Depuis le début de la campagne pour les élections municipales, les spéculations vont bon train quant à l’identité des administrateurs des comptes twitter parodiant les personnalités politiques bordelaises. Les 6 comptes de Flicolas Norian, La police de Nico, Thomas Cazenaze ou encore Rabien Fobert, Faisrien Robert et Pierre Hurmix ont publié plus de 1000 tweets satiriques depuis octobre 2019.
Retweetant les statuts des candidats pour mieux les moquer ou partageant les révélations journalistiques les accablant, les détenteurs de ces comptes n’ont jamais autant publié qu’à l’approche du premier tour des élections, alors que les polémiques se multiplient.
Les révélations de Mediapart sur le cumul des indemnités d’adjoint au maire et de conseiller régional de Nicolas Florian avec l’allocations-chômage ont par exemple directement fait réagir Flicolas Norian.
Idem pour le compte de Thomas Cazenaze lorsque l’engagement de son colistier Vincent Bois sur la liste du FN en 2014 à Bordeaux a été révélé.
Alors, qui se cache derrière ces pseudos ? Les photos de profil respectives des comptes de Flicolas Norian, Faisrien Robert et Thomas Cazenaze, affichent un design similaire : une photo en noir et blanc du visage de la personnalité qu’ils moquent. Deux de ces comptes mettent également en valeur les initiales de Thomas Cazenave et de Nicolas Florian, en les affublant d’une majuscule dans la description de leur pseudonyme.
À en croire les réponses respectives de leurs administrateurs, ces comptes ne seraient pas dirigés par une seule et même personne. Contacté en DM, Flicolas Norian précise :
« Je n’en ai qu’un. J’étais le premier. Les autres semblent venir des équipes de campagne respectives et tenir un compte correctement c’est du boulot, un seul suffit. D’ailleurs certaines personnes essaient de deviner qui je soutiens avec des résultats très différents mais je n’ai pas de religion sur cette élection. »
« Je vends un appartement à #Paris »
Difficile de situer la frontière entre l’humour et la volonté de nuisance de ces initiatives. Avec plus de 410 tweets depuis octobre 2019, ce compte à l’effigie du maire de Bordeaux totalise 330 abonnés.
« Cela peut-être un outil de campagne puissant, explique Flicolas Norian. Je comprends que certains puissent l’utiliser pour descendre un concurrent. D’ailleurs, je ne pense pas aider Nicolas Florian dont la plupart des soutiens m’ont bloqué. »
Le détenteur du compte Faisrien Robert, caricaturant le premier adjoint au maire, chargé de la culture, déclare-lui aussi ne soutenir aucune liste. Il affirme en revanche appartenir au milieu culturel bordelais et fréquenter la majorité municipale pour que son association continue à bénéficier de subventions.
« Obligé quand on est subventionné … Sinon couic. Il n’y a pas de place donnée aux acteurs culturels locaux explique l’administrateur de ce compte. La contre tribune publiée par Rue 89 Bordeaux en est l’exemple le plus flagrant. »
« Second poteau d’un troisième couteau »
Plus qu’une volonté de tourner en dérision les propos du premier adjoint au maire de Bordeaux, c’est une véritable défiance envers Fabien Robert que semble entretenir ce compte parodique.
« C’est anecdotique mais appeler le festival international de bordeaux métropole le FAB en dit long sur le melon du personnage. Le problème c’est que les subventions sont distribuées annuellement. Cela fait des défauts dans la pérennité des projets. Les autre listes candidates se sont emparées du sujet en proposant des subventions sur 2, 3 ans. »
Ces comptes se reprennent parfois, comme ce fut le cas pour tourner en dérision l’absence de Nicolas Florian au débat organisé par Sud-Ouest le mercredi 4 mars. Mais échangent-ils entre eux ?
« J’ai pu retweeter celui de Flicolas Norian mais nous ne sommes jamais rentrés en contact par messages privés », explique Faisrien Robert.
Dis Siarri
Si la portée de ces tweets parodiques est faible, ces derniers semblent néanmoins déchaîner les passions des soutiens des différentes listes. C’est ce qui est arrivé lors de la publication d’un tweet polémique de Flicolas Norian reléguant Alexandra Siarri, la deuxième adjointe au maire, à un rôle d’assistante personnelle électronique pour les bordelais.
« Quand on n’a pas de candidats de l’envergure, de l’efficacité et de la générosité de Madame Siarri sur sa liste, on s’imagine faire diversion par l’humour. Encore faudrait-il qu’il soit bon et qu’il ne trahisse pas la peur d’une cuisante défaite, écrivait le soutien du maire actuel Helder Accardo sur son compte personnel. »
Nico La Police
Plus pragmatique, l’administrateur du compte La police de Nico a lui décidé de changer son approche pour émettre ses critiques de l’action municipale.
« Se limiter à se moquer des déclarations anti-vélos du maire ne me semblait pas assez constructif. Je voulais amener ma petite pierre à l’édifice et essayer d’améliorer la sécurité des cyclistes. Alors oui, je me moque encore du maire mais j’essaie surtout d’amener quelques idées (en parlant de Copenhague par exemple) et de remonter des infos au service de la circulation de la métropole. Ce dernier point est important et permet à la métropole de corriger certaines erreurs/oublis. »
Sur le net, les statut d’opposants de Pierre Hurmic et de Philippe Poutou semblent moins inspirer les twittos. Seul le candidat écologiste dispose d’un compte satirique, Pierre Hurmix, «l’irrésistible écolo qui résiste encore et toujours à l’envahisseur capitaliste. » Avec 10 followers et 2 publications seulement, ce compte est jusqu’ici passé inaperçu.
Les dernières journées de campagne devraient être mouvementées sur twitter. Quant à ce qu’il adviendra de ces comptes une fois les élections terminées…
« En fonction des résultats, on verra si ça doit continuer ou pas » glisse Faisrien Robert.
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