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Mobilités : Hurmic veut que les Bordelais prennent leurs pieds

Plus de pistes cyclables, plus de zone 30, plus de stationnement payant, une zone à faible émission et des dimanche sans voiture dans tous les quartiers… En quête d’un « urbanisme de soin », le maire de Bordeaux espère tout à la fois fluidifier les déplacements, réduire la pollution et sécuriser les piétons, pour in fine apaiser la ville. Avec une mesure phare : la piétonisation de la quasi totalité de l’hyper-centre.

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Mobilités : Hurmic veut que les Bordelais prennent leurs pieds

Sous le signe de l’ « urbanisme de soin », Pierre Hurmic a présenté, lors de sa conférence de presse de la rentrée, le plan d’action de sa mandature pour les transports avec pour ambition principale de « rééquilibrer la place de la voiture au profit des mobilités douces », en redéfinisant « une ville marchable ».

« La ville marchable, n’est pas une ville sans aucune voiture, précise-t-il en préambule. Mais elle n’est plus dessinée pour et par la voiture. […] Nous avons besoin d’apaiser nos déplacements au quotidien. Une majorité d’habitants le demande. Nous avons pour objectif de diviser par 6 nos émissions de gaz à effet de serre. Les transports sont responsables d’un quart des émissions sur la métropole bordelaise, dont 54% issus des voitures individuelles et près de 20% des poids lourds et véhicules utilitaires. »

En plus de la mesure attendue de passer la ville en Zone 30, 25 ha de zones piétonnes supplémentaires devraient être aménagés d’ici 2023. « C’est-à-dire 65 ha demain au lieu de 40 ha aujourd’hui », calcule le maire de Bordeaux. Son adjoint en charge de la nature en ville et des quartiers apaisés, Didier Jeanjean, abonde : « Bordeaux aura le plus grand centre piétonnier de France. La loi du plus fort n’existera plus. »

A grands pas

D’après un sondage Ifop de février 2021 commandé par Bordeaux Métropole, 80% des habitants de Bordeaux Métropole sont favorables à la création de zones piétonnes en centre ville. « Un déplacement sur deux fait moins de deux kilomètres » abonde Pierre Hurmic et « la plupart des quartiers sont à moins de 4 km de la place Pey Berland ».

Plan de l’extension des zones piétonnes de Bordeaux Photo : DR

Traduction dans le plan de la Ville : du nord du cours Victor-Hugo jusqu’au triangle d’or, l’hyper-centre sera piéton, à l’exception des cours Alsace-Lorraine et Pasteur, et des rues permettant d’accéder aux trois parkings Camille-Jullian, Pey-Berland et Victor-Hugo. Il n’y aura ainsi plus de trafic dans la quasi-intégralité des quartiers Saint-Pierre et Saint-Eloi. De nouveaux plans de circulation seront mis en place pour préserver les quartiers des circulations de transit intempestives ainsi qu’une stricte application de la règle pour les livraisons de 7h à 11h.

Des itinéraires marchables

Afin de rendre la marche attractive, Bordeaux lance « la ville à grands pas » : des itinéraires de marche confortables « pour permettre aux piétons de circuler à l’ombre des arbres, avec des fontaines et des bancs ». 1,8 millions d’euros seront investis en particulier à Caudéran où un effort particulier sera porté sur les trottoirs.

Pour sensibiliser à la marche, l’opération « Ma Rue Respire », nouvelle appellation des dimanche sans voiture, sera étendu à tous les quartiers de la ville à partir du 3 octobre. Un premier test aura lieu le dimanche 19 septembre à l’occasion de la semaine européenne de la mobilité.

Ma Rue Respire

Par ce test, le quartier des Chartrons sera particulièrement concerné, avec la rue Notre-Dame et les alentours de la place de la Halle des Chartrons fermés ces dimanche là à la circulation auto. Mais ces quartiers expérimenteront dès janvier 2022, une piétonisation continue, en vue de la rendre définitive en 2023.

« Sur l’avenir des aménagements, nous allons consulter les commerçants et en particulier les restaurants, commente Bernard Blanc, le maire-adjoint du quartier Chartrons. Les restaurateurs sont les premiers concernés puisqu’ils exploitent les terrasses. Mais ils faut également tenir compte des avis des riverains qui subissent les bruits de ces terrasses souvent tard le soir. »

Selon nos informations, les terrasses devront quitter les abords de la Halle des Chartrons pour profiter des trottoirs une fois libérés des places de stationnement pour voitures. Qu’en pensent les restaurateurs ? Les trois interrogés ne connaissent pas le projet, et encore moins ses détails. Leur principal souhait est de maintenir le nombre de couverts en extérieur, conscients cependant de devoir réaliser des aménagements en cas de pluie.

Pour compléter le tableau marche, le programme « Rue aux enfants » va prochainement concerner huit nouvelles écoles en 2021, en plus des sept existantes. Les années suivantes, 15 à 20 écoles par an seront comprises dans le programme. L’objectif est d’atteindre 80 % des écoles aménagées en 2026.

Objectif dans l’hyper-centre : moins de voitures, plus de vélos et de piétons Photo : WS/Rue89 Bordeaux

Zone 30 km/h étendue

La vitesse à 30 km/h devrait « créer les conditions nécessaires pour que les habitants se déplacent à pieds ou à vélo » espère Pierre Hurmic, selon lequel « 68% des habitants de la Métropole y sont favorables ». 37% des rues bordelaises le sont déjà et 89% le seront dès janvier 2022. Un dispositif qui pourrait « diviser par 5 le risque pour un piéton d’être tué sur la route, et diviser par deux les nuisances sonores ».

Cette baisse de vitesse, conjuguée à la suppression des carrefours à feu demandée à la métropole permet « d’augmenter la fluidité de la circulation et de baisser la pollution » assure le maire, citant une étude à venir du Cerema.

La zone 30 devrait conduire au rétrécissement des voies et à l’augmentation de la largeur des pistes cyclables, que méritent largement certaines rues où ce type de double sens existe sans toutefois convaincre. « La petite reine deviendra grande », assure la Ville, avec 28 km d’aménagement dédié en plus des couloirs vélo-bus d’ici la fin du mandat.

La zone 30 devrait augmenter la largeur des pistes cyclables, y en a besoin ! Photo : WS/Rue89 Bordeaux

De nouvelles formules pour le stationnement

La voiture va connaître d’autres motifs de dissuasion. De nouveaux quartiers vont prochainement intégrer le stationnement payant, bien que des concertations sont toujours en cours.

« Lors du passage d’une zone en stationnement résident règlementé, 20% des automobilistes qui s’y rendaient en voiture et 8,5% de ses habitants sont passés aux transports en commun et au vélo », argumente la municipalité sur la base de l’enquête déplacement 2017 de Bordeaux Métropole.

Les trottinettes et motos aussi concernées

La tarification sociale et environnementale sera appliquée en 2023 et le tarif professionnel étendu. Le Pass 52 est reconduit pour bénéficier de 52 jours pour une seconde voiture, pour un artisan ou pour une visite. Ainsi que les zones bleues qui permettront une heure de stationnement gratuit devant les commerces.

De nouveaux abonnements vont voir le jour après étude avec Metpark : le forfait nuit pour 35€/mois pour ceux qui utilisent leur voiture la journée, ainsi qu’un abonnement week-end élargi pour le même prix et un abonnement 2e voiture à moitié prix que la première.

Le free floating et les deux roues motorisés vont également connaître un nouvel encadrement. Pour le premier, 200 à 300 zones de stationnement obligatoire, en limitant le nombre d’opérateurs avec un cahier des charges plus strict. Les seconds devront hériter de zones de stationnement pour l’instant gratuit, pour éviter d’encombrer les trottoirs et les places publiques.

La zone à faibles émissions bientôt créée

Si, contrairement à d’autres agglomérations françaises trop polluées, Bordeaux n’a pas été visé par la justice européenne, elle doit « répondre à une obligation légale », et instaurer d’ici fin 2024 une zone à faible émissions, dont l’accès aux véhicules les plus polluants sera interdit.

« Bordeaux ne peut pas la faire seule, c’est une compétence métropolitaine obligatoire pour répondre à la loi climat résilience, et la ZFE doit couvrir la moitié de l’agglo, explique Pierre Hurmic. Nous voulons mettre en place une ZFE dans tout l’intra rocade, ce qui concerne 14 maires. Bruges et Lormont par exemple sont déjà partisans… Nous sommes parfaitement alignés avec Bordeaux Métropole sur ce sujet. »

600 morts de la pollution par an

Le maire promet que la ZFE prévoira un dispositif d’aides pour les plus modestes propriétaires de véhicules polluants. Sa mise en place pourrait voir ses arrêtés publiés mi 2022, pour une entrée en vigueur dès la fin de l’année prochaine. Et il y a une urgence sanitaire, selon Claudine Bichet, première adjointe :

« La pollution de l’air fait 600 morts par an sur Bordeaux Métropole, et représente un coût de 300 millions d’euros par an pour les organismes de santé. Jusqu’à présent la métropole bordelaise n’était pas concernée par cette loi car elle ne dépassait pas les seuils de pollution de manière régulière. Mais on a un certain nombre de zones assez régulièrement en dépassement des seuils de l’OMS (organisation mondiale de la santé), alors qu’elles accueillent des établissements de personnes fragiles (personnes jeunes ou âgées). »

L’élue rappelle qu’en 2016, Bordeaux a été lauréate d’un appel à projet de l’Ademe (Agence de la transition écologique, anciennement Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) pour l’instauration d’une zone à circulation restreinte, son nom de l’époque. Mais Alain Juppé, alors maire et président de la métropole « avait fait avorter le projet en interrompant ses études ».


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