Alors que la fermeture de l’hôpital militaire Robert-Picqué et de ses 242 lits est prévue pour fin 2025, et la reconversion de son site de Villenave d’Ornon déjà l’objet de réflexion, ses salariés (800 personnels médicaux civils et militaires) ne rejoindront pas la Maison de santé protestante de Bordeaux Bagatelle (MSPB), à Talence, avec laquelle l’établissement était censé fusionner.
Ce rapprochement, engagé depuis quelques années sous l’appellation BAHIA, a été discrètement interrompu par le gouvernement, comme l’a révélé Sud Ouest. « Le ministère des Armées et la MSPB Bagatelle réorientent leur partenariat dans le projet BAHIA à Talence », confirme pudiquement la préfecture de la Gironde ce mardi dans un communiqué.
« Une nouvelle feuille de route » pour Robert-Picqué
La préfecture justifie cette décision par « l’évolution du contexte géostratégique et des menaces à laquelle la France doit faire face ». Cela conduit le ministère des Armées « à redéployer le service de santé des armées (SSA) au travers d’une nouvelle feuille de route, qui se traduit par une augmentation des besoins en matière de prise en charge des militaires blessés ». Conséquence :
« L’hôpital d’instruction des armées (HIA) Robert-Picqué est recentré sur son activité de rééducation et de réhabilitation, physique et psychique dans un nouveau centre dédié, implanté sur ce site. Cette démarche rend nécessaire une sortie progressive et coordonnée du partenariat actuel avec la MSPB. »
L’État et la MSPB « poursuivent leurs travaux pour assurer la pérennité de l’offre de soins sur l’agglomération bordelaise », avec des conclusions attendues « pour la fin de l’année », ajoute la préfecture.
Le ministère des Armées proposera notamment « le maintien d’effectifs militaires au sein des unités de soins de la MSPB jusqu’en 2027 », garantit cette dernière. Et l’ARS (agence régionale de santé) Nouvelle-Aquitaine « accompagnera la MSPB pour assurer son fonctionnement et garantir la livraison d’un nouveau bâtiment en 2025 ».
« Coup de tonnerre »
« Même silencieuse cette annonce récente raisonne comme un coup de tonnerre », a réagi mardi dans un communiqué Loïc Prud’homme, député (France insoumise) de la circonscription, engagé de longue date contre cette fusion.
« Malgré les promesses “d’une coopération sur un site unique” aucun médecin ni personnel médical militaire ne sera plus en activité à Bagatelle à échéance 2026, justification initiale de la fusion. A ce jour la MSPB Bagatelle n’est toujours pas en capacité d’accueillir sur son site, à l’échéance 2026, les quelques 28 000 urgences annuelles accueillies à l’HIA, faute de personnel. De nombreuses spécialités médicales sont également perdues. »
A ce « fiasco sanitaire » s’ajoute selon le député un « scandale financier à venir » :
« Le financement du désormais feu-projet Bahia, pointé comme particulièrement opaque et fragile par la commissaire enquêtrice lors de l’enquête publique de 2019, doit faire face [à ce] retrait. Le ministère des armées (nos impôts) va-t-il verser une “indemnité de sortie” à la structure privée MSPB ? Quelle part du foncier du ministère va être offert à la structure privée Bagatelle en compensation ? (…) Quels intérêts particuliers poursuivaient les acteurs du dossier qui n’ont cessé de me traiter avec mépris et condescendance ? »
Sud Ouest rappelle en effet que l’Etat devait abonder au projet BAHIA à hauteur de 20 millions d’euros, sur un budget de 136 millions d’euros.
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