Alain Juppé défend l’augmentation des taxes sur les carburants pour « désinciter les automobilistes à utiliser les voitures individuelles, un des principaux émetteurs de gaz à effet de serre et de particules fines ».
Mais selon le maire de Bordeaux, cela doit se faire en étant « attentifs à la situation des plus fragiles » :
« Un certain nombre de nos concitoyens ne peuvent pas faire autrement qu’utiliser leur voiture, et tout le monde n’a pas les moyens de changer de véhicules. Il faut donc aider cette partie de la population pour laquelle le gouvernement a annoncé des aides. »
Si l’ancien premier ministre s’est montré intéressé par la proposition de la CFDT d’une conférence sur la transition écologique, il appelle le gouvernement à ne pas réduire la voilure de la fiscalité écologique :
« Ce serait une grave erreur de faire machine arrière ou de changer de cap. Nous allons dans le mur et Bordeaux n’est pas épargné. Les dernières mesures de qualité de l’air montrent que nous sommes à la limite, voire au dessus des normes autorisées. »
Points noirs
La pollution atmosphérique est en effet un des points noir du dernier rapport développement durable de Bordeaux, débattu ce lundi en conseil municipal. « Le nombre de jours d’indices “mauvais” à “très mauvais” (8 en 2017, NDLR) est le plus élevé depuis 2013 », observe ce document, qui recense 12 jours d’épisodes de pollution aux particules (PM10), dont 5 de dépassement du seuil d’alerte.
Selon nos informations, un projet de ZFE (zone à faible émission), qui pourrait limiter l’accès à certaines parties de la métropole aux véhicules les plus polluants, devrait être présenté début 2019.
Mais lors du débat en conseil ce lundi, l’opposition a jugé que la politique de la municipalité et de la métropole n’était pour l’heure « pas à la hauteur des enjeux » écologiques, selon l’écologiste Delphine Jamet. Certes, la Ville fait des efforts, qui se traduisent par une baisse de 5,81% de la consommation d’énergie par habitant (hors transport) depuis 2012, ou le développement des modes doux de transport.
Les outils sont-ils adaptés ? Matthieu Rouveyre (PS) relève par exemple qu’en attribuant 26500 euros de subventions à 32 ménages pour la rénovation thermique de leur logement, le dispositif MaRenov « représentait 3 centimes par habitant, contre 1,80 euros à Brest » pour un dispositif équivalent, soit « 60 fois mieux ».
Péages et poubelles
Nicolas Guenro critique un « grand flou » régnant en matière de mobilité ; l’extension des lignes de tram répond selon lui plus aux ambitions des maires de la métropole pour desservir leurs communes qu’aux problèmes de saturation du tram en centre-ville et au manque de circularité des lignes.
Il regrette que « les incitations au covoiturage restent très timides » et que contrairement à d’autres agglomérations, Bordeaux écarte la perspective d’un péage positif (récompensant les automobilistes qui changent de moyen de transport ou décalent leurs déplacement).
Les élus ont également, et dans leur ensemble, déploré les résultats médiocres en termes de déchets. La quantité d’ordures ménagères continue d’augmenter, passant de 249 kilos par an et par habitant en 2016 à à 256 l’an dernier. La collecte de déchets recyclables progresse également mais moins vite, de 50 kilos à 51,86 en 2017.
Engagée dans une démarche « Territoire zéro déchet zéro gaspillage », la métropole est donc loin d’atteindre son objectif de réduction de 3% des déchets ménagers dans les 3 ans à venir. Elle a pourtant lancé plusieurs actions, dont l’expérimentation de la tarification incitative dans plusieurs quartiers. Mais celle-ci est testée en blanc pendant trois ans, faisant dire à Nicolas Guenro que Bordeaux devrait s’engager dans une politique plus volontariste, avec incitations, mais aussi sanctions à la clé.
« Nous devons en faire plus en terme de collecte des déchets », estime Alain Juppé qui pense que cela va nécessiter « beaucoup de pédagogie » – justement l’une des ambitions du festival Zéro Déchet qui se tient vendredi et samedi au Hangar 14.
Le maire de Bordeaux considère que « ces sujets devraient être consensuels », et souhaite ouvrir les groupes de travail de la ville « à toutes les propositions pour enrichir la politique que nous menons ». « Il faut avancer et avancer plus vite », martèle-t-il.
Et mettre aussi en avant l’adaptation au changement climatique, s’il devient impossible de le contenir. C’est l’enjeu de « score ICU’ » (ilot de chaleur urbain), qui permet de visualiser l’impact des projets d’aménagement urbain sur le confort climatique.
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