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Aéroport de Bordeaux Mérignac : « Nos populations sont à cran », affirme Christine Bost

Pour la première fois au titre de ses nouvelles fonctions, la présidente de Bordeaux Métropole a défini sa ligne vis-à-vis de l’aéroport de Bordeaux. Pour l’interdiction des vols de nuit et le maintien de la piste sécante, Christine Bost rejette en revanche tout plafonnement du trafic de la plateforme.

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Aéroport de Bordeaux Mérignac : « Nos populations sont à cran », affirme Christine Bost
L’aéroport de Bordeaux Mérignac

Avec 6,6 millions de passagers et 80000 mouvements d’avions en 2023, l’aéroport de Bordeaux Métropole a retrouvé ses niveaux d’avant pandémie, et se rapproche de son pic historique – 7,7 millions de voyageurs en 2019. « D’où la nécessité de travailler pour réduire les nuisances pour les riverains », déclare ce mardi Christine Bost.

La maire d’Eysines, commune la plus exposée au bruit de la plateforme aéroportuaire, tenait une conférence de presse sur l’actualité de celle-ci en tant que présidente de Bordeaux Métropole (actionnaire de l’aéroport). Invitée à se positionner sur un débat qui divise les communes de l’agglomération, l’avenir de la piste sécante, elle a martelé que son opinion n’avait pas changé, ainsi que l’indiquait lundi Rue89 Bordeaux.

La métropole, « un outil de solidarité »

Plusieurs maires, dont elle fait partie aux côté de ceux du Haillan, de Saint-Jean-d’Illac et de Parempuyre, « sont mobilisés contre l’hypothèse de la suppression de la piste sécante », rappelle Christine Bost, qui participera jeudi dans sa ville à une réunion publique sur le sujet.

« Cette piste sécante ne représente que 10 à 15% du trafic, c’est peu mais c’est une bouffée d’oxygène pour les riverains des communes soumises à 85%. Conjuguée avec la croissance des vols, sa suppression serait intolérable pour les populations, qui sont à cran après la période de calme qu’a été pour elles la Covid. »

Alors que les maires de Pessac, Talence et Martignas, villes situées sous le couloir aérien de la piste sécante, demandent sa fermeture, la présidente de la métropole affirme que la collectivité « est aussi un outil de solidarité » :

« Chacun doit pouvoir prendre sa part. Les maires des communes les plus survolées ne demandent pas à reporter 50% du trafic sur la piste sécante, mais son maintien et son utilisation raisonnable. »

Pour un couvre-feu

L’Etat, actionnaire majoritaire de l’aéroport, doit prochainement se prononcer sur le devenir de cette piste, que la direction de l’aéroport de Bordeaux aimerait fermer pour récupérer les terrains et la reconvertir partiellement en taxiways – une voie d’accès à la piste de décollage.

Parallèlement, la préfecture de la Gironde rendra fin juin ses conclusions sur l’étude d’approche équilibrée, une consultation sur les nuisances de l’aéroport. Celle-ci a essentiellement traité de la question des vols de nuit, Bordeaux Mérignac étant l’un des principaux aéroports français à n’avoir aucune réglementation en la matière.

Plusieurs scénarios sont sur la table, et selon Christine Bost, « la demande des élus est, de façon collégiale, la suppression des vols entre 22h et 6h du matin ». Une option préconisée par l’OMS pour limiter les effets du bruit sur la santé.

En revanche, la présidente de Bordeaux Métropole ne rejoint pas les associations de riverains dans leur souhait de plafonner le trafic aérien, à l’instar de ce que tente de mettre en place l’aéroport d’Amsterdam. « Cela ne peut pas se décider à l’échelle de Bordeaux-Mérignac, seul le législateur peut réfléchir à ces questions là », estime-t-elle.

Politiques du chiffre

Christine Bost salue néanmoins la position de l’actuelle direction de l’aéroport, « qui ne met plus en avant des objectifs chiffrés de 12 ou 16 millions de passagers un temps avancés, même s’il conserve des objectifs de croissance, en travaillant au remplissage des appareils ». Ainsi qu’à l’ouverture de nouvelles lignes, dont celles délaissées par Ryanair…

Critiquant « le comportement sans foi ni loi de ce type de compagnie », la présidente de la métropole se dit « pas très inquiète sur la récupération de ses destinations, car la nature a horreur du vide », et estime que cela pourrait aller dans le sens de la volonté de l’aéroport de moins dépendre des low cost. Elle l’invite au passage « à une sorte de cohérence », pour éviter que plusieurs compagnies ne desservent deux destinations distantes de quelques kilomètres ».

L’élue socialiste n’a d’ailleurs pas évoqué les enjeux climatiques du trafic aérien en une heure de conférence de presse, attaquant en revanche celle-ci par le poids économique de l’aéroport – 40000 emplois en dépendent actuellement, 10000 supplémentaires pourraient être créés. On ne badine pas avec cela.


#aéroport de Bordeaux-Mérignac

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