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Dans l’Entre-deux-Mers, « le vigneron semble plus concerné par les préoccupations écologiques »

De plus en plus de jeunes cavistes s’installent pour défendre le vin bio et le vin nature. Dans l’Entre-deux-Mers, Olivia Angulo a choisi de le faire en privilégiant les crus du terroir. À la tête de Mes Domaines, elle a participé à la sélection des vignerons pour Les Belles Goulées.

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Dans l’Entre-deux-Mers, « le vigneron semble plus concerné par les préoccupations écologiques »

Rue89 Bordeaux : Pouvez-vous présenter Mes Domaines ?

Olivia Angulo : J’ai créé Mes Domaines il y a moins d’un an avec l’idée de proposer une sélection de vins issus de propriétés de taille modeste, produits de manière responsable et artisanale. En écoutant les vignerons, le même son de cloche revenait : ces derniers exprimaient souvent le manque de temps ou des difficultés à commercialiser leur vin. J’ai donc décidé de leur proposer mes services en tant qu’agent ou revendeur. Je vais à leur rencontre, ils m’expliquent leur manière de travailler, j’assiste et participe parfois aux travaux viticoles. On déguste. On échange… C’est une histoire de rencontres, de valeurs communes et de sincérité qui, je pense, se retrouve dans les vins que je sélectionne.

Vous défendez le vin bio, est-il représentatif dans l’Entre-deux-Mers ?

L’Entre-deux-Mers est un immense territoire viticole, et la proportion des vignerons bio, même si elle est loin d’être majoritaire, est plus présente que sur les autres territoires viticoles du bordelais. On trouve des vins bio parmi la douzaine d’appellations représentées, des vignobles familiaux anciens conduits en agriculture biologique depuis les années 60. Le vigneron semble plus humble de ce côté de la rive, plus concerné par les préoccupations écologiques, et si on le cherche, on le trouve dans sa vigne ou au chai. Sur les dernières années, on voit de plus en plus de vignobles en conversion.

Même si l’équilibre économique reste fragile pour certains d’entre eux, il y a une réelle démarche qui va en ce sens, avec la volonté de valoriser leur travail et leur engagement à travers la production de vins bons et sains. L’Entre-deux-Mers, c’est aussi le territoire des coopératives agricoles, la plus importante étant la cave de Rauzan, qui cultive 200 hectares en bio sur une totalité de 3600 hectares. C’est peu, même si les vignerons présents dans la structure sont encouragés en ce sens.

Quelle typicité et quelles caractéristiques apporte le terroir du l’Entre-deux-Mers au vin bio ?

On parle plutôt d’un assemblage de terroirs en Entre-deux-Mers, dont les caractéristiques varient souvent d’une parcelle à l’autre, c’est ce qui en fait sa spécificité. Nous avons une production de vins rouges qui est majoritaire, des vins blancs secs et liquoreux, des rosés, des Crémants… On retrouve dans chaque appellation une identité, dont la palette aromatique s’exprimera particulièrement si la vigne a été cultivée sans chimie de synthèse, et vinifiée en limitant l’ajout d’intrants qui modifient complètement le goût d’un vin. Même si les appellations présentes en Entre-deux-Mers sont moins prestigieuses que ses voisines, on trouve ici d’excellents vins qui n’ont rien à leur envier, à des prix accessibles.

Comment évolue la mentalité des vignerons par rapport au vin bio ?

Quand de grands noms qui rayonnent à l’international se mettent au bio, comme Pontet-Canet qui est déjà en biodynamie depuis quelques années, les Château Angélus [Saint-Émilion, NDLR], Latour [Pauillac] ou Margaux [Margaux] qui sont en conversion, quand les grands dégustateurs reconnaissent que les raisins bio donnent un meilleur vin… on se dit que l’on est sur la bonne voie, mais qu’il est regrettable que ces influences importantes n’aient pas exprimé ces considérations plus tôt.

« On a les moyens d’arrêter les pesticides tout de suite »

Si le discours se veut rassurant, l’usage des pesticides est toujours bien d’actualité, et pas qu’en Nouvelle-Aquitaine. Si leurs conséquences mortifères n’avaient pas été rendues publiques, et ne l’étaient pas encore régulièrement, on ne parlerait pas de leur interdiction. On parle aujourd’hui d’une sortie progressive des pesticides alors que l’on a les moyens d’arrêter ça tout de suite.

Certains vignerons évoquent les conditions climatiques difficiles qui ne sont pas favorables à ce changement… Le gel, la grêle, le mildiou… D’autres que je rencontre essaient de s’adapter à ces contraintes, cherchent des solutions, avec l’introduction de nouveaux cépages plus résistants par exemple. Envisager une agriculture plus coûteuse en bio, qui demande plus d’interventions humaines, repenser tout un mode d’agriculture peut certes s’avérer compliqué. Il y a plusieurs associations de développement en agriculture bio, ou des intervenants privés qui peuvent être d’une aide précieuse.

Olivia Angulo des Mes Domaines, caviste bio et nature dans l’Entre-deux-Mers (DR)

Quel accueil pour le vin bio sur la place et le marché ?

Le marché des vins bio se porte bien, et continue à se développer en France et à l’export. Le négoce vend des quantités importantes de vins bio aux grands groupes, aux quatre coin du globe. Les vins plus rares issus de domaines de taille modeste sont également recherchés par les consommateurs français et étrangers et se retrouvent chez les cavistes, restaurants ou magasins spécialisés.

Comment définir les goûts des consommateurs ?

Les amateurs de vin recherchent l’authenticité, les saveurs d’un terroir, l’empreinte d’un vigneron. En dégustation, les consommateurs sont souvent agréablement surpris avec tel ou tel arôme qui s’exprime. Les vins de terroir, produits en bio, biodynamie ou nature sont surprenants pour ça, il n’y a pas d’uniformisation des goûts comme dans le vin industriel.

Leur nombre est-il en évolution ?

On voit que le nombre de consommateurs de produits bio est en évolution, c’est aussi le cas pour le vin. On voit bien la tendance d’un mode de consommation plus responsable, que chacun mène à sa façon, le plus difficile étant d’y voir clair dans tout ce marketing. Cette évolution montre bien que beaucoup savent et continuent à prendre conscience des conséquences des pesticides sur la santé des hommes et de la nature.

Quelles fourchettes de prix pour les vins bio dans l’Entre-deux-Mers ?

Entre 7 et 11 € pour un blanc sec ou un rosé, autour de 12 € pour un liquoreux, entre 12 et 15€ pour un Crémant de Bordeaux, et entre 7 et 20€ pour les vins rouges… On trouve d’excellents vins à des prix raisonnables, et il y en a pour tous les budgets.

Quelques conseils pour l’achat des vins bio de l’Entre-deux-Mers ?

Toute la Gamme du Château Haut-Roc à Arbis de Gérald Massieu, ou le Domaine de Chastelet à Quinsac de Valérie Coquereau. Si vous ne pouvez pas y aller ou que vous êtes trop loin, que vous avez quelques amis qui aiment le bon vin, friands de conseils culinaires pour les accompagner… Faites-le savoir ! J’organise des dégustations avec une sélection de vins proposés au prix propriété !

Comment et où peut-on trouver Mes Domaines ?

Pour le moment, l’entreprise étant toute jeune, je me concentre principalement sur la sélection. Je fais quelques marchés, notamment en fin d’année. Je suis présente sur des manifestations culturelles de la région. Mon site internet est en construction et on pourra bientôt commander ces vins en ligne. En attendant on peut m’appeler et me trouver sur le facebook !


#Les Belles Goulées

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