En ces temps de loi travail, il est bon de savoir que Rue89 Bordeaux propose un certain modèle en terme d’inversion de hiérarchie des normes… voire plutôt des normes de la hiérarchie. En effet, sur ce site, c’est le journaliste payé à la pige qui gagne plus que le rédacteur en chef qui lui même gagne plus que le directeur.
J’irais même plus loin : avec 600 euros touchés en avril, mai puis juin, je suis le journaliste salarié le mieux payé de ce site aux 100 000 lecteurs uniques par mois.
Arrivé au tout début de l’aventure, je suis devenu avec le temps le monsieur pesticides ou loi travail, vert et rouge. Venu du monde de la radio, mon travail m’amenait souvent à chercher celui que l’on n’entend pas, dont le grain de la voix résonne si rarement. Continuant à l’écrit, je retranscris le silence du cimetière des fous, tire le portrait d’un jeune parkinsonien, conte l’alarmant constat des agriculteurs, dessine l’avenir mille fois promis au fret fluvial, glane les réactions du monde viticole face aux pesticides, donne un visage aux demandeurs d’asile, provoque le débat entre écolo et ouvriers del’automobile.
Bien entendu, ces quatre mois de mobilisations contre la Loi Travail m’ont permis de rencontrer, à de nombreuses reprises, des manifestants et policiers qui pouvaient commenter mon travail. Ce rapport au lecteur est particulièrement enrichissant. Les uns me disent « objectif », les autres me qualifient de « parti pris ». Je préfère penser que j’étais fidèle aux faits.
Face à la fidélité du traitement des actualités bordelaises et girondines, nous avons besoin de la fidélité de nos lecteurs. Hauts les cœurs !
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