Enquêtes et actualités gavé locales


Avis favorable pour de nouveaux forages pétroliers en Gironde, « incompréhensible » pour les écologistes

La commissaire-enquêtrice s’est prononcée favorablement sur le projet du groupe canadien Vermilion. Ce dernier veut forer huit nouveaux puits de pétrole dans la forêt usagère de la Teste-de-Buch. Une décision qui soulève une levée de boucliers du côté des élus écologistes.

Cet article est en accès libre. Pour soutenir Rue89Bordeaux, abonnez-vous.

Avis favorable pour de nouveaux forages pétroliers en Gironde, « incompréhensible » pour les écologistes
(Drpepperscott230/ Pixabay CC)

Deux mois après la clôture de l’enquête publique, l’avis de la commissaire-enquêtrice a été rendu publique lundi 20 novembre. Carole Ancla s’est prononcée favorablement au projet contesté de forages pétroliers de Vermilion Energy.

Le groupe canadien prévoit de forer huit nouveaux puits sur le site de Cazaux, où une cinquantaine de puits sont déjà en activité. La production actuelle est estimée à 1500 barils par jour.

« Inquiétudes légitimes »

L’enquête publique s’est déroulée du 28 août au 26 septembre dernier. Dans ses conclusions, la commissaire-enquêtrice assure avoir pris en compte « les inquiétudes légitimes du public » quant aux enjeux environnementaux :

« Même si je partage les inquiétudes formulées dans les contributions du public, j’ai tenté de faire abstraction des considérations générales sur le devenir de l’extraction pétrolière en France. Je me suis attachée du mieux possible à analyser les impacts du projet soumis à l’enquête en termes de potentielles nuisances tant environnementales que sur les populations. »

Justifiant son avis favorable, Carole Ancla considère que « les forages pétroliers en exploitation pour la plupart depuis les années 1960 n’ont pas empêché le classement de la forêt de La Teste en site Natura 2000, ni le développement touristique du Bassin d’Arcachon » :

« J’estime donc que la production de pétrole français, soumis à une règlementation environnementale contraignante et à de nombreux contrôles, semble préférable à court et moyen termes dans la mesure où l’on ne peut aujourd’hui se passer totalement des énergies fossiles. »

Dissonance

Une décision « incompréhensible » pour Vital Baude, conseiller régional écologiste de Nouvelle-Aquitaine et conseiller municipal d’opposition à Arcachon. « Je suis très surpris que les différents appels de la communauté scientifique ne soient pas entendus », confie l’élu à Rue89 Bordeaux :

« C’est révélateur d’une dissonance cognitive avec des annonces, y compris au plus haut sommet de l’État, orientées vers la lutte contre le dérèglement climatique. Dans Néo Terra 2, Alain Rousset parle de la transition énergétique comme d’un “enjeu existentiel”. Quand je propose un amendement pour faire en sorte que la Région arrête de soutenir toute nouvelle exploitation d’hydrocarbures, l’exécutif vote contre. »

La dernière synthèse du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) préconise, en effet, de renoncer à l’exploitation de 80% des hydrocarbures dans le sol, dans la perspective de limiter le changement climatique à +2°C.

Le souvenir des méga-feux

Autre contradiction : une loi française, portée par Nicolas Hulot en 2017, prévoit l’arrêt progressif de l’exploitation des hydrocarbures dans le sol en France d’ici 2040. « Mais des amendements ont dévoyé la loi de son objectif », tempête Vital Baude :

« Ma crainte c’est que cette loi soit suffisamment insidieuse pour ne pas empêcher ce type de projet. Cela participe aussi à un rejet de la classe politique lorsque les citoyens s’aperçoivent que les lois peuvent être remises en cause par ce genre de biais. »

L’élu écologiste soulève également la question de la sécurité, au sein d’une zone géographique impactée par les méga-feux de l’été 2022 :

« Nous sommes dans un territoire en première ligne face au dérèglement climatique : incendies, inondations… Toute cette énergie pour s’assurer que le site sera à l’abri, c’est autant de moyens qui ne sont pas mobilisés sur le reste du massif et des habitations. Tous les investissements, publics ou privés, devraient aller dans le sens de la transition et non dans des projets climaticides. »

La décision relève désormais de la préfecture, qui doit prendre un arrêté d’autorisation ou de refus du projet. Elle devrait intervenir au début de l’année prochaine.


#environnement

Activez les notifications pour être alerté des nouveaux articles publiés en lien avec ce sujet.

Voir tous les articles
Plus d'options