Jugée « incompréhensible » par certains médias, la stratégie d’En Marche ! pour les municipales à Bordeaux va donc donner lieu à un affrontement fratricide entre deux camps revendiquant leur soutien à la politique du chef de l’État.
Si La République en Marche portera ce mercredi sur les fonds baptismaux un nouveau mouvement local, Renouveau Bordeaux, elle devrait jouer à plein de la proximité entre Emmanuel Macron et son ancien directeur de cabinet à Bercy, Thomas Cazenave.
Ce jeune quadragénaire est lui aussi une « grosse tête » – énarque, agrégé d’économie, inspecteur des finances -, qui revendique un ancrage local – il est né à Bordeaux en 1978, et a grandi à la Bastide. Après avoir été adoubé par les militants d’En Marche !, l’actuel délégué interministériel à la transformation publique, sillonne depuis plusieurs mois la capitale girondine pour combler son déficit de notoriété.
Inconnu du grand public
Encore totalement inconnu des Bordelais – ce haut fonctionnaire n’a occupé aucun mandat ni responsabilité locale -, Thomas Cazenave n’était crédité que de 8% dans le sondage réalisé pour l’Ifop par Esprit Bordeaux, le parti juppéiste de Nicolas Florian (Les Républicains). Mais LREM pense pouvoir réitérer les scores d’Emmanuel Macron au premier tour de la présidentielle (31,26 %) et de Nathalie Loiseau aux européennes (29,47%).
Comment ? Lors de ces scrutins, le parti du président a en effet siphonné l’électorat de droite bordelais. Or ce dernier est plutôt légitimiste aux municipales – même battu lors des élections nationales, Alain Juppé a toujours été réélu à la mairie dès le premier tour, et son successeur est donné à 45% au premier tour en 2020.
Ironie
Contre l’équipe sortante, qui compte pourtant un premier adjoint Modem – Fabien Robert – et deux adjoints marcheurs – Marik Fetouh et Brigitte Collet, et dont le maire se revendique « macron-compatible », Thomas Cazenave devrait jouer la carte de la critique du bilan pour incarner l’alternance.
« Derrière la belle image de Bordeaux, on voit les effets pervers d’une dynamique trop rapide, déclare aux Echos Aziz Skalli le référent de LREM en Gironde. Bordeaux se gentrifie et il faut lui redonner une dimension inclusive. »
Ironie du sort : En marche pourrait donc tenter de profiter localement des fractures locales révélées par la crise des Gilets jaunes, mais dont la politique de ce gouvernement a été un déclencheur ! Dans un communiqué commentant son investiture, le candidat se veut rassembleur :
«Ma conviction est qu’on ne réussit un projet qu’en associant largement pour le construire ensemble. Aller au-delà des clivages, mobiliser la société civile, permettre à des bordelaises et des bordelais de s’engager pour leur ville. Renouveau Bordeaux, c’est une démarche collective pour écrire un nouveau chapitre pour Bordeaux et sa métropole.»
Avec un discours très branché écologie, Thomas Cazenave lorgne par ailleurs sur les électeurs jeunes et urbains, susceptibles de bouder l’offre à gauche si celle-ci part en ordre trop dispersé à Bordeaux. Mais il devra s’employer à faire oublier les renoncements du gouvernement en matière d’environnement, ou encore la manière forte employée avec certains militants du climat.
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