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Vague de froid à Bordeaux : « À la rue, on fait avec »

Malgré une chute des températures prévue cette semaine, le plan grand froid n’est pas activé dans le département de la Gironde. En réponse, 40 nouvelles places d’hébergement sont annoncées par la préfecture dès ce lundi soir.

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Vague de froid à Bordeaux : « À la rue, on fait avec »
Le nombre des places d’hébergement augmente et celui des sans-abri aussi

Les mains violacées par le froid mordant, Stéphanie, 61 ans, fait la manche aux abords du centre commercial de Mériadeck. Depuis quelques semaines, elle vit à la rue, « mise à la porte » par son ex-conjoint. Le 115 ne répond pas, alors elle essaye de réunir suffisamment d’argent pour dormir dans une auberge de jeunesse :

« Parfois je dors dans le parking des Grands Hommes. Mais quand on est une femme à la rue, on ne ferme jamais complètement l’œil. Entre l’insécurité et le froid, c’est difficile en ce moment. »

Depuis ce lundi, une vague de froid envahit le pays. En Île-de-France et en Alsace, notamment, les préfectures ont activé le plan grand froid. Celui-ci permet aux structures d’hébergement d’urgence de proposer plus de places et de rester ouvertes toute la journée, donc de ne pas contraindre les bénéficiaires à quitter les lieux dès le petit matin.

Mais en Gironde, rien de tel à ce stade. La préfecture a cependant annoncé l’ouverture de 40 places d’hébergement « pour la mise à l’abri de famille se trouvant à la rue » dès ce lundi soir :

« Le préfet Étienne Guyot a demandé aux équipes mobiles qu’elles intensifient les maraudes pour aller à la rencontre des personnes à la rue », annonce un communiqué de la préfecture publié ce jour.

« On en est au même point »

Ces dispositifs viennent s’ajouter à ce que Etienne Guyot avait présenté le 29 novembre dernier sur les moyens débloqués par l’État à la veille de la période hivernale. 194 places supplémentaires avaient été annoncées : 153 dans la métropole bordelaise, 22 sur le bassin d’Arcachon et 13 en Libournais.

Avec un bateau de croisière reconverti pour l’accueil des sans-abri sur les Bassins à flot et qui peut accueillir jusqu’à 100 personnes, l’offre d’hébergement s’élève à près de 2000 places pour les personnes vulnérables en Gironde selon la préfecture. Ouvert depuis le 15 décembre et géré par le Diaconat pour le compte de l’État, le bateau est en service jusqu’à la fin de la période hivernale,.

Mais le compte ne satisfait pas Cécilia Fonseca, responsable de l’association Les Gratuits Gironde Solidarité. « On en est au même point alors que des personnes à la rue sont déjà mortes cet hiver à Bordeaux« , constate-elle :

« La préfecture augmente le nombre de places en hiver après en avoir drastiquement baissé le nombre l’été. Chaque année, le nombre de places au 115 reste donc sensiblement le même. Il y a aussi des difficultés liées au sans-abrisme : des personnes se mettent en danger après avoir pris des drogues ou de l’alcool et ne réalisent pas qu’il fait très froid. Ça peut conduire à l’hypothermie. »

En grève l’année passée, les associations de maraude réclamaient la création de 1000 places d’hébergement supplémentaires sur la métropole ainsi que « l’ouverture automatique d’abris complémentaires en cas de températures inférieures à 10 °C et supérieures à 30 °C ».

Christophe et Éric vivent à la rue depuis un an Photo : VB/Rue89 Bordeaux

« A la rue, on fait avec »

Du côté de la mairie, « nous n’avons pas reçu de réquisition de la préfecture pour ouvrir des gymnases, mais nous allons amplifier les horaires d’ouverture de notre halte de jour située à Stalingrad », complète Harmonie Lecerf-Meunier, adjointe aux Solidarités à la mairie de Bordeaux.

Mais l’hébergement d’urgence n’attire pas tous les sans-abri. Christophe et Éric, respectivement âgés de 73 ans et 57 ans, sont à la rue depuis un an et préfèrent se passer du 115 pour éviter « les vols et les violences ». L’un était pâtissier, l’autre gardien de sécurité, et tous deux touchent le RSA. Emmitouflés dans des couvertures et des duvets, ils témoignent :

« Je devrais avoir un logement social en février. En attendant, je préfère rester ici. A la rue, on fait avec. […] Les personnes du quartier nous connaissent avec Éric, elles nous donnent souvent de la nourriture ou des couvertures. Quand il fait trop froid la journée, ça nous arrive d’aller dans un centre commercial. »

Si le nombre de places d’hébergement a augmenté de 36 % en Gironde, celui des personnes à la rue dans le département aussi. La situation avait même poussé la Ville de Bordeaux à déposer, avec cinq autres mairies, un recours indemnitaire contre l’État en raison « de la carence de ce dernier sur la prise en charge des hébergements d’urgence ». Elle est toujours en attente de la suite.


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