Vers midi, ils sont arrivés devant la préfecture seuls, à deux ou par groupes, jusqu’à comptabiliser, au plus fort du rassemblement, 500 personnes. Fatigue et lassitude se lisent dans tous les regards. Ce qui explique probablement une ambiance assez calme en dehors d’une « Internationale » version italienne crachotée par un haut-parleur, ou encore le son d’une cloche dans la foule, un appel à regagner sa place pour le spectacle.
Devant la presse, Framboise Thimonier, du Synptac CGT Aquitaine qui appelait à manifester, dénonce « l’attitude du gouvernement qui traite le monde de la culture avec dédain et laisse mourir un secteur économique dont la portée dépasse le seul champs culturel ».
Délégation « écoutée »
Framboise Thimonier fera partie de la délégation reçue à la préfecture, avec Catherine Marnas pour le Syndicat des entreprises artistiques et culturelles, Eric Roux pour le Syndicat des musiques actuelles, et Jean-Luc Bernard pour le Syndicat national des musiciens Force ouvrière. Une grosse heure plus tard, ils ressortiront avec « le sentiment d’avoir été écoutés » :
« Nous avons fait part de notre tristesse devant l’inégalité et l’iniquité que subit notre secteur d’activité devant le traitement réservé à d’autres secteurs. Il est évident qu’à l’heure actuelle il est impossible de dire si les salles vont ouvrir et quand. Mais nous avons eu la promesse que nos demandes seront remontées jusqu’au ministère et une réponse est attendue pour le 7 janvier. »
De son côté, Catherine Marnas a « beaucoup insisté sur le “stop & go” intenable » que subissent les salles de spectacles dans le calage de leurs programmations :
« J’ai aussi évoqué une menace que je sens autour de moi, ajoute-t-elle. Le pire pourrait arriver et une certaine désobéissance pourrait pousser des salles à rouvrir malgré tout. »
Dans la foule, des musiciennes et musiciens, des comédiennes et comédiens, des metteuses et metteurs en scène, des gens du théâtre et de la scène, mais aussi des techniciens et des intermittents du spectacle.
Les élus s’interrogent
La sénatrice Monique de Marco venue au rassemblement évoque une « situation dramatique » et prévient que « ce ne sont pas les aides qui vont combler les incertitudes sur l’avenir ». La vice-présidente de la commission de la culture, de l’éducation et de la communication au Sénat annonce que le groupe EELV posera ce mercredi une question au gouvernement :
« Celle-ci portera sur le manque de consultation des acteurs et le manque de transparence de la décision de maintenir fermer les lieux culturels. »
Des élus de la mairie de Bordeaux étaient également présents, notamment Dimitri Boutleux, adjoint en charge de la création et des expressions culturelles. Après le rassemblement, le maire Pierre Hurmic a par ailleurs publié un courrier adressé au Premier ministre pour demander la réouverture des lieux culturels.
La Ville de Bordeaux s’associe à la procédure commune de référé-liberté lancée par les directrices et directeurs de compagnies, de théâtres et de structures culturelles. Elle demande « la prise en considération les efforts effectués, en responsabilité, par l’ensemble des salles, des musées et de tous les acteurs culturels pour assurer la sécurité de leurs publics. Et, en conséquence, d’autoriser leur réouverture au 15 décembre ».
Pierre Hurmic ne va cependant pour l’instant pas aussi loin que son collègue écologiste Bruno Bernard, président de la Métropole de Lyon, qui envisage de passer outre la décision de l’Etat et rouvrir le musée des Confluences.
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