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Régionales Nouvelle-Aquitaine : Le « modèle industriel aquitain » d’Alain Rousset plébiscité ?

Prérogative majeure des régions, le développement économique est également l’un des sujets favoris du président sortant, qui entend ériger son bilan en la matière en modèle, notamment du côté des créations d’emploi industriel. Parmi ses concurrents aux régionales, les divergences portent principalement sur les filières à privilégier – la robotique chez Geneviève Darrieussecq, la transition écologique pour Nicolas Thierry… -, ou sur une conditionnalité plus stricte des aides aux entreprises.

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Régionales Nouvelle-Aquitaine  : Le « modèle industriel aquitain » d’Alain Rousset plébiscité ?

C’est l’une des principales marottes du président sortant. Alain Rousset, à la tête de la région depuis 1998, ne manque pas une occasion de mettre en avant son action auprès des entreprises. Fin avril, au moment de lancer sa campagne pour un cinquième mandat, il s’en amusait : « Ce n’est pas banal, quand on est de gauche, d’être accueilli dans une entreprise privée pour lancer sa campagne. Pour moi, c’est symbolique et même gratifiant. »

Depuis plusieurs semaines, le président socialiste sortant avance un chiffre pour illustrer le fruit de son travail sur cette thématique : « La Nouvelle-Aquitaine a accueilli 36 % de l’emploi industriel net créé en France en 2019 ». L’équipe de campagne d’Alain Rousset explique que ce chiffre provient du cabinet d’Agnès Pannier-Runacher, ministre délégué auprès du ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance, chargée de l’industrie.

Loin du modèle allemand

Mais les chiffres disponibles sur le site de l’Insee semblent plus modérés. La Nouvelle-Aquitaine comptait 2300 emplois industriels de plus en 2019 qu’en 2018, sur une augmentation de 16 600 au niveau national, soit une proportion de 13,86 %. Suffisant, toutefois, pour en faire l’une des plus dynamiques de France en la matière.

Reste que le « modèle industriel aquitain » est encore loin d’un modèle « à l’allemande », comme se plaît à le qualifier Alain Rousset. Toujours selon l’Insee, l’emploi industriel représentait, en 2019, 11,69 % de l’emploi total dans la région (contre 27 % outre-Rhin). Ce qui en fait, seulement, la 9e région de France où l’emploi industriel est le plus important.

Les budgets votés sur le dernier mandat montrent tout de même une tendance claire. Les sommes allouées aux dépenses liées au développement économique et à l’emploi ont été en constante augmentation pour atteindre 689 millions d’euros dans le budget 2021, soit 21,2 % des dépenses totales. Ce qui en fait le deuxième poste budgétaire de la région Nouvelle-Aquitaine derrière les dépenses dédiées à la jeunesse et à la formation – essentiellement consacrées au fonctionnement des lycées.

A titre de comparaison, la région Auvergne-Rhône-Alpes consacre, elle, 18,23 % de son budget au développement économique, à l’emploi mais aussi à la formation professionnelle.

Actions phares

Concrètement, Alain Rousset cite régulièrement plusieurs actions phares de ses derniers mandats dans ce domaine. Parmi ces réalisations, l’usine du futur à Bordes, dans les Pyrénées-Atlantiques. Rattachée au groupe Safran, elle a été inaugurée en 2016, permet la fabrication automatisée de pales de turbines et représente 2600 emplois.

Autres initiatives mises en avant par le président sortant : la création d’une école vétérinaire à Limoges, d’un Ferrocampus, dédié aux métiers du ferroviaire et à la recherche, prévu pour 2025 à Saintes (Charente-Maritime) ou encore l’implication du lycée des métiers du bâtiment de Felletin (Creuse) dans le projet de reconstruction de la cathédrale Notre-Dame.

Ses propositions pour le prochain mandat s’inscrivent dans cette continuité, en insistant sur trois axes : accompagner les entreprises et notamment l’aéronautique, vers la transition écologique, favoriser la formation aux métiers de la transition écologique et aux métiers du numérique et soutenir les entreprises face à la crise en limitant leur endettement.

« Robotics Valley », fonds d’épargne régional et conditionnalité des aides

Ces mesures visant à stimuler le tissu économique régional se retrouvent chez les autres principaux candidats aux régionales.

La tête de liste LREM, Geneviève Darrieussecq, propose également de soutenir le développement des PME et TPE et d’orienter la formation professionnelle vers les filières de la transition écologique et du numérique. Elle souhaite aussi faire de la Nouvelle-Aquitaine une « terre d’excellence en matière de robotique » pour développer une filière créatrice d’emplois.

Nicolas Florian, de son côté, entend mettre l’accent sur la relocalisation des sous-traitants industriels, en insistant particulièrement sur la filière aéronautique. Il souhaite la création d’un fonds souverain régional public qui permettrait aux habitants de la région de placer leur épargne dans une structure chargée d’investir dans les entreprises locales.

Cette dernière proposition se rapproche de celle formulée par Nicolas Thierry, tête de liste EELV, de créer un fonds d’épargne régional. Dans le débat organisé par nos confrères de La Tribune Bordeaux, Alain Rousset assurait qu’un fonds d’investissement souverain existait déjà. Cependant, aucune structure ne prévoit pour le moment de mobiliser l’épargne des Néo-Aquitains, comme l’a vérifié la Tribune.

Créer 100000 emplois

Nicolas Thierry entend surtout conditionner beaucoup plus fermement les aides accordées aux entreprises au respect de critères environnementaux.

« Il faudra concilier l’économie avec une planète qui reste vivable », explique-t-il. Selon lui, investir massivement vers de nouvelles filières agricoles plus respectueuses de l’environnement, dans la rénovation des petites lignes de TER (plutôt que dans les LGV), dans une production énergétique plus propre ou dans la relocalisation de la production de médicaments. Cela permettrait selon lui de créer « un potentiel de 100 000 emplois d’ici 2028 ».

« Pour faire émerger ces filières, il faut dégager des financements. Nous devrons donc mieux utiliser l’argent public », poursuit-il, citant les économies pouvant être réalisées en renonçant au projet de LGV ou en stoppant des subventions contre-productives, comme « celles versées à Betclic ou vers une agriculture industrialisée et intensive ».

Clémence Guetté, à la tête d’une liste LFI-NPA, souhaite aussi mettre l’accent sur la conditionnalité des aides versées aux entreprises et assure que « plus un euro ne sera attribué aux grands groupes qui polluent ou licencient ». Le tout via un mécanisme : substituer un système de prêt au système des subventions, avec une clause prévoyant le remboursement des sommes versées « si les engagement pris en termes d’emplois et d’environnement ne sont pas respectés ».

Aides au maintien

La candidate Front national, Edwige Diaz, propose quant à elle de faciliter l’accès à la formation professionnelle. « Présidente de région, je veux être ce chaînon manquant entre les demandeurs d’emploi qui souhaitent se former et les entreprises qui veulent embaucher », explique-t-elle à Rue89Bordeaux. Pour les entreprises, c’est l’accès aux aides qu’elle entend simplifier, à une condition :

« Plutôt que le verdissement des entreprises, qui répond à une idéologie d’écologie punitive, j’entends conditionner le versement des aides au maintien de l’emploi local, tout en incitant les chefs d’entreprise à s’implanter dans les territoires ruraux », via la rénovation des infrastructures routières et ferroviaires.

Fort de plus de 600 000 entreprises, selon les derniers chiffres communiqués par la Direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités, le tissu économique en Nouvelle-Aquitaine représente une part majeure des prérogatives du conseil régional. Parmi les principaux candidats, c’est aussi l’une des thématiques où les différences se font le moins ressentir. Malgré des différences idéologiques, comme la conditionnalité des aides au respect de critères sociaux et environnementaux pour certaines listes de gauche, tous les candidats s’accordent pour venir en soutien des entreprises. Encore plus pour leur permettre de faire face à la crise sanitaire.


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