
La majorité aux commandes de la métropole juge son nouveau schéma des mobilités, fondé en grande partie sur les modes doux et les nouvelles lignes de bus express, à même de répondre à l’augmentation des déplacements attendue pour 2030. La droite est sceptique.
Un téléphérique toujours en projet, un pont dont des études devront démontrer l’opportunité ou encore sept nouvelles lignes de bus et des kilomètres de pistes cyclables… Le nouveau schéma des mobilités de la métropole bordelaise (dont Rue89 Bordeaux vous présentait le contenu en avant-première), dévoilé ce vendredi lors de la conférence de presse de rentrée de son président Alain Anziani, a sans doute déçu les amateurs d’annonces spectaculaires et de geste architectural ou technologique.
« C’est un plan d’urgence de fin de mandat », râle Patrick Bobet, ancien président de la métropole et leader du groupe Métropole Commune(s). « Des solutions petits bras qui ne répondront pas à la demande », abonde Michel Labardin, ex vice-président aux transports, rappelant que Toulouse va investir 2,7 milliards dans une troisième ligne de métro.
Le maire de Gradigan n’encaisse pas l’abandon du prolongement du tram B vers sa commune. Un quasi déni démocratique à ses yeux, alors que la précédente mandature avait voté la demande de DUP (déclaration d’utilité publique), et un choix contestable alors que plus de 2000 logements vont être construits à Gradignan.

« Pas de tabou »
La VAN (valeur actualisée nette, qui calcule la rentabilité d’une infrastructure en fonction de son coût et du potentiel de voyageurs), positive de 1 à 10, « était très faible pour Gradignan, et nettement déficitaire pour Parempuyre », justifie Alain Anziani à propos de l’arrêt des projets de desserte de ces communes par le tramway.
« Il n’y a pas de tabou du tram, il a son utilité », poursuit le président de la métropole, indiquant notamment que les études seront reprises pour celui vers Saint-Médard après l’arrivée du bus express Bordeaux – Saint-Aubin, qui desservira cette commune. « Mais le tram rencontre aussi des limites : son coût – 20 millions d’euros du kilomètre. Et plus les lignes sont longues, plus les risques de panne augmentent. Or quand un tram est en panne, on ne peut pas injecter une rame à sa place qui permet de le dépasser. Contrairement au bus. »
Écartant l’hypothèse du métro – « 100 millions d’euros du kilomètre alors qu’il ne prend pas en compte les flux extérieurs, quel intérêt ? », selon Alain Anziani -, la nouvelle majorité de gauche et écologiste à la métropole a donc fait le choix du bus, en doublant le kilométrage de couloirs sur les lignes existantes – de 80 à 160 km – pour améliorer leur vitesse commerciale, et en lançant 7 nouvelles lignes de bus express (terme préféré au trop techno BHNS, bus à haut niveau de service).
« Nous avons mis 20 ans pour construire 78 kilomètres de lignes de tramway, nous allons en mettre 10 pour faire 104 kilomètres de nouvelles lignes de bus express, dont trois circulaires » (liaison des boulevards, Technobus extra rocade et ligne intrarocade desservant les centres de l’ouest de la métropole), indique Clément Rossignol-Puech.

700000 nouveaux voyageurs
De nouveaux cars express et le renforcement des lignes TER sont également au programme du RER Métropolitain, inscrit au schéma des mobilités. Pour le vice-président de Bordeaux Métropole en charge des mobilités, cela permettra en partie d’absorber la charge de nouveaux voyageurs attendus en 2030.
« Nous avons actuellement trois millions de déplacements par jour sur le territoire de la métropole, nous gagnons près de 10000 habitants par an, qui se déplacent plus souvent – 4,2 déplacements par jour contre 3,8 il y a une dizaine d’années. En 2030, nous en aurons 700000 de plus à à gérer, selon l’a’urba. (…) Mais selon des projections réalisées, notre stratégie permettra de contenir cette hausse des déplacements. »
Bordeaux Métropole table ainsi sur une augmentation de 34% de l’utilisation des transports en commun, qui atteindraient 17% de part modale, contre 12% aujourd’hui. Mais surtout sur un boom de +69% de la pratique du vélo, dont la part modale passerait de 8% des déplacements actuellement sur la métropole à 18% en 2030.
REVe éveillé
La métropole s’appuiera notamment sur un Réseau express vélo (REVe) – 14 itinéraires cyclables continus dotés d’une signalétique dédiée et de services associés (stations de pompage ou de réparation, box…), les deux premiers étant programmés pour 2022 : Bordeaux – Parempuyre et Bordeaux – Artigues.
Les modes actifs deviendraient ainsi majoritaires, puisque la collectivité entend faire progresser également la part modale de la marche de 29% à 32%. S’ils nécessitent des investissements moins lourds, ils ne sont pourtant pas les mieux lotis : 224 millions d’euros sur un budget de 3 milliards, dont seulement 2 millions consacrés pour l’heure au « plan marche », selon nos informations. De quoi refaire quelques trottoirs, pas de piétonniser les centre-bourgs des 28 communes… Les plans marche et vélo seront présentés en novembre.
L’opposition s’inquiète en outre de la cohabitation qui pourrait devenir difficile entre usagers, notamment entre bus et vélos sur les couloirs partagés.
« Les bus ont l’avantage de pouvoir être déployés rapidement et à moindre coût, estime par exemple Thomas Cazenave (Renouveau Bordeaux). C’est bien, à condition qu’ils soient très efficaces, et puissent rouler en site propre. Le diable se loge dans les détails, qui va être l’aménagement et le partage des espaces. »
La proportion de couloirs bus sur les 7 nouvelles lignes n’est pas encore connue, répond Clément Rossignol-Puech, qui précise toutefois que des couloirs bus seront faits « seulement là où c’est nécessaire, pour ne pas pas générer de dépenses inutiles ».
« La guerre à la bagnole est déclarée »
Le vice-président met aussi en avant d’autres solutions pour réduire (de 10%) et apaiser le trafic automobile – 7 nouveaux parkings relais dans la métropole, création d’aires de covoiturages et de voies réservées aux covoitureurs sur les pénétrantes, objectif de 400 plans de déplacements d’entreprises pour promouvoir les alternatives à l’autosolisme chez les salariés…
Des zones 30 et 20 seront par ailleurs déployées dans plusieurs communes (Lormont, Carbon Blanc, Floirac, Bordeaux, Bruges…), et une zone à faible émission est en cours de concertation entre Bordeaux, la métropole et les communes concernées, dans l’intrarocade. La loi sur les mobilités fixe fin 2024 pour date limite.
« La guerre à la bagnole est déclarée », tranche Emmanuel Sallaberry, le maire de Talence. Alain Anziani promet que non, avançant que de nouveaux barreaux routiers sont en projet et qu’il « croit à l’avenir de la voiture ». Mais la droite regrette le manque de propositions sur la rocade – elle avançait l’idée d’une quatrième voie, en limitant la vitesse à 70 à l’heure.
Les marcheurs appellent la métropole à en faire un cheval de bataille pour obtenir de l’Etat, en charge de cet axe, le droit de réguler l’accès des poids lourds en amont de Bordeaux. Le schéma des mobilités suggère de moduler les tarifs aux péages pour réduire les passages des camions aux heures de pointe.
Comme avec la SNCF et la Région Nouvelle-Aquitaine sur le RER métropolitain, pour lequel la métropole souhaite un « pass Navigo » valable indifféremment dans les trains et le réseau TBM, une partie de la stratégie de l’agglomération dépendra donc de l’entente avec ses partenaires.
il n'y a pas à douter qu'il s'agit d'un projet transports a minima pour l'interco bordelaise...
inadapté même, si l'on jauge à la situation climatique critique globale et non moins critique localement, tant par une croissance démographique exceptionnelle à l'échelle de la zone d'attractivité bordelaise que du taux de motorisation des ménages et de son évolution récente :
lequel reste très élevé mais ne baisse pas ou peu mais rarement, continue même d'augmenter dans la plupart des communes de l'agglomération ("unité urbaine" au sens INSEE, périmètre plus large que l'interco):
https://www.hebergeur-image.com/upload/109.215.42.211-613c5ffce52f4.PNG
commentaires du graphique :
une grande majorité des communes de l'agglomération bordelaise a vu baisser la part des ménages non-motorisés, même dans la première couronne, comme à Floirac... ; source : calculs personnels sur les données INSEE
alors oui, suivant la formule de la plainte d'un maire frustré de son joujou absent promis à Noël : "on joue petit bras"...
on pourrait dire qu'on continue à jouer à front renversé dans l'interco, comme durant la campagne électorale des municipales de 2014, où le "bloc des gauches" - emmené par V. Feltesse, opposé au tram, a son meneur clientéliste qui obtenait la réalisation de la prolongation de la ligne C jusqu'à Blanquefort - ferraillait à coup de bus contre la droite, rassemblée derrière A. Juppé, favorable au tram et déclarant face à la demande de son abandon "il ne faut pas insulter l'avenir", sans toutefois la moindre réalisation sous sa mandature écornée, outre la demi-ligne D...
on pourrait affirmer également qu'idéologiquement on navigue "d'un excès l'autre", passant du tout bagnole sous Chaban à "tout sauf du tram" depuis la fin de la décennie 2010...
pour ce qui concerne les modes actifs de déplacement rien de concret n'a surgi du fameux schéma, et ce n'est sûrement pas le vieux président local de "Droit du piéton" - ancien godillot de Feltesse,- qui va être le meilleur avocat de sa cause :
faire passer la part modale de la marche de 29% à 32% avec un budget ridicule de 2 millions d'€ sur un total de 3 milliards c'est tous simplement une mise à pied (!) du passant... :
même pas 0.1% du budget prévu... !
mais surtout comment parler d'un « plan marche » en l'absence d'un "plan stationnement"... ?
a-t-on trouvé mieux que le stationnement réglementé ou a-t-on acquis les pouvoirs du magicien... ?
l'excellente anthropologue Jeanne Favret-Saada* a dû trouver des lecteurs parmis les élus... !
pour le reste même topo :
vouloir faire bondir de 50% la part modale des transports en commun d'ici 2030 avec du bus, en se contentant du "réseau" radial actuel de tram, avec trois lignes et demi, c'est de la pure démagogie...
quant à la ligne circulaire bus sur les boulevards et rive droite, écarter l'option de nouvelle ligne de tram avec un maillage poussé en incorporant les lignes existantes ce n'est plus faire preuve d'absence de volonté politique, c'est pire encore :
c'est une absence de courage politique, d'autant plus incompréhensible quand on est un élu septuagénaire, et qu'on peut porter le risque politique avec l'absence de l'enjeu de la réélection...
comme je le disais dans un commentaire précédent hier, on pourra parler à moyen terme de "dix ans pour rien", au-delà des cinq ans restants de la mandature en cours...
*https://www.franceculture.fr/oeuvre-les-mots-la-mort-les-sorts-la-sorcellerie-dans-le-bocage-de-jeanne-favret-saada.html
celle des infectes "zones d'activité" périphériques et leurs dizaines d'hectares de parking pour garer la bagnole des salariés et des visiteurs... ?
il faut sortir définitivement de la logique de la seconde moitié du siècle précédent, avec les hypermarchés périphériques, modèle en voie de nécrose, que la grande distribution elle-même remet en cause, avec désormais l'implantation de petits supermarchés dans les zones les plus denses de l'agglomération... :
dans les enquêtes ménages déplacements le motif travail expliquait un peu moins du quart de la mobilité, talonné par le motif achats ; désormais le classement pourrait être inversé rien qu'avec le télétravail...
avoir son job, son logement et son petit supermarché dans son quartier, à portée de jambes ou de vélo, c'est la meilleure façon de répondre à la question des transports dans une grande agglo... :
s'il fallait retenir un couplage ce serait plutôt celui du logement, des services et du travail qui va avec, en se concentrant à la seule échelle de l'agglomération, que le système politique intercommunal du moment couvre mal, très partiellement ou en débord...
- la "fiche d'action" n°8 et son fameux "plan marche" met en seconde position le principal problème du piéton dans l'agglo, à savoir "l'encombrement des trottoirs", dont on remarquera que l'automobile en stationnement n'est même pas citée comme cause de cet "encombrement", un comble quand même quant au courage politique, non... !?
il est bien question de mettre en branle les FIC ("fonds d'intérêt communaux") à l'occasion "d'opérations coup de poing" qu'on ne définit même pas ; quant aux FLICS et en particulier le recrutement d'ASVP, pour verbaliser les bagnolards indélicats, naturellement tout le monde l'aura bien compris ce serait politiquement incorrect d'envisager leur intervention permanente...
il est vrai qu'avec moins de 0.1% du budget transports promis on a une marge de manoeuvre formidable...
enfin cet "encombrement", notons-le, on s'en "occupe" uniquement pour "les trottoirs les plus utilisés"... ! il est vrai que nos culs-de-jattes d'élus doivent avoir pris le parti de s'assoir définitivement sur la loi 2005* pour bouger a minima...
alors bien sûr c'est tellement plus facile de communiquer sur les zones 30, comme à Bègles :
un coup de peinture au sol, quelques panneaux, un coup de pub à la télé et puis comme personne ne respecte la limitation de vitesse, bagnolards, motards ou scootards, on peut même songer à une deuxième campagne médiatique où l'on reconvertira les-dits panneaux en nichoirs à zoziaux...
- pour le stationnement (fiche 12), même "bottage" en touche, avec la compétence laissée aux communes... pour ne rien faire quant à la mise en place du stationnement réglementé, à l'exception de Bordeaux et deux communes limitrophes...
quelle occasion perdue ! proposer de donner la compétence stationnement à l'interco ça aurait pourtant épargné aux maires de faire face aux constantes jérémiades automobilistes sur le sujet, et on aurait même pu à l'occasion créer une brigade intercommunale d'Asvp chargée à la fois de contrôler les horodateurs et de verbaliser le stationnement sur trottoir :
la gouvernance nationale évoque l'€urope quand ça l'arrange et qu'il faut justifier une mesure ou une politique publique impopulaire, celle des petits hobereaux (rien à voir avec les nichoirs précédents... ) pourront évoquer Bordeaux métropole-montre-ton-popol !
las, comme prévu on continue comme avant et ce stationnement ne sortira pas de la mairie...
*https://www.ecologie.gouv.fr/laccessibilite-voirie-et-des-espaces-publics