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A Bordeaux, une exposition alerte sur « L’autre réalité de la corrida »

Jusqu’au lundi 16 juillet, la Fédération des luttes pour l’abolition des corridas organise une exposition pour dénoncer la tauromachie et « montrer ce qu’on ne voit pas » à l’heure où le bien-être animal fait débat.

Carte interactive

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A Bordeaux, une exposition alerte sur « L’autre réalité de la corrida »

Les anti-corrida y tenaient, en colère après l’exposition « La tauromachie, un patrimoine culturel français » qui a eu lieu en janvier au même endroit. Six mois plus tard, ils sont à la Halle des Chartrons à Bordeaux pour « rétablir la vérité ».

En réponse à la première exposition, organisée par l’ONCT (Observatoire national des cultures taurines) et l’UVTF (Union des villes taurines françaises) – dont les références à la préhistoire ont été contredites par les spécialistes –, la Fédération des luttes pour l’abolition de la corrida (FLAC), qui regroupe seize ONG luttant contre la tauromachie, a voulu « proposer une exposition avec une autre vision de la corrida, celle qu’on ne voit pas », dixit son président Thierry Hely.

« Ni art, ni culture, la corrida c’est de la torture » affiche un panneau avec une épée brisée de torero. A côté, 180 visuels sont exposés et classés par thématique. On y retrouve des portraits de personnalités engagées contre la tauromachie, avec des écrivains, des sportifs, des chanteurs ou encore des politiques.

Corrida et enfance

Les enfants ont également leur propre panneau, avec des articles et des images montrant la conséquence de la corrida sur leur comportement. Hubert Montagner, ancien directeur de recherche à l’INSERM, a longtemps étudié les relations entre l’enfant et l’animal. Présent lors de l’inauguration, il explique la modification avérée du comportement de l’enfant à la vue de la souffrance animale.

« Cela a été prouvé lors du retour d’un membre de la famille de la chasse, où l’enfant voit le résultat. Cela se traduit dans les dessins », a-t-il expliqué.

En France, il existe six écoles de tauromachie pour enfants. Selon les organisateurs, ces formations de jeunes traduisent un vieillissement d’une discipline qui n’arrive pas à renouveler son public, alors que la corrida perd du terrain notamment en Espagne, berceau de la tauromachie.

Par ailleurs, ils dénoncent l’accès souvent gratuit aux arènes pour les moins de 12 ans, offre qualifiée « de racolage » par Roger Lahana, président de No Corrida et secrétaire fédéral de la FLAC qui souhaite une interdiction aux moins de 16 ans. En 2014, l’ONU avait fermement condamné la présence de mineurs dans les corridas.

« Il faut que les politiques prennent leurs responsabilités et organisent le débat », a conclut Hubert Montagner.

L’épée fait partie de l’équipement du torero lors d’une corrida (SR/Rue89 Bordeaux)

Culture importée

En France, 150 corridas sont organisées chaque année, alors que pour Roger Lahana, la tauromachie, « c’est une culture importée ». Selon lui, elle ne survit que grâce à une volonté politique avec un puissant groupe d’études sur la tauromachie.

De nos jours, la corrida est légale dans seulement huit pays : France, Espagne, Portugal, Pérou, Mexique, Equateur, Venezuela, et Colombie. La première corrida dans l’hexagone a été organisée à Bayonne en 1853 par l’empereur Napoléon III, désireux de faire plaisir à sa femme espagnole Eugénie de Montijo, alors qu’une loi de 1851 l’interdisait. Cette ambiguïté crée par la suite des situations cocasses, comme le montre la Une du Petit Journal de l’année 1895, où l’on peut y voir la police descendre dans une arène du Midi pour arrêter le torero Luis Mazzantini.

1951 marque le début de la légalisation progressive de la tauromachie en France, d’abord dans une vingtaine de communes du Sud, puis dans douze départements au début des années 2000 par une décision de justice. Faisant pourtant partie de ces douze départements, le Var et la Haute-Garonne n’ont respectivement plus organisé de corrida depuis 2010 et 2016 (voir notre carte interactive ci-dessus).


#anti-corrida

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