est de construire le blocage du pays et d’aller vers la grève générale qui fera définitivement plier le gouvernement. »

« Je serai là samedi »

Francis Bérard, maire de Prignac-et-Marcamps Photo : CT/Rue89 Bordeaux

« Je suis à la retraite depuis 5 ans. Pour autant, je me sens concerné pour mes enfants et petits-enfants et pour l’ensemble la société. Je serai là samedi. Ce sont des moments importants qu’il faut renouveler. »

50 000 personnes à Bordeaux, un chiffre en baisse

Un chiffre en baisse par rapport aux précédentes mobilisations. Le 31 janvier, 75 000 personnes à Bordeaux étaient présentes au départ de l’esplanade des Quinconces. Place de la République, le 19 janvier, 50 000 personnes ont été recensées par les organisations.

« Le travail ce n’est pas la vie »

Aliyah, amandine, Quentin, Salomé et Ellia, 19 ans, étudiants en Information numérique

« Cette réforme touche tout le monde et on est concerné par le sort des autres. On se bat pour notre avenir. On espère que ça va marcher. On garde espoir. Je pense que la nouvelle génération peut faire bouger les choses. Elle ose prendre part aux combats plus qu’avant. Le travail ce n’est pas la vie. Nous on veut vivre pour nous. Comme l’a dit François Ruffin [député Nupes] : “Beaucoup de choses sont faites pour nous soulager du travail comme l’intelligence artificielle ou les machines, mais on nous fait travailler plus.” Ce n’est pas cohérent. »

« Ça me fait penser à Louis de Funès »

Fabrice, représentant syndical à la CGT

« Plus le gouvernement s’exprime plus les gens voit qu’il utilise des arguments de camelote. Il n’y pas de répartition des richesses, ça me fait penser à Louis de Funès dans La folie des grandeurs qui disait : “un pauvre c’est fait pour être pauvre, un riche c’est fait pour être très riche“. Sauf que là, ce n’est plus une blague, c’est du cynisme et ça devient quasiment insupportable. »

« On ne sera jamais libre finalement »

Lucie,15 ans, en classe de seconde

« Je manifeste par solidarité pour mes parents qui sont enseignants. Je suis assez inquiète pour moi aussi car les études sont longues et la vie professionnelle aussi… pour finalement partir à la retraite si vieux ! On ne sort jamais vraiment bien de ces années de travail et se dire qu’on peut pas profiter pleinement ensuite, c’est déprimant. On ne sera jamais libre finalement. »

Sauvegarder le système des retraites par répartition

Jérôme Jolivet, 42 ans, enseignant en lycée pro et secrétaire académique SNUEP-FSU Photo : AG/Rue89 Bordeaux

Dernier jour des soldes « faible » cours Georges-Clemenceau

Carole Chevaillier, responsable du magasin Free Lance Photo : AG/Rue89 Bordeaux

Le cortège des manifestants s’élance cours Georges-Clemenceau. Marion Duron, responsable de la boutique M Couture s’attend à voir « peu de clients » en ce dernier jour des soldes :

« Les gens vont être craintifs et avoir peur d’aller en ville. C’est une journée pratiquement faible pour nous. Nous avons des clients qui appellent pour se renseigner du parcours de la manifestation et ne pas être bloqué. »


Carole Chevaillier, responsable du magasin Free Lance, espère, elle, un manifestation « calme » pour le « dernier jour des soldes » :

« De toutes façon ça bloque les gens, ils ont peur de ne pas pouvoir se garer et d’être dans les bouchons. Il y a toujours une appréhension. L’agence à côté a eu de la peinture par exemple de la part des manifestants. »


C’est une agence immobilière. Une des salariées témoigne :

« La première manifestation du 19 janvier on s’est pris un œuf rempli de peinture rose sur la devanture mais c’est très bien parti. Pendant les gilets jaunes, on s’est fait taggé. Là c’était plus embêtant, on a du faire appel aux services de nettoyage. »

https://twitter.com/Rue89Bordeaux/status/1622940153042853889

Pierre Hurmic : « Le débat parlementaire est bâclé »

« Il ne faut pas que la mobilisation s’épuise » déclare Pierre Hurmic. Le maire de Bordeaux a, comme pour les manifestations précédentes contre la réforme, tenu à défiler sans son écharpe d’élu pour affirmer « des convictions personnelles » avait-il confié à Rue89 Bordeaux.

L’édile considère que « le débat parlementaire est bâclé » et invite le gouvernement à entendre la contestation. La réforme est actuellement au menu de l’Assemblée nationale où se trouvent les députés girondins qui s’opposent à la réforme et que l’on a l’habitude de voir dans le cortège.

Retraites et inflation

Sylvie, dans le cortège bordelais

« Je ne suis pas là que pour les retraites. Quand je vois ce que je peux acheter avec 50 euros aux courses, je me dis que ce n’est pas possible. Pareil quand je paye ma facture d’électricité. J’en ai ras-le-bol, comme beaucoup. Je suis inquiète de ce gouvernement qui ne sait plus ce que veux dire le mot démocratie. »

« Il est hors de question qu’on meure au travail »

Antony Dupuy, délégué syndical CGT à Dassault Aviation de Mérignac

« Même si la loi passe, on continuera le combat »

Corinne Lantheaume, secrétaire régionale CDFT agroalimentaire de la Gironde

« C’est ensemble qu’on peut faire bouger les choses »

Keziban, Naz-Cathy et Chrystolia

« On veut pouvoir profiter de nos amis, de notre famille. On est jeune, c’est à nous de nous préoccuper de notre avenir et de soutenir ceux qui partiront bientôt à la retraite. C’est ensemble qu’on peut faire bouger les choses. »

« Il n’y a pas que le travail en lui-même »

Patrick, 60 ans, contrôleur de gestion chez Air France

« Je me bats pour les générations futures »

Évelyne Brouzeng, 83 ans, retraitée, maître de conférence à l’Université de Bordeaux

« La régression sociale est insupportable. Les jeunes vont avoir des fins de parcours difficiles. L’hôpital et le service public, c’est une catastrophe. À mon âge, je les fréquente beaucoup et la prise en charge est insupportable. Quant à l’école et à l’Université où j’ai enseigné pendant 42 ans, elles sont délaissées au profit des formations privées. »

« Je fais un métier pénible et je ne me vois pas partir à 66 ans »

Adeline, 58 ans, aide-soignante au CHU de Libourne

Presque un million de signatures contre la réforme

Lancée depuis quatre semaines par l’Intersyndicale, une pétition en ligne a déjà recueilli 950 000 signatures pour dire « non à cette réforme injuste et brutale » (lien ici).

« Cette réforme va frapper de plein fouet l’ensemble des travailleurs, et plus particulièrement ceux qui ont commencé à travailler tôt, les plus précaires, dont l’espérance de vie est inférieure au reste de la population, et ceux dont la pénibilité des métiers n’est pas reconnue. Elle va aggraver la précarité de ceux n’étant déjà plus en emploi avant leur retraite, et renforcer les inégalités femmes-hommes », peut-on lire dans le texte qui l’accompagne.

Des perturbations sur les transports à prévoir

Cette nouvelle journée de grève, dont le préavis est effectif de ce lundi 19h à mercredi 6h, affectera de nombreux secteurs. SNCF Voyageurs annonce un circulation des trains « fortement perturbée » et informe que « les circulations seront précisées la veille lundi 6 févr. à 17h sur les sites et applis SNCF ». En cas d’annulation de TGV (INOUI, OUIGO, international) ou INTERCITES, les voyageurs recevront un mail ou un SMS.

De son côté, le réseau de la métropole bordelaise TBM affirme que le trafic sera « légèrement perturbé ». La circulation sera normale sur l’ensemble des lignes à l’exception d’un ajustement des fréquences pour le Tram C (toutes les 7min30, 15 min sur les branches) et la Lianes 1 (toutes les 12 min de 7h à 20h). TBM prévient cependant que durant « la manifestation prévue en centre-ville, des interruptions tram et déviations bus sont à prévoir ».

https://twitter.com/info_tbm/status/1622248690969882624

La parcours de la manifestation

Pour cette troisième mobilisation interprofessionnelle contre la réforme des retraites, les syndicats veulent maintenir la pression sur le gouvernement et son projet de loi. A Bordeaux, forts de deux mobilisations qui ont réuni 60000 le 19 janvier et 75000 le 31 janvier 2023 (selon leurs propres estimations), les organisateurs donnent rendez-vous place de la Bourse à Bordeaux et s’attendent à une grosse affluence.

Le parcours déclaré à la Préfecture de la Gironde pour le défilé ce mardi 7 février partira à 12h de la place de la Bourse. Il empruntera le quai Richelieu, le cours Alsace-Lorraine, la rue des Frères-Bonnie, le cours d’Albret, la rue du Docteur-Charles-Nancel-Penard, la place Gambetta, le cours Georges-Clémenceau, l’allée de Tourny, la rue Esprit-des-Lois, et enfin le quai du Maréchal-Lyautey pour revenir place de la Bourse.

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est manif_7fev-630x712.jpg.
Le parcours du défilé de ce mardi 7 février déclaré à la Préfecture de la Gironde (carte Rue89 Bordeaux)


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