La gare Saint-Jean rénovée…
La gare de Bordeaux sera « sans doute l’une des plus belles d’Europe ». Philippe Bru, directeur de SNCF-Mobilités, a le sens de la flatterie. Ce qui est sûr c’est que les investissements n’ont pas manqué avec près de 200 millions d’euros investis à Bordeaux. Il fallu faire sauter le bouchon ferroviaire, créer une nouvel atelier de maintenance, renouveler des voies…
Dans la gare, les travaux du rez-de-chaussé du Hall 1 sont terminés. Son sous-sol est désormais attaqué. Les échafaudages sous la verrière devraient disparaître peu à peu entre fin février et fin juin. Précédemment exposés au plomb, les ouvriers vont s’échiner sur la rénovation sept nuits sur sept pour que tout soit nickel le 2 juillet.
Une fois cela terminé, des portes d’embarquements pourraient être installés sur les voies consacrés aux TGV. Testées en gare de Montparnasse à Paris, elles ont pour objectif de faire baisser la fraude (et si besoin se muer en portiques de sécurité).
Côté Belcier, une extension est sortie de terre. Deux tiers des 2500 m² sont dévolus aux commerces. Parkings et vélo-stations entourent le nouveau parvis en « mode doux ». Et comme d’hab’, tout ça devrait produire « une expérience client nouvelle », raconte Stéphane Lambert, patron des 371 gares de Nouvelle-Aquitaine qui ajoute que « Bordeaux sera la vitrine du savoir-faire SNCF ».
Et d’autres gares cherchent preneurs
Pour que les travailleurs évitent de prendre le train et bossent près de chez eux, la SNCF a eu une idée : et s’ils bossaient dans la gare ? Pas comme cheminots, mais dans un tiers-lieu, un espace de co-working. C’est l’idée d’Open gare, un appel à projets pour aménager et animer les espaces vacants dans 34 gares de Nouvelle-Aquitaine.
Vendredi, une quinzaine de projets seront retenus sur les 20 proposés (car certaines gares attirent plus de projets que de place). Stéphane Lambert est enchanté de voir « ce succès qui a dépassé les espérances ». Des centres de formations ou des espaces d’aide au retour à l’emploi pourraient peut-être prendre place près des voies. Beautiran, Coutras et Libourne font partie des gares qui cherchent des occupants.
La LGV à l’heure…
« 2016 a été l’année de la construction, 2017 sera cella de la concrétisation » se plaît à dire Christophe Bru. Le directeur de SNCF-Mobilités attend le départ de la LGV pour le 2 juillet 2017. Ce sont 33,5 allers-retours prévus quotidiennement entre Bordeaux et l’Île de France (2h04 de trajets) dont 18,5 seront sans arrêt entre Saint-Jean et Montparnasse. Le train Océane, présenté en décembre dernier, est dans les starting-blocks.
En conséquence, il a fallu revoir à 85% les horaires des trains notamment pour assurer de meilleures correspondances. Pour les billets, les tarifs devraient être connus en février pour une mise en vente à la mi-mars. Alain Autruffe précise d’ores et déjà que les 30% de gain de temps n’équivaudront pas à une hausse de 30% du prix. Et les petits prix seront de la partie avec deux trains Ouigo par jour et des billets Prem’s et de dernières minute. Tous les jours, 35000 places devront il est vrai trouver preneurs…
Niveau environnemental, Mediapart avait parlé en décembre de « massacre » provoqué par les travaux dirigés par Lisea (filiale de Vinci) sur le tronçon Tours-Bordeaux. Christophe Huau, directeur du projet LGV SEA, « conteste la vision de Mediapart » et s’en tient à rappeler les « quelques procès verbaux émis par l’Onema [police de l’eau, NDLR] à propos de problèmes rejets dans certaines rivières qui n’étaient pas des éléments polluants ».
Quand les TER accumulent les retards
Pas question de s’en cacher, le taux de régularité de 2016 n’est pas à la hauteur des attentes de la SNCF. Avec 87,2 % de trains à l’heure (ou avec moins de 5 minutes de retard) en Aquitaine, les trains express régionaux (TER) ont été encore un peu moins ponctuel qu’en 2015. Même chose en Poitou-Charentes et en Limousin. Le constat n’est pas glorieux d’autant que la région visait 91% de ponctualité.
Pourquoi de si mauvais chiffres ? Philippe Bru accuse un premier semestre difficile où des gros travaux ont impacté la circulation et où une vingtaine de trains ont dû être supprimés quotidiennement faute de conducteurs formés. Le second semestre, et surtout la fin d’année, ont montré un regain de ponctualité. Pourvu que ça dure.
Limoges et Nantes bientôt rapprochées de Bordeaux
A Saintes, l’atelier de maintenance s’est spécialisé dans le Régiolis, le dernier né des trains locaux qui constituera un tiers du parc néo-aquitain en 2018. Malgré cela, 30 suppressions d’embauches sont annoncées pour cette année dans ce technicentre (et 90 pour celui de Périgueux).
Mais l’année apporte aussi son lot de bonnes nouvelles. Surtout pour deux lignes dont l’Etat a cédé les commandes à la région : Bordeaux-Limoges et Bordeaux-Nantes. Entre Limoges et Périgueux, deux chantiers promettent une amélioration du temps de trajet jusqu’à Bordeaux. Limoges et Bordeaux seront à 2h20 soit quarante minutes de gagnées, mais quelques dessertes de perdues.
Vers La Rochelle, l’Etat a mis la main à la poche pour obtenir en 2019 des trains Régiolis. Ces nouvelles machines s’ajouteront à des travaux entre La Rochelle et La Roche-sur-Yon, à hauteur de 130 millions d’euros, qui fin 2020 feront gagner 45 minutes de trajets entre Bordeaux et Nantes.
La fréquentation sur cette ligne a considérablement chuté (« une baisse à deux chiffres », évoque Philippe Bru sur la partie La Rochelle-Nantes). Le covoiturage a pris le relais mais aussi les cars. La SNCF n’a d’ailleurs pas perdu le nord puisqu’elle propose elle-même des voyages en cars plus rapide qu’en train, via sa filiale Ouigo.
La ceinture ferroviaire : plus de vitesse, mais toujours sous-utilisée
Rue89 Bordeaux avait révélé en octobre dernier comment le projet de ceinture ferroviaire avait du plomb dans l’aile. Une étude de la Nouvelle-Aquitaine se montrait formelle : avec moins de 20 millions d’euros d’investissements, le nombre de voyageurs pourrait croître de 50% sur ce tronçon sous-utilisé. Deux nouvelles haltes devraient pour cela être aménagées : Le Bouscat et la Médoquine de Talence.
Les trains parcourant ce contournement ouest de Bordeaux en direction du Verdon devaient se brider depuis 2012 à cause des travaux du tram-train, devenu une simple extension de la ligne C du tramway. Les travaux finis, ils peuvent reprendre leur allure normale. Le nombre de voyageurs devraient aussi être amplifié grâce au récent triangle des échoppes. Mais l’étude de la Nouvelle-Aquitaine semble bloquée sur une voie de garage.
Ouvrir la halte du Bouscat ? Alain Autruffe, directeur de SNCF-Réseaux, se montre conciliant : « Il n’y a aucun problème de principe. Si nos partenaires le décident… » La balle serait donc dans le camp de la Région et de la Métropole. Ouvrir une halte à Talence ? Il ne semble pas très chaud. Cela demande d’agrandir le nombre de sillons sinon gare aux « répercussions sur la Bordeaux-Dax ». Cette décision est conditionnée au projet des LGV Bordeaux-Dax et Bordeaux-Toulouse. Il ne reste plus qu’à trouver 9 milliards d’euros du GPSO pour ré-ouvrir la petite gare de Talence.
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