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A la Rock School Barbey occupée, intermittents et précaires agissent de concert

Après un passage à l’opéra, une tentative au TnBA, une trentaine d’intermittents et de précaires occupent la Rock School Barbey depuis un mois. Entre assemblées générales et commissions, la salle de spectacle est devenue une agora des luttes. Une manifestation est prévue ce vendredi 23 avril.

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A la Rock School Barbey occupée, intermittents et précaires agissent de concert

A l’arrière de la Rock School Barbey, dans le quartier de la gare à Bordeaux, une banderole indique « Accueil occupation ». Derrière les barrières, Stéphane, régisseur de formation, propose un café. Depuis un mois, le lieu culturel est occupé par une trentaine d’intermittents et de précaires, du monde de la culture, mais pas seulement. Né après l’évacuation du Grand-Théâtre, le collectif Occupation Bordeaux 2021 a trouvé un pied-à-terre dans cette salle de concert, après avoir été débouté du TnBA.

A l’intérieur, occupants, salariés et élèves de la Rock School se côtoient entre affiches et tracts. « Sans couleur politique, ni syndicat majoritaire », le collectif Occupation Bordeaux 2021 a pu compter sur le soutien de la direction de l’école de musique. Une vingtaine d’occupants se relayent jour et nuit dans le bâtiment, symbole de « l’ouverture de la culture au monde populaire ».

Entrée du lieu d’occupation, dans la cour de la Rock School Barbey Photo : VB/Rue89 Bordeaux

Vox populi

Ce mardi midi, la commission Avenir termine sa réunion. Ils sont une dizaine autour d’une table à l’extérieur. Aurélie est comédienne :

« Cette commission est une réflexion commune sur le long terme. On décrypte les concepts liés à l’intermittence, on étudie aussi le discours politique. Le but n’est pas seulement de savoir se défendre, mais aussi d’être force de propositions. »

Une dizaine de commissions (communication, artistique, logistique…) se déroulent ainsi de manière hebdomadaire. Une agora a été montée dans la cour de l’école. Toutes les semaines, une assemblée générale inter-luttes y est organisée. L’objectif : solidariser autour d’une cause commune intermittents et travailleurs précaires, syndicats et associations.

La commission artistique en pleine concertation Photo : VB/Rue89 Bordeaux

Bertrand est technicien du spectacle. Depuis quatre ans, il n’a plus le statut d’intermittent et vit du RSA. Il vient cinq jours par semaine à Barbey :

« A l’origine, les occupations relèvent de la demande de réouverture des lieux culturels. Nous, on veut montrer et exposer un problème de fond : celui de la précarité. Alors oui, les revendications ont émergé sur la scène publique avec le monde de la culture, mais elles concernent beaucoup de monde. Des artistes, des musiciens, des techniciens, des comédiens occupent l’endroit, mais il y a aussi une infirmière, des personnes rattachées au régime général. »

Les journées sont rythmées par la tenue de réunions et de préparations d’événements. Le lieu accueille également les répétitions de la FIPP (Fanfare des Intermittents et des Précaires Pirates).

La culture comme porte-voix

Le dernier événement en date s’est tenu samedi 17 avril, place du Général-Sarrail, à côté de la Victoire. Entre concerts et prises de paroles, l’événement voulait faire entendre la voix des « intermittents de l’emploi ». Une banderole « Ceci n’est pas un spectacle » rappelait la dimension politique du rassemblement. « Notre lutte n’est pas une fête, elle est sociale », a t-on pu entendre dans un texte lu devant le public.

Le Collectif Bordeaux Occupation 2021 soutient la convergence des luttes et la nécessité de fédérer les secteurs. Stéphane est là « depuis le début » :

« Depuis six mois, les postiers bordelais sont en grève tous les mardi. L’occupation et la mobilisation ici permettent de rendre visibles des secteurs invisibles. On apporte du soutien, mais pas que. On permet à ceux qui le souhaitent de se réunir, d’échanger. »

Dans le hall de la Rock School Barbey, occupé par des intermittents et des précaires depuis un mois Photo : VB/Rue89 Bordeaux

Dans l’antre de la Rock School Barbey, le monde de la culture se veut le porte-voix des autres secteurs :

« Depuis toujours, l’art a une fonction politique et sociale. Il dénonce, met en lumière des problématiques sociétales. Nous utilisons une forme artistique pour faire connaître et entendre des détresses communes. Le but n’est pas de nous approprier une cause et de défendre seulement le milieu du spectacle. »

Manifestation prévue le 23 avril

Depuis l’occupation du théâtre parisien de l’Odéon en mars dernier, les vendredi riment avec révoltes. Initié par des occupants de lieux de culture, les « vendredis de la colère » sont organisés contre la réforme de l’assurance chômage. Selon les estimations de l’Unédic, près de 1,15 million de demandeurs d’emploi pourraient en effet voir leur allocation réduite (de 17 % en moyenne) au 1er juillet, date d’entrée en vigueur de celle-ci, et même 1,7 million selon la CGT.

« C’est un scandale pour les saisonniers, extra hôteliers, guides conférenciers, intérimaires, travailleurs précaires du privé ou du public, journalistes pigistes etc., déjà durement touchés par la crise, en grande partie des jeunes et qui accroit la précarité sous toutes ses formes », fustige le syndicat, qui appelle à manifester le 23 avril.

A Bordeaux, suite à l’appel national de syndicats et de la Coordination intermittents et précaires (CIP) pour l’abrogation de la réforme de l’assurance-chômage, une manifestation partira de la Rock School Barbey, à 10h ce vendredi. Le cortège devrait passer par la Méca, l’Utopia, le Grand-Théâtre, et le TnBA où une grande banderole sera accrochée, et finir place des Quinconces avec une action « Flight case on tour ».


#Occupy

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