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Avant le G7, ça se durcit pour les militants mobilisés ce week-end

Le Pays basque sera sous haute tension ce week-end à l’occasion du G7. Alors que les associations de droits de l’homme s’inquiètent de possibles arrestations arbitraires lors des manifestations d’opposants, Karfa Diallo, qui se rendait à Biarritz pour « rebaptister » le quartier de la Négresse, a été placé en garde à vue. Parallèlement, les « décrocheurs » girondins des portraits d’Emmanuel Macron, qui seront présentés lors d’une marche ce dimanche à Bayonne, viennent d’apprendre qu’ils seraient jugés le 18 octobre.

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Avant le G7, ça se durcit pour les militants mobilisés ce week-end

13200 policiers et gendarmes, soit l’équivalent de la moitié de la population de Biarritz sont mobilisés pour « protéger » la station balnéaire où se tient samedi et dimanche le G7. Le contre-sommet a lui démarré mercredi dernier à Hendaye et Irun. Des manifestations déclarée (samedi à Hendaye) ou non (dimanche autour de Biarritz) sont prévues.

Plusieurs arrestations « préventives » ont déjà eu lieu. Certaines visaient des militants suspectées de vouloir attaquer les forces de l’ordre – ils ont été relâchés depuis –  d’autres des activistes préparant des actions pacifiques, comme le bordelais Karfa Diallo.

Le fondateur de l’association Mémoires et Partages a été interpellé suite à un appel à manifestation jeudi en fin d’après midi devant la Gare de Biarritz. Depuis l’époque napoléonienne, le quartier de la gare se nomme en effet quartier de « La Négresse » afin d’ « honorer » une femme noire qui y tenait à l’époque un tripot. Le rassemblement était prévu pour demander la « rebaptisation » de celui-ci.

« Fait de rébellion »

Anne-Sophie Simpère, chargée de plaidoyer à Amnesty International, était présente lors de son interpellation.

« Il n’y avait aucun trouble grave à l’ordre public qui justifiait cette situation. Il était sur le parvis de la gare avec un micro en train d’évoquer le quartier, un énorme dispositif policier lui a alors demandé de partir. Il a refusé de s’exécuter et il l’ont emmené dans un premier temps vers la gare prétextant une contravention. Lorsqu’il est revenu, sans son micro, pour continuer son discours, un policier s’est énervé sur le fait d’avoir été appelé ”jeune homme” par Karfa Diallo et à partir de là des policiers ont commencé à le menacer de l’interpeller. Il ne se passait pas grand chose, si ce n’est qu’il continuait à dérouler son propos, mais ils l’ont menotté et emmené. »

Selon un communiqué de presse fourni par la défense, il aurait été interpellé pour des fait de « rébellion » et serait toujours en garde à vue actuellement. « Une interpellation et une garde à vue totalement injustifiées et disproportionnées » pour Maître William Bourdon, avocat pénaliste, spécialiste des droits de l’Homme, qui assurera sa défense en cas de poursuite.

Karfa Diallo (AJ/Rue89 Bordeaux)

Vers des « arrestations massives » ?

Dans un communiqué diffusé ce vendredi, Amnesty International s’alarme de la répression qui pourrait s’intensifier ce week-end :

« La construction hâtive de cellules en préfabriqué devant le tribunal de Bayonne et l’arrivée de nombreux procureurs et juges supplémentaires sont le signe de mesures qui pourraient conduire à des arrestations massives opérées sans discernement et à des jugements en comparution immédiate. »

Et l’ONG d’interpeller le gouvernement français :

« Les autorités ont certes le devoir de maintenir l’ordre public, mais elles sont aussi tenues de faciliter les rassemblements publics. Elles doivent éviter les pratiques brutales de maintien de l’ordre qui ont été observées au cours de récentes manifestations. Elles ne doivent pas appliquer de lois draconiennes pour poursuivre en justice des manifestants qui exercent leur droit de manifester pacifiquement. »

La grande inconnue du week-end portera sur la journée du dimanche, où plusieurs organisations appellent à des actions de désobéissance civile, comme des occupations de places.

Les décrocheurs à Bayonne

Malgré l’interdiction de manifester, Action non violente (ANV)-COP 21 appelle notamment à une marche des 128 portraits d’Emmanuel Macron décrochés dans toutes les mairies de France le matin à Bayonne.

« Nous voulons mettre l’accent sur le double discours d’un président qui se fait passer pour un champion de la Terre à l’international, alors que la France n’est pas à la hauteur de ses engagements pris dans l’accord de Paris », destinés à contenir le réchauffement planétaire à +1,5 °C, explique Pauline Boyer, porte-parole d’ANV-COP 21.

Devant la maire de La Teste (DR)

Ces 128 portraits – le dernier a été réquisitionné ce vendredi à Irissarry, au Pays basque – symbolisent le nombre de jour dans l’année à partir duquel la France vit « à crédit », c’est-à-dire en ayant dépassé son empreinte écologique.

« Cela signifie que si l’humanité vivait comme un Français moyen, à partir du 5 mai, la Terre aura donné toutes les ressources qu’elle est capable de régénérer en une année », selon l’association.

Mais ces actions ont déjà fait l’objet de procès. Le 18 octobre prochain seront ainsi jugés au tribunal de grande instance de Bordeaux huit activistes du groupe local de Gironde d’ANV COP 21. Les prévenus risquent jusqu’à 10 ans de prison et 150 000 euros d’amende pour vol en réunion et par ruse.

18 militants girondins qui ont participé le 28 mai dernier au décrochage de cinq portraits présidentiels dans les mairies d’Audenge, Biganos, Gujan-Mestras, La Teste de Buch et Le Teich. Six autres portraits ont été décrochés avec succès dans des mairies du Médoc le 12 juillet. A ce jour, dix-sept autres procès sont programmés dans plusieurs villes de France, impliquant cinquante-sept militants ayant participé aux décrochages. Ce chiffre pourrait sensiblement augmenter après le week-end bayonnais.


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