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Garonne, Loire, Ciron… un courant toujours plus puissant pour les droits des fleuves et rivières

Tours à fait la Loire citoyen d’honneur de la ville, et Bordeaux pourrait faire de même pour la Garonne. Forts d’expériences comme celle de la Mar Menor en Espagne, juristes, élus ou ONG veulent donner une personnalité juridique, par exemple aux fleuves français, ou des moyens de défendre les droits de la nature, à l’instar du projet de création d’une association de gardiens de la vallée du Ciron. Non sans divergences philosophiques.

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Garonne, Loire, Ciron… un courant toujours plus puissant pour les droits des fleuves et rivières
La Garonne au nord de Bordeaux

Tribunal judiciaire de Bordeaux, le 26 juin 2027. Garonne gagne son procès contre l’Etat et Granulats Ouest, la préfecture de la Gironde doit mettre fin à la concession minière du Platin de Grave. La cour les condamne en outre à cesser immédiatement et à réparer autant que possibles les dégâts causés par l’extraction de sable et de graviers.
En 2023, le Conseil scientifique de l’estuaire avait estimé à 40% la perte de biodiversité dans les zones exploitées, ce qui n’avait pas empêché l’État de renouveler ses autorisations. Et cette fois, le procès n’était plus fictif, comme l’était l’audience tenue en juin 2024 à Bordeaux pour défendre les droits du fleuve.
Car en 2025, le parlement français a accordé la personnalité juridique aux fleuves, suite à une proposition de loi portée par de nombreux députés des vallées de la Garonne, de la Loire (faite citoyen d’honneur de la ville de Tours en mai 2024, ce qui était une première en France), du Rhône (avec le soutien d’un mouvement dédié), ainsi que de la Seine et ses « gardiens ».
L’initiative fait ainsi basculer la nature d’objet à sujet dans le droit français. Elle y a introduit un concept révolutionnaire déjà expérimenté ailleurs dans le monde, notamment en Espagne, premier pays européen à avoir accordé une personnalité juridique à une lagune, la Mar Menor, et l’actio popularis – action populaire, c’est-à-dire le droit pour toute personne d’agir en faveur de cet écosystème.

Prédation du vivant

Fin du voyage dans le temps, retour à notre époque, le 18 septembre 2024. La reconnaissance juridique de la nature en France est encore au stade des débats. Mais les propositions fourmillent, notamment dans la région.
Après un premier travail sur les droits de la Garonne mené en 2022 par des étudiants de l’université de Bordeaux (diplôme universitaire de droit de l’environnement), à la demande de la mairie de Bordeaux, celle-ci, désireuse de poursuivre la démarche, s’est tournée vers Wild Legal.
Cette association cofondée et dirigée par la juriste Marine Calmet, à l’origine de l’annulation du permis minier de la Montagne d’or en Guyane, avait réalisé en 2023 un livre blanc sur le sujet, et lancé une pétition qui a récolté 25310 signatures pour protéger les droits de la Garonne.

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