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« On risque de couler » : visés par un arrêté préfectoral, les bars associatifs de Bordeaux voient rouge

La préfecture de la Gironde vient d’interdire la vente d’alcool après 2h dans les bars associatifs de la métropole bordelaise. Un non-sens pour les gérants de ces lieux ancrés dans la culture locale, qui craignent de devoir mettre la clé sous la porte. Une pétition mise en ligne sur change.org a déjà recueilli des centaines de signatures.

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« On risque de couler » : visés par un arrêté préfectoral, les bars associatifs de Bordeaux voient rouge

Le Cercle des poètes disparates, le BB25, le One Percent… Dans la nuit bordelaise, ces bars associatifs sont les repaires de nombreux fêtards prompts à pousser l’after après la fermeture des troquets traditionnels. Mais depuis une semaine, le réseau des bars associatifs bordelais voit rouge. Un arrêté préfectoral en date du 24 mai interdit la vente d’alcool dans les bars associatifs après 2h.

La préfecture de la Gironde avance notamment, en période post-Covid, l’augmentation des « troubles à l’ordre public et les nuisances sonores liées à la diffusion de musique au sein des débits de boissons ».

Elle vise particulièrement « la multiplication des établissements dits associatifs à Bordeaux et dans les communes de la métropole » car les « lois et règlements relatifs aux débits de boissons ne s’appliquent pas à ces structures en raison de leur statut associatif ». Celui-ci leur permet en effet de fermer plus tard, à condition de n’y accueillir que des membres et de ne pas servir d’alcool fort.

En péril

Betty Chiariadia et Connor Outhit sont co-gérants de L’Église, un bar associatif ouvert il y a un an et demi. Situé au centre-ville, l’adresse est tenue secrète et ne circule que par le bouche-à-oreille :

« À l’origine, on a ouvert pour les personnes qui débauchent tard comme les barmans et les restaurateurs. La moitié de nos adhérents viennent de ce milieu. L’idée c’est de garder une communauté restreinte. »

Jeudi 25 mai, ils ont été informés par mail de l’arrêté préfectoral. La police passe le jour même, le décret entre en vigueur à minuit. « On n’a pas eu le temps de s’adapter », déplore Betty Chiariadia :

« On est une association, mais comme les autres entreprises, on a des charges à payer, la SACEM, l’Urssaf… On ne vend que des produits locaux, ça aura un impact sur nos fournisseurs. Les bars associatifs aident des artistes ou des collectifs à se faire connaître. L’année dernière, on aussi pu verser 4 000 euros de dons à des associations, comme les Robins de la rue ou la Maison d’Ella. C’est tout un tissu et un réseau associatif qui est en péril. »

Alternatives aux boîtes

La conséquence selon ces gérants : la fête continuera dans les appartements ou dans l’espace public, « sans contrôles et sans réglementations » avec le risque « d’augmenter les nuisances ».

« Un bar associatif n’est pas une boîte de nuit », explique Connor Outhit, pour qui ces tiers-lieux nocturnes représentent une « réelle alternative » à Bordeaux, où les bars, contrairement à d’autres grandes villes françaises, baissent le rideau à 2h :

« On ne vend pas d’alcool fort, on n’y vient pas pour les mêmes raisons. Les discothèques sont souvent loin, ça coûte cher, et l’ambiance est différente. Dans les bars assos, on peut juste aller prendre un dernier verre. Si on ne peut plus vendre d’alcool à partir de 2h, les personnes risquent d’arriver plus tôt et faire concurrence avec les bars, une concurrence qu’il n’y avait pas jusqu’à présent. »

Pétition et recours

De son côté, Franck Chaumes, président de l’UMIH 33 (Union des métiers et des industries de l’hôtellerie) dit, au contraire, se « réjouir » de la décision préfectorale :

« On ne peut plus cautionner ces bars associatifs, qui n’ont d’associatif que le nom. C’est du paracommercialisme [NDLR : activités commerciales exercées par des particuliers ou des organismes qui n’ont pas le statut de commerçant ou qui n’en supportent pas les obligations et les charges]. Il y a des établissements, des professionnels qui sont dans les règles, qui ont des licences comme les boîtes de nuit. Il faut rentrer dans les clous. »

Le réseau des bars associatifs*, réuni sous le nom « Collectif associations Gironde », a récemment lancé une pétition, qui a réuni à ce jour plus de 700 signatures. Ils comptent également faire un recours pour contester l’arrêté préfectoral.

« On n’a plus de trésorerie pour tenir, on risque de couler d’ici trois ou quatre mois. C’est nos vies personnelles qui sont en danger aussi », avancent les gérants de L’Église, dont le lieu est désormais fermé les jeudi.

*Collectif associations Gironde : L’Église, Espéranza, One Percent, Cercle des poètes disparates, Grand Popo, Café Pompier, Nadir collectif, BB25, Souyetek…


#la nuit à bordeaux

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