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Caussade : la chambre d’agriculture du Lot-et-Garonne appelle à défendre son « lac sacré »

Contrainte par arrêté préfectoral de détruire la retenue d’eau de Caussade et de remettre le site en état à ses frais, la chambre d’agriculture de Lot-et-Garonne annonce une réaction « terrifiante ».  L’établissement public dirigé par la Coordination Rurale refuse de détruire la digue construite illégalement et annonce le licenciement économique de 15 de ses 70 salariés si l’Etat prélève sur son budget la somme d’un million d’euros.

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Caussade : la chambre d’agriculture du Lot-et-Garonne appelle à défendre son « lac sacré »

« Humiliant, méprisant, intempestif… » Le Président de la Chambre d’agriculture de Lot-et-Garonne Serge Bousquet-Cassagne a dénoncé un « acharnement de l’Etat » au cours d’un point presse ce jeudi.

« Si on nous prend plus d’un million d’euros sur notre budget de 6, 5 millions d’euros, je ne sais comment nous allons pouvoir faire pour fonctionner. C’est pourquoi nous avons averti la déléguée du personnel que nous devrons licencier les 15 derniers embauchés de la Chambre. »

En effet, dans son arrêté en date du 3 mai dernier, la Préfète de Lot-et-Garonne prévoit d’ « obliger la chambre d’agriculture à consigner la somme correspondant au montant des travaux de suppression de l’ouvrage », évaluée à 1 082 000 €.

Page Facebook de la la Chambre d’agriculture du Lot-et-Garonne, capture d’ecran

Montrer ses muscles

L’arrêté exige également la démolition de l’ouvrage dans un délai de 3 mois et donne 18 mois à la Chambre pour effectuer les travaux de remise en état du site. Cela concerne notamment « la restauration d’un lit mineur pour la rivière Caussade », « la restauration de la fonctionnalité hydraulique et écologique des zones humides », « le reboisement des parcelles défrichées » ou encore « la restauration des habitats d’espèces protégées (…) ».

A défaut du respect des mesures fixées l’Etat, des astreintes pouvant aller de 500 à 1500 € par jour seront appliquées.

Serge Bousquet-Cassagne, Président de la Chambre d’agriculture de Lot-et-Garonne et Patrick Franken, vice-président, le 9 mai 2019. (CB/Rue89 Bordeaux)

Mais ces obligations n’impressionnent pas les promoteurs du lac, habitués aux actions musclées. Tous sont membres du syndicat agricole Coordination Rurale (CR), minoritaire au niveau national, majoritaire en Lot-et-Garonne (près de 60% des voix aux dernières élections à la chambre en janvier dernier).

Licenciements et « force d’action rapide »

Opposant les décisions de « Paris » au bon sens rural et local, ces agriculteurs comptent bien défendre leur lac coûte que coûte à l’image de Patrick Franken, ancien président de la CR 47, vice-président de la chambre d’agriculture :

« Le lac est quasiment fini, on est en train de finir le déversoir. En plus il pleut en ce moment donc il est en train de se remplir. Nous demander de détruire ce que l’on a construit de nos mains c’est impossible. On ne laissera personne venir sur le site et je ne vois pas quel entrepreneur mandaté pour tout détruire pourrait s’y risquer… »

« Nous réactivons les forces d’actions rapide et les veilleurs pour protéger le site, c’est un peu Sivens à l’envers à Caussade ! » renchérit Serge Bousquet Cassagne.

Vue sur la digue de Caussade, lors de la construction du « lac sacré » (SB/Rue89 Bordeaux)

Malgré le retrait des subventions du conseil départemental (450 000€) et de la Région (1, 450 M€), le président de la Chambre se prévaut du soutien de l’ensemble des élus du Lot-et-Garonne, de tous bords politiques, et aimerait qu’ils se mobilisent davantage:

« Je lance un appel au peuple et aux élus, un appel à la révolte. Tenez vous prêt et venez défendre le lieu sacré qu’est le lac ! »

Affrontement ou médiation ?

L’appel sera-t-il entendu ? Est-ce un appel désespéré ? Une sortie de crise est-elle possible dans cette configuration frontale agriculteurs contre écologie, Paris contre un territoire rural ?

« C’est une fuite en avant de la chambre d’agriculture » estime de son côté Christian Crouzet, président de la Confédération paysanne 47 ( un seul élu à la chambre).  « Nous demandons une médiation pour tenter de sortir par le haut de cette situation. On est sur du politique et de l’irrationnel. Il est possible de corriger ce projet à condition de respecter la politique départementale de la gestion de l’eau. »

La Confédération paysanne de Lot-et-Garonne n’est pas opposée à la retenue d’eau de Caussade mais propose de puiser de l’eau l’hiver dans le Lot et non pas dans le Tolzac.

« Comme la pluviométrie n’est pas suffisante,  la chambre a prévu de puiser dans ce cours d’eau déficitaire pendant l’hiver pour remplir les 900 000 mètres cube. Cela n’est pas possible ! De plus, ce projet tel qu’il est conçu crée une concurrence avec les autres agriculteurs irrigants du secteur et peut conduire à une guerre de l’eau entre agriculteurs ».

Guerre de l’eau et trône de fer

Précisément les raisons qui ont valu à la retenue de Caussade d’être dézinguée au tribunal administratif de Bordeaux. Prévoyant sans doute l’entêtement de la chambre d’agriculture et de la Coordination rurale, les associations environnementales ne comptent pas en rester là.

« Il ne peut y avoir aucune complaisance avec la délinquance écologique et la prise de risques pour la sécurité publique, a réagi lundi dans un communiqué Florence Denier-Pasquier, vice-présidente de France Nature Environnement. Ce racket de l’eau ne peut plus durer. C’est pourquoi nous déposerons dans les tous prochains jours une action en responsabilité contre la Chambre d’agriculture devant le tribunal administratif ».

A ce rythme, le feuilleton politico-judiciaire du lac de Caussade ferait presque passer « Games of thrones » pour un sympathique buddy movie.


#chambre d'agriculture du Lot-et-Garonne

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