Le rassemblement de dizaines de militants, appelés en urgence pour empêcher l’expulsion, n’aura pas suffi. Ce jeudi matin, à partir de 8h30, plusieurs camions de CRS sont venus déloger les sans-abris qui occupaient l’ancienne maison de retraite l’Alouette à Pessac. L’évacuation s’est faite sur ordre du préfet de Gironde, Pierre Dartout, et suite à la demande de la direction du CHU de Bordeaux. Un avis d’expulsion avait été émis lundi matin.
A l’intérieur, selon la préfecture, vingt-trois personnes, dont deux familles avec enfants représentant 9 personnes. Elles occupaient illégalement l’ancien EHPAD de l’hôpital Xavien Arnozan à Pessac. Les autorités ont jugé la nécessité de l’évacuation pour des « raisons d’hygiène et de salubrité, de tranquillité et de sécurité », indique le communiqué de la préfecture :
« Cette ancienne maison de retraite désaffectée est en effet située (…) à proximité de l’EHPAD « les jardins de l’alouette » qui accueille des personnes âgées atteintes de la maladie d’Alzheimer ou de maladie apparentées qui ne doivent pas être dérangées dans leur quotidien. Par ailleurs, l’urgence et la nécessité de cette évacuation sont également fondées sur les dangers encourus par les occupants illégaux eux-mêmes. En effet, l’utilisation du réseau électrique et des circuits d’eau dans ce bâtiment où les dispositifs de sécurité ont été supprimés ferait courir un péril pour ces personnes, d’autant plus que de nombreuses dégradations ont d’ores et déjà eu lieu. »
La préfecture s’engage à ne pas remettre à la rue les squatteurs et affirme que « toutes les familles seront ainsi relogées dès ce soir dans un hébergement correspondant à leur situation. » Une promesse qui avait déjà été faite au début du mois de février après l’évacuation du Gymnase n°2 à Grand Parc à la fin du dispositif Grand Froid mais qui n’avait été effective que temporairement.
Impuissance publique
Le collectif citoyen soutenant les familles s’insurge et dénonce un « déni de démocratie », ainsi que le « scandale » d’un jugement prononcé dans la précipitation surtout à la demande d’un hôpital public.
Le collectif demandait à la direction du CHU et aux élus locaux la remise en marche de l’électricité et la réquisition du lieu au moins jusqu’au printemps afin d’attendre la fin de la scolarité des enfants et le retour des beaux jours. Le président du département de la Gironde, Jean-Luc Gleyze, a appuyé cette demande en écrivant à Alain Juppé, président du conseil de surveillance du CHU et président de la métropole, sans obtenir de retour favorable.
Laure Curvale, conseillère départementale EELV, présente lors de l’expulsion, se désole que ce bâtiment, vide et sans projet de reconversion immédiat, ne puisse « temporairement devenir un lieu de vie. »
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