
En pleine reprise de l’épidémie dans le département et en plein été caniculaire, la préfecture n’exclut pas de relancer le processus d’expulsion. La mairie de Bordeaux évoque des craintes et des inquiétudes.
L’état d’urgence sanitaire avait entraîné la prolongation de la trêve hivernale jusqu’au 10 juillet. Passée cette date, les associations s’inquiétaient d’une nouvelle vague d’expulsions et avaient organisé un rassemblement devant la mairie de Bordeaux pour exprimer leurs craintes. Elles ont en mémoire les centaines de personnes expulsées l’été dernier et les 73 squats au total évacués en 2019 par la préfecture.
Ces inquiétudes semblent finalement être justifiées. Interrogée par Rue89 Bordeaux, la préfecture de la Gironde n’exclut pas de nouvelles expulsions, alors que l’été est particulièrement chaud et que l’épidémie de coronavirus repart de plus belle.
« Les opérations d’évacuation des squats et mises à l’abri ont repris. La préfecture agit dans un cadre juridique parfaitement défini. L’État agit sur le fondement d’une décision de justice et à la demande du propriétaire » répond par écrit la préfecture.
Cette dernière s’est en revanche refusée à délivrer plus de détails sur les lieux concernés ainsi que sur son calendrier, indiquant « ne pas communiquer en amont sur les squats qui seront évacués ».
La mairie inquiète
Ces possibles expulsions inquiètent la nouvelle majorité bordelaise, et particulièrement Harmonie Lecerf, nouvelle adjointe déléguée à l’accès aux droits et aux solidarités. Si de nombreux squats venaient à être évacués sur la commune de Bordeaux, l’élue concède :
« On ne pourra pas accueillir et mettre à l’abri des centaines de personnes. L’hébergement d’urgence actuellement disponible n’est pas suffisant. Si c’était le cas, on proposerait d’ores-et-déjà des relogements aux personnes vivant dans les squats. »
L’inventaire des bâtiments publics est toujours en cours, et les bâtiments découverts sont, de l’aveu de l’adjointe « délabrés », ce qui empêche d’imaginer tout hébergement d’urgence sécurisé en leur sein. L’adjointe au logement, Emmanuelle Ajon, avait de son côté évoqué la possibilité d’ouvrir des gymnases en cas d’expulsion importante.
Harmonie Lecerf précise néanmoins que « les services travaillent d’arrache-pied » pour se préparer, notamment en ce qui concerne l’accès à l’eau.
« Les fontaines sont presque toutes en fonction, et celles qui ne le sont pas sont en train d’être mises en service. »
Un squat à Bordeaux, vers l’arrêt Cracovie du tram C, a également été équipé d’un point d’eau potable par la municipalité. Côté douche en revanche, l’adjointe admet que « c’est compliqué dans l’urgence ». Les discussions avec les associations pour maintenir leurs douches ouvertes pendant les vacances n’ont pas pu aboutir par manque de temps. Elle doit se rendre aux Quinconces avec un ingénieur pour voir s’il est possible d’y rouvrir des douches publiques.
Contactée, l’ARS n’a pas souhaité s’exprimer sur de possibles expulsions en pleine pandémie, estimant « manquer d’éléments sur les conditions » de ces probables évacuations.
Concernant l'accès à l'eau sur le lieu de vie vers l’arrêt Cracovie où vivent un très grand nombre de personnes le point a été réparé.
Je remercie l'ensemble des services de la ville pour leur réactivité et leur professionnalisme pour rétablir l'accès à l'eau à tous. Sans oublier toutes les citoyennes et tous les citoyens qui sont convaincu.e.s comme moi que l'accès à l'eau potable est un droit fondamental !
MAxime Ghesquière
Conseiller municipal délégué en charge de la gestion du cycle de l'eau dans la ville.