Rue89 Bordeaux : Pourquoi vous êtes-vous penché sur la question de la santé mentale des étudiants ?
Christophe Tzourio : Depuis 12 ans nous faisons des études populationnelles sur la santé des étudiants, qui abordent bien sûr la question de la santé mentale car ça fait partie des questions de santé prioritaires chez les jeunes adultes.
Dans le cadre du programme i-Share [dispositif permanent d’études sur la santé mentale des étudiants lancé en 2013, NDLR], nous avons recruté 21000 étudiants bordelais. Ensuite nous avons fait une étude au moment des confinements et enfin, à la rentrée universitaire 2022, une nouvelle étude, Prisme, dans une phase de retour à la normale après la pandémie.
Christophe Tzourio (DR)
L’existence de ce dispositif permanent dans le temps a donc permis de comparer la santé mentale avant et après l’épidémie, entre une cohorte de 1800 étudiants bordelais recrutés entre septembre 2022 et février 2023 à une autre de plus de 4000 étudiants qu’on avait interrogés avant le covid. L’étude est en cours de révision dans une revue internationale et ses détails sont en accès libre sur le site MedRXiv.
L’hypothèse que nous souhaitions tester est qu’avec la fin de la pandémie, les étudiants étaient revenus à un état « normal » de santé mentale. Eh bien, pas du tout…
En 2013, pratiquement un quart des étudiants avait des symptômes dépressifs modérés ou sévères, on est passés à 41% !
Dans quelles proportions ?
En 2013, pratiquement un quart des étudiants avait des symptômes dépressifs modérés ou sévères, ce qui était déjà énorme, et on est passés à 41% ! Ces symptômes s’évaluent à partir d’une échelle internationale appelée PHQ9 qui comprend neuf questions sur comment la personne s’est sentie dans les 15 derniers jours.
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