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30/04/2024 date de fin
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Botulisme : un mort et au moins 12 personnes intoxiquées après avoir mangé des sardines à Bordeaux

Une personne décédée et une autre en soins intensifs à Paris, huit en réanimation et une autre en soins continus à Bordeaux : le bilan de l’épidémie de botulisme, provoquée par un lot de conserves mal réalisées par un restaurateur bordelais, s’alourdit.

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Botulisme : un mort et au moins 12 personnes intoxiquées après avoir mangé des sardines à Bordeaux

Ce sont au total 12 cas de botulisme qui sont remontés aux autorités sanitaires françaises : 9 à Bordeaux et 2 en Ile-de-France, ainsi qu’un cas à Barcelone dont les jours ne sont pas en danger. Toutes ont pour point commun d’avoir mangé des sardines en conserve au Tchin Tchin Wine Bar, un établissement du centre-ville de Bordeaux.

Cette épidémie d’intoxication alimentaire à la toxine botulinique (transmissible uniquement en mangeant des éléments avariés) est rarissime, on compte 15 à 20 cas par an an France. Mais elle a de graves conséquences : une personne est décédée à Paris et la deuxième personne du couple qui avait fréquenté le bar samedi dernier est actuellement en soins intensifs, a indiqué ce mercredi l’Agence régionale de santé de Nouvelle-Aquitaine.

Pronostic vital engagé pour 8 personnes

Au CHU de Bordeaux, 8 malades sont en réanimation, dont 5 sous assistance respiratoire, ce qui engage leur pronostic vital. « On sait qu’au vu des délais on pourrait avoir des nouveaux cas jusqu’à ce week-end », affirme son directeur, Benoît Elleboode.

« Le ministère de la santé a demandé à l’ensemble des professionnels de santé de la France entière de les prévenir si des symptômes se déclaraient, et de prendre en charge les gens qui seraient passés par Bordeaux. L’établissement étant plutôt prisé par une clientèle étrangère, il a aussi prévenu les réseaux européens et mondiaux, par l’OMS. »

Conférence de presse à l’ARS de Nouvelle-Aquitaine ce mercredi 13 septembre Photo : SB/Rue89 Bordeaux

9 bocaux de sardines, d’une contenance de 3 ou 4 poissons chacun, ont été vendus par le bar bordelais, et la DDPP (direction départementale de protection des populations) cherche actuellement à identifier les consommateurs, qui pourraient donc potentiellement être plusieurs dizaines, en épluchant les titres de paiement.

« La DDPP a été informée le 11 septembre et nous nous sommes aussitôt rendus dans le restaurant, signale son directeur adjoint, Thierry Touzet. Un échange avec le propriétaire et notre inspection a confirmé un défaut de fabrication des conserves de sardines, signalé par une mauvais odeur et une absence de vide à leur ouverture. »

Pas de fermeture administrative

Si l’établissement n’a pas écopé de fermeture administrative, toutes les conserves maison ont été saisies – les résultats des analyses devraient être connus en fin de semaine -, ce qui « permet de prévenir la survenue de nouveaux cas », souligne Thierry Touzet.

Le patron du Tchin Tchin Wine Bar a été mis en demeure de nettoyer et désinfecter les locaux, et s’est vu signifier par un arrêté préfectoral l’interdiction de fabriquer de nouvelles conserves, « son mode opératoire étant très artisanal ». La justice n’a pas encore été saisie, faute de signalement au parquet, mais les familles des victimes se retourneront sans doute contre le bar à vin.

Les signes de la maladie peuvent être digestifs (nausées, diarrhées…), ou directement moteurs, suite à une affection neurologique, ce qui rend compliqué son dépistage, explique Benjamin Clouzeau, médecin en réanimation médicale au CHU de Bordeaux :

« Des amis d’une personne qui avaient aussi mangé des sardines n’avaient aucun symptôme alors que leur proche a d’emblée déclaré une forme grave. Elle avait des troubles de la déglutition et était incapable de parler, sauf par SMS. Un interrogatoire d’elle et de ses amis a permis de préciser ce qu’elle avait mangé et nous avons recoupé quand d’autre cas se sont présentés aux urgences. »

Le praticien explique qu’il s’agit de patients jeunes – tous ont moins de 41 ans, à l’exception d’une personne de 70 ans –, ce qui devrait selon lui les aider à surmonter la maladie. Mais cela ne les prévient pas de risques importants :

« Quand une personne est réanimation, elle est sujette à des risques infectieux car les bactéries en nous essaient de prendre le dessus. Par ailleurs, une paralysie génère une atrophie musculaire et nerveuse pendant la durée de prise en charge, et on peut s’attendre malheureusement à une période en réanimation prolongée, avec une phase de rééducation prolongée, et les complications qui peuvent affecter pronostic vital. »


#botulisme

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