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Décès d’Alain Anziani, ex président de Bordeaux Métropole et maire de Mérignac

Figure incontournable du PS girondin ces 20 dernières années, Alain Anziani, maire de Mérignac de 2014 à 2025 et président de Bordeaux Métropole de 2020 à 2024, s’est éteint ce samedi 19 juillet à l’âge de 74 ans des suites de ses maladies.

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Décès d’Alain Anziani, ex président de Bordeaux Métropole et maire de Mérignac
Alain Anziani

Alain Anziani aura résisté jusqu’au bout. Né le 30 mai 1951 à Paris, Alain Anziani, qui a succombé le 19 juillet 2025 à ses deux cancers, était une figure incontournable de la politique locale : sénateur entre 2008 et 2017, conseiller régional d’Aquitaine pendant 17 ans de 1992 à 2010, il devient maire de Mérignac en 2014 avant d’être élu président de Bordeaux Métropole en 2020.

En début d’année 2024, son affaiblissement provoqué par ses maladies et les traitements l’a poussé à démissionner de cette présidence, confiée à son amie au PS, la maire d’Eysines Christine Bost. Il a en revanche attendu juin 2025 pour renoncer à la mairie de Mérignac, date à laquelle son premier adjoint Thierry Trijoulet a pris la main.

Ce socialiste de la première heure a occupé le plus longtemps la fonction de premier secrétaire général de la fédération socialiste de Gironde, de 1993 à 2009. Il a ancré celle-ci dans la ligne la plus modérée du parti. Il lui sera toujours resté fidèle, ne cédant pas aux sirènes du macronisme contrairement à nombre des plus centristes au PS.

« Je suis social-démocrate et je le resterai », avait-il déclaré dans un entretien accordé au Point, au lendemain de la présidentielle 2022, pourtant marqué par le score famélique d’Anne Hidalgo.

« Le PS ne sera mort que lorsqu’il sera enterré localement. C’est un grand paradoxe : le PS national perd tout, et le PS local gagne beaucoup », confie Alain Anziani dans l’hebdomadaire, dans lequel il a défendu « l’union des gauches » (qui s’est finalement réalisée en 2024 à l’occasion des législatives anticipées).

Une figure locale

Titulaire d’une maîtrise en philosophie, un autre en droit, et d’un DEA d’économie, avocat en 1979, le Parisien arrive en Gironde en 1982, où il rejoint le cabinet du socialiste Philippe Madrelle, alors président du conseil régional d’Aquitaine et, par ailleurs, du Département de la Gironde. Il a la charge de la planification, alors que vient d’être actée la première étape de la décentralisation en France.

Cette position est un tremplin dans la carrière d’Anziani, proche de Laurent Fabius, comme d’autres futurs grands noms régionaux qu’il côtoie au sein du cabinet : Alain Rousset (aujourd’hui président de région Nouvelle-Aquitaine), Gilles Savary et François Deluga (maire du Teich jusque début 2023).

Mais ce n’est qu’en 2014, lorsqu’il succède à Michel Sainte-Marie, édile de Mérignac depuis 1974 (décédé en 2019) qu’Alain Anziani, 62 ans, sort véritablement de l’ombre, n’ayant jusque là jamais été tête de liste.

À Mérignac, pourtant, il n’est pas un inconnu. En 2001, il est adjoint de Michel Sainte-Marie en charge de la politique de la ville et des conseils de quartier. Après le renouvellement municipal de 2008, il change de portefeuille et devient adjoint en charge des finances et de l’innovation.

C’est également au cours de cette année qu’il est élu sénateur de la Gironde, sous la bannière Groupe socialiste et républicain et exerce son mandat jusqu’à sa démission en octobre 2017. En application de la loi de 2014 d’interdiction de cumul des mandats, Alain Anziani choisit en effet, comme 40 autres sénateurs concernés, de privilégier son mandat local.

La cogestion

Maire de la deuxième ville de Gironde, Alain Anziani est associé par Alain Juppé, le maire de Bordeaux, à la cogestion (par des élus de gauche et de droite) de la Communauté urbaine, devenue Bordeaux Métropole en 2015.

Après les élections de 2020, et la victoire de Pierre Hurmic à Bordeaux, l’alliance de la gauche et des écologistes devient majoritaire au conseil de métropole, et Alain Anziani en prend la présidence. Moment charnière de la vie politique bordelaise, l’accord conclu entre le PS, le PC et EELV met fin à la cogestion. Un tandem se forme avec Pierre Hurmic, premier vice-président à la métropole.

L’accord de mandature conclu ne masque toutefois pas certaines profondes divergences. Pas toujours en phase avec ses alliés écologistes, Alain Anziani annonce par exemple en 2021 engager sa collectivité en faveur de la Ligne Grande Vitesse (LGV) vers Dax et Toulouse.

Alors que l’accord prévoyait que le soutien financier de Bordeaux Métropole au grand projet ferroviaire du Sud Ouest devait se limiter aux aménagements ferroviaires du sud de Bordeaux, Alain Anziani propose en 2021 de financer à hauteur de 354 millions d’euros, l’établissement public local en charge du financement des deux LGV.

L’aéronautique, sujet stratégique

Autre sujet de friction avec les écologistes : l’implantation voulue par l’Etat d’un centre de rétention administrative des étrangers à Mérignac, approuvée par un Alain Anziani légitimiste, et surtout les dossiers aéronautiques, dont il est un fervent défenseur.

Il est, c’est vrai, maire de la commune où sont implantées le plus grand aéroport de la région, plusieurs multinationales du secteur, dont Dassault et Thalès, qui ont massivement investi et créé plusieurs milliers emplois sur son territoire pendant ses mandats, et où a été lancé Tarmaq, projet de « cité des sciences aéronautiques ».

C’est en leur nom que le maire et président de la métropole défendait la liaison aérienne Bordeaux-Orly, dont il estimait sa suppression en 2021 « absurde ». S’estimant « mal traité » par le gouvernement d’Edouard Philippe, auprès qui plusieurs élus s’étaient plaints, il sera contraint d’assister à la fin de la navette en application de la loi Climat et Résilience.

Au nom du progrès et de la liberté de se déplacer, Alain Anziani a longtemps été un promoteur de l’automobile, à l’image de sa position sur l’élargissement de la rocade ou sur le grand contournement autoroutier de Bordeaux, projet inabouti dont il a toujours été partisan.

Avec le temps, la question écologique a toutefois pris de plus en plus de place dans sa réflexion : le président de la métropole aura ainsi été un artisan de la mise en place de la ZFE, du plan « Un million d’arbres », ou du déploiement d’aides à la rénovation énergétique des logements.

Spiritualité

Se définissant comme athée, Alain Anziani avait pourtant fait du bouddhisme son « jardin secret », comme il le confiait dans une interview à Sud Ouest. Il a voyagé au Tibet, au Népal et en Inde, rencontré le Dalaï-lama par deux fois. Héritage de ses études en philosophie, il disait montrer un intérêt dans le questionnement du rapport au monde :

« Si chacun était convaincu qu’il n’est qu’éphémère et finalement pas grand-chose, il y aurait plus de bienveillance, moins d’agressivité. »

En 2022, Alain Anziani a d’ailleurs publié aux éditions de L’Harmattan Les Dernières nouvelles du Bouddha. C’est l’année où sa santé commence à se dégrader et apparaissent les inquiétudes pour la suite de ses mandats.

La ville de Mérignac a annoncé qu’un hommage lui sera rendu ce lundi 21 juillet, à 12h, sur le parvis de l’Hôtel de Ville.


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