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Retour vers le futur pour les LGV et le grand contournement de Bordeaux

Les écolos applaudissent le rapport du conseil d’orientation des infrastructures, qui renvoie aux calendes grecques les projets de grand contournement autoroutier de Bordeaux  et les LGV Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax. Alain Juppé regrette au contraire ce « report ».

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Retour vers le futur pour les LGV et le grand contournement de Bordeaux

« Tout n’est pas possible, il faut choisir, définir des priorités parmi les projets nombreux espérés par les territoires », souligne Philippe Duron, chargé du rapport du Conseil d’orientation des infrastructures. Son rapport remis ce jeudi doit éclairer le gouvernement en vue d’un projet de loi sur l’entretien et le développement des infrastructures de transport pour les vingt années, attendu pour les prochains mois.

Dans ce document de 215 pages, GPSO (grand projet ferroviaire du Sud-Ouest) reçoit un soutien mitigé :

« Le conseil dans son ensemble ne conteste pas l’intérêt d’une liaison à grande vitesse entre la ville capitale et la quatrième métropole nationale (Toulouse, NDLR) et en soutient la réalisation la plus rapide possible. Il exprime en revanche en la matière une position beaucoup plus nuancée pour la ligne nouvelle Bordeaux-Dax. »

Mais il préconise un calendrier des travaux tel qu’Alain Juppé déplore ce vendredi un « report » du projet :

« Le phasage et les délais annoncés pour la réalisation de Bordeaux-Toulouse et de Bordeaux-Dax ne sont pas satisfaisants et les propositions de recettes affectées au projet, formulées par les collectivités, ne sont pas prises en compte. »

Le rapport recommande notamment que la section Bordeaux-Agen soit lancée au plus tôt en 2023, au plus tard en 2038. La portion Bordeaux-Dax est quant à elle vouée à n’être examinée qu’après 2038.

Bouchon et saucisson

Le président de la métropole bordelaise se réjouit cependant que le COI reconnaisse « l’urgence de la réalisation des aménagements ferroviaires au Sud Bordeaux ». Si les obstacles juridiques contre la déclaration d’utilité publique sont levés, faire sauter les bouchons ferroviaires à la sortie sud de Bordeaux, ainsi qu’au nord de Toulouse et sud de Toulouse, pourrait en effet être un objectif lancé dès cette année selon les scénarios les plus optimistes du rapport (le 3, qui table ainsi sur 80 milliards d’euros investis en 20 ans, soit un doublement du budget de l’Afitf, l’agence de financement des infrastructures de transport de France).

Le scénario 1, qui mise sur une augmentation de 25% de ce budget, soit 48 milliards en 20 ans, repousserait lui les chantiers dans les deux agglomérations à partir de 2028. C’est un vrai gage donné là aux défenseurs des trains du quotidien, ce dont se réjouissent tant les élus EELV au conseil régional de Nouvelle-Aquitaine, qu’Alain Juppé.

Ainsi, le rapport évoque à plusieurs reprises, « la mise en service de RER urbains ou tram-trains qui permettront une amélioration significative de la fréquence de desserte et du service rendu aux usagers ».

En revanche, « exit le grand projet cher à Rousset et Juppé, applaudit Denise Cassou, de la Coordination Vigilance LGV. GPSO vole en éclat, il est saucissonné ! »

Améliorer l’existant

La militante girondine salue notamment la priorité donnée à la régénération des lignes existantes (sécurisation des passages à niveau, lutte contre le bruit…), pour lesquelles un audit de SNCF Réseau soulignait les besoins criants de financements en Nouvelle-Aquitaine :

« Je note avec satisfaction que le rapport insiste sur l’amélioration du POLT (Paris Orléans Limoges Toulouse) et de Bordeaux Nantes, des liaisons essentielles et en état de délabrement. Et à propos de la sortie ferroviaire de Bordeaux, il existe des solutions simples, faciles à mettre immédiatement en place et peu coûteuses qui permettrait d’augmenter de 20 à 30% les capacités de la ligne existantes. Parmi elles, le système de signalisation ERTMS (European Rail Traffic Management System), est cité à plusieurs reprises dans le rapport du COI. »

Ce dispositif technique permet de remplacer la signalisation fixe au sol par un système plus souple d’information et de régulation en cabine, afin par exemple de gérer les inter-distances entre les trains de manière dynamique. Bref, il offre d’ores et déjà des solutions pour optimiser les lignes existantes. Et offrir un répit que les anti-LGV comptent mettre à profit, explique Denise Cassou :

« Le report d’une dizaine d’années pour des lignes nouvelles va nous donner le temps de montrer l’empreinte environnementale de ces projets, comme la destruction de la biodiversité sur le Ciron. Pour la protéger, une procédure de classement Unesco est envisagée. Ce gouvernement a renoncé à Notre-Dame-des-Landes, mais GPSO, c’est une surface naturelle 4 ou 5 fois plus importante qui serait détruite. »


#transports

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