13h06 ce vendredi, un des deux TGV du jour en provenance de Paris entre en gare Saint-Jean. A leur sortie du train, les passagers passent par la seule sortie ouverte, dans le hall 2, et leurs attestations sont vérifiée par des policiers. Et en cette veille de vacances scolaires pour les zones de Paris et Toulouse, et afin d’éviter que l’épidémie de Covid-19 ne se propage, ces contrôles sont renforcés.
« C’est le quatrième depuis mon départ », indique Mia, étudiante en école d’infirmière dans la capitale, où elle a été réquisitionnée comme aide-soignante dans un hôpital. En repos, elle retourne dans sa famille à Bordeaux, où elle se prépare à donner aussi un coup de main.
Selon la jeune fille, certains voyageurs n’ont pas pu embarquer, faute de dérogation valable pour se déplacer. Ceux arrivés à Bordeaux semblent tous montrer patte blanche, aucun ne se retrouve du moins mis à l’amende. Sinon ? « On ne va pas les faire remonter dans le train », confie une policière.
Qu’est ce que tu fais pour les vacances ?
Sur le parvis de la gare – outre le Hall 2 ouvert aux voyageurs, tout le bâtiment est entièrement fermé aux visiteurs -, nous rencontrons ainsi un gendarme en civil allant prendre son service à Pau, des militaires toulousains en repos, ou une chef d’entreprise bordelaise bloquée à Paris depuis une semaine.
« J’ai eu du mal à comprendre comment fonctionnait la SNCF, et qu’il fallait se connecter à minuit pour arriver à acheter son billet, explique Isabelle, 57 ans. Puis j’ai téléphoné au commissariat pour savoir quelles pièces je devais présenter. J’ai un extrait Kbis et deux dérogations, une personnelle et une professionnelle ! »
Gros sacs à dos, skateboard sous le bras et lunettes de soleil, Mona et Victor ont davantage l’air de vacanciers en goguette. Perdu : atterri à Roissy le matin même, le jeune couple vient d’être rapatrié d’Australie par un vol affrété par l’Etat, après avoir vu annuler deux vols en quinze jours depuis les antipodes. « Mais on aurait aussi bien pu arriver à Bordeaux en vacances, on n’aurait pas été embêtés », estime Victor.
Moi je n’ai pas changé d’adresse
Ce n’est pas le cas de Geoffrey. Bronzé, masque sur le nez, il s’apprête à quitter Bordeaux pour Angoulême, et écope d’une amende lorsqu’il passe le contrôle pour entrer dans la gare.
« Avec quelques amis, nous avions loué à Arcachon avant le début du confinement, nous expliquait-il peu avant cette mésaventure. On travaille tous dans les milieux de la nuit ou dans la restauration à Paris, et on avait plus rien à y faire. A Arcachon on a respecté le confinement, on n’est sortis que deux fois en 20 jours pour faire des courses. Mais nous ne savions pas que cela allait durer si longtemps, on a pu prolonger la location de deux jours, et on doit partir. »
« Mauvaise foi », juge lapidairement la représentante de la PAF à qui nous demanderons la cause de sa verbalisation. Mais sa motivation est sans doute la suivante, martelée depuis des jours par les autorités : le confinement, ce n’est pas les vacances.
Poulets, louer
Aussi, si l’aéroport de Bordeaux-Mérignac est à l’arrêt, gendarmes et policiers tiennent à l’œil les gares et grands axes depuis ce vendredi
« Tous les trains seront contrôlés à la gare de Bordeaux, les barrières de péage et les routes départementales seront aussi sous contrôle, a martelé Fabienne Buccio, préfète de Nouvelle-Aquitaine. Non seulement il y aura des amendes mais aussi l’obligation de faire demi-tour et de rentrer chez soi. »
Des contrôles facilités par la baisse du trafic de l’ordre de 75% pour les véhicules légers sur les routes du département… Ou encore par la voilure minimale côté SNCF, dont le « plan de transports pandémie » prévoit par exemple dans la région un seul aller-retour Paris-Bordeaux, un Toulouse-Bordeaux, 2 TER Bordeaux-Arcachon, et aucun train direct pour le Pays-Basque (les trains régionaux vont au plus loin à Mont-de-Marsan).
La préfète a également signalé avoir pris contact avec Airbnb et les agences de location pour leur demander de ne pas louer de biens dans la région.
Dans la foulée des déclarations martiales de Christophe Castaner, le ministre de l’intérieur, Fabienne Buccio est allé plus loin : elle a pris un arrêté interdisant les locations saisonnières dans les hôtels, meublés de tourisme et autres dans 20 communes du littoral girondin, dont Arcachon, Lège-Cap Ferret, La Teste de Buch ou Soulac. Loué soit seulement le confinement.
Chargement des commentaires…