Les imprévus semblent s’enchaîner pour la coopérative ferroviaire Railcoop. Dans une enquête publiée le 10 mars dernier, Rue89Lyon dévoile les difficultés auxquelles la société fait face pour le lancement de sa ligne Bordeaux-Lyon. Sa direction a annoncé récemment, le démarrage pour l’été 2024 « d’un service voyageurs restreint ».
Mais il s’agira d’un aller-retour sur deux jours entre Bordeaux et Lyon (soit un aller simple par jour), loin de la fréquence initialement envisagée de trois aller-retours par jour. Le temps de trajet est lui revu à la hausse (7 heures 30, contre 6 heures 47).
« Une rénovation légère des rames sera engagée dès 2023. La commercialisation des billets se fera dans un premier temps à bord des trains et via des partenaires », ajoute la coopérative dans un communiqué.
4,1 millions à trouver
Encore faut-il que ce nouveau projet « plus sobre » passe la barre de la consultation des sociétaires en cours, et surtout que la coopérative parvienne à lever 4,1 millions d’euros en 2023 afin notamment de financer l’achat d’une rame tricaisse X72500 additionnelle.
« Le matériel roulant (autrement dit, les trains), demeure le caillou dans la chaussure de Railcoop, souligne l’enquête de Rue89 Lyon. La société a pu acquérir auprès de la Région Auvergne Rhône-Alpes (Aura) deux rames X72500. Du matériel ancien et pas toujours fiable roulant au diesel (et donc polluant, la ligne Lyon/Bordeaux n’étant pas ou peu électrifiée). Elle attend de pouvoir en acheter une troisième », sur un total de neuf engins.
Pour ce faire, « Railcoop mène actuellement de front deux levées de fonds, l’une en parts sociales (via son site), l’autre en titres participatifs, à destination de sociétaires comme de non sociétaires (sur la plateforme Lita.co) », indique l’entreprise dans son communiqué.
Pas au bout du tunnel
« Railcoop assume un manque d’argent, faute de soutien des banques », relève Rue89 Lyon, rappelant que la coopérative compte pourtant près de 14 000 sociétaires, qui ont investi autour de 8,5 millions d’euros. « 14% de ce montant provient de collectivités territoriales, régulièrement démarchées par la société ferroviaire ».
La Métropole de Lyon a par exemple versé 80000€ et la Région Grand Est 300000€ pour une liaison Thionville-Grenoble qui devait démarrer en 2022, et est repoussée sine die.
La rénovation des rames, l’état actuel des voies, gérées par SNCF Réseau, dans le Massif Central, mais aussi les nombreuses réticences des acteurs traditionnels du secteur ferroviaire sont autant de freins dans la bonne marche du projet. Dont nos confrères jugent la finalisation compromise.
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