Lundi 3 juillet à midi, environ 350 personnes – dont la quasi totalité des élus de la majorité et de l’opposition municipale -, se sont rassemblées dans la cour de l’Hôtel de ville de Bordeaux, répondant à l’appel à la « mobilisation civique contre les violences » lancé par l’Association des maires de France (AMF). Des rassemblements similaires ont eu lieu dans plusieurs villes de Gironde concernées par les émeutes des derniers jours – Mérignac, Talence, Bègles, Podensac…
Dans un contexte de violences et de révoltes urbaines, marqué notamment par l’agression à la voiture bélier du domicile du maire de l’Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne), Vincent Jeanbrun, les élus bordelais ont adressé leur « soutien indéfectible à [leurs] collègues agressés, aux habitants, aux forces de police, et de secours, aux agents du service public, aux acteurs associatifs » mais aussi « aux commerçants affectés par les évènements ».
Rappelant l’incendie, le 23 mars dernier, de la porte de l’Hôtel de ville et mentionnant les dégradations commises contre la mairie du quartier Grand Parc, le maire a souhaité « alerter sur l’urgence de tirer les leçons des évènements violents qui se répètent ».
« Il faut sortir les plans des tiroirs ministériels »
En écho aux demandes de l’AMF, Pierre Hurmic a demandé que l’État agisse davantage et « donne aux pouvoirs locaux les moyens de conduire les politiques de proximité ». « Il faut sortir les plans des tiroirs ministériels », affirme-t-il, évoquant notamment le Plan Borloo pour les banlieues françaises, abandonné aussitôt livré en 2018.
Pour le maire de Bordeaux, cette situation doit permettre de « revoir notre perception » des quartiers dits populaires, dont les habitants sont les premiers pénalisés par les récentes violences. Il appelle ainsi « à renforcer toutes les politiques publiques de nature à consolider dans nos quartiers, dans nos villes, la cohésion sociale entre tous les citoyens ». Pierre Hurmic aura l’occasion d’en faire part ce mercredi au président de la République, qui a invité ce mardi à l’Elysée les maires des communes théâtres de violences.
« Il est peut-être trop tard pour l’apaisement », soupire Christine Marchand, 72 ans et ancienne directrice d’un centre social, qui se désole de l’abandon des populations dans certains quartiers. Celle qui a travaillé pendant 40 ans sur la politique de la ville tenait néanmoins à être présente à la mairie, et regrette que l’appel ait été peu suivi, notamment par les jeunes.
Retour au calme ?
Depuis dimanche, la préfecture de la Gironde observe une diminution des violences. Quatre bâtiments ou équipements publics ont été vandalisés dans la nuit de samedi à dimanche, dont la Maison des associations Nelson Mandela à Cenon, l’annexe du Secours Populaire incendiée à Saint-André-de-Cubzac, et les gendarmeries de Mérignac et Saint-Jean-d’Illac attaquées par des tirs de mortier.
Dans la nuit de dimanche à lundi, aucun affrontement n’a opposé les forces de l’ordre à des émeutiers. Quelques incidents sont à déclarer, dont des tags sur l’école maternelle Oscar Auriac à Mérignac ou l’incendie d’un local à poubelles qui s’est propagé sur la façade de la résidence Aliénor d’Aquitaine à Lormont.
Ce lundi, la préfecture a décidé de prolonger jusqu’à mercredi les interdictions (transport, utilisation sur la voie publique…) d’armes, de carburant et de feux d’artifices. Elle a également demandé à Bordeaux Métropole et TBM d’interrompre à nouveau à 21h ce lundi soir la circulation des trams et des bus.
Cellule de crise
De son côté, la CCI de Bordeaux Gironde a réactivé sa cellule de crise (05 56 79 50 00) « pour les entreprises déjà fragilisées par les crises sanitaires, les mouvements sociaux à répétition et le contexte international inflationniste ».
Dans un communiqué, elle appelle par les pouvoirs publics « à prendre toutes les mesures pour aider les entreprises victimes des dégradations » et « une condamnation de la part de tous les élus face à l’irresponsabilité de certains qui cautionnent ces actes ».
« Nos commerces ont besoin de travailler sereinement. Pour cela, au-delà des déclarations d’intentions, il est nécessaire d’avoir une politique de sécurité claire et concertée afin d’en finir avec les zones de non droit comme c’est le cas dans certains quartiers de Bordeaux. […] Nous devons donner l’image d’une ville attractive où il fait bon vivre, circuler et travailler ».
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