« Logements de transition » pour « personnes en rupture brutale de logement » à Blanquefort ; « espaces temporaires d’insertion » à Bègles et Mérignac, destinés à des familles Roms vivant dans les squats de la métropole bordelaise ; « un chez soi d’abord », appartements thérapeutiques pour des sans abri atteints de troubles psychiatriques… Ces initiatives présentées dans ce nouveau dossier de Rue89 Bordeaux tentent de donner corps à la stratégie du « logement d’abord », visant à proposer aux plus précaires un toit et donc une dignité, points de départ de toute démarche d’inclusion.
Leur portée est toutefois loin de concrétiser le vœu d’Emmanuel Macron, qui promettait en 2018 un toit « à toutes celles et ceux qui sont aujourd’hui sans abri ». D’autant moins que la Gironde est un des départements qui compte à la fois le plus de squats, mais aussi d’expulsions de ces derniers (1 330 lieux de vie informels évacués sur l’année écoulée, dont celle de la Zone Libre, soit 31% du total français !). Et la Nouvelle-Aquitaine dispose d’un taux d’équipement en centre d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) en deçà de la moyenne nationale (1,04 place pour 1000 habitants, contre 1,32 en France).
Parallèlement, l’agglomération bordelaise, « zone tendue » à l’instar de toutes les grandes villes françaises, traverse une crise du logement structurelle. Dans son dernier rapport sur le mal-logement, la Fondation Abbé Pierre constatait par exemple que dans six d’entre elles, dont Bordeaux, « l’accès au parc locatif privé aux conditions moyennes du marché, est très difficile, voire impossible, même avec l’aide des APL » (aides personnalisées au logement).
Arme d’insertion massive
Entre offre insuffisante et flambée spéculative, « une personne allocataire du RSA ne peut accéder à rien aux prix du marché, pas même un studio », estimait l’association. D’où la volonté de plusieurs métropoles, dont Bordeaux, de réguler ces prix, en expérimentant prochainement l’encadrement des loyers. Cela suffira-t-il à rendre rapidement accessible le parc privé à tous les ménages ? Rien de moins sûr.
Aussi, plus aucun élu de la métropole bordelaise ne regimbe officiellement à construire du logement social, alors que 45000 demandes y restent insatisfaites (en 2018, seulement 1 demande sur 5 a été assurée). Cette semaine, l’Union régionale HLM a donc fait des propositions pour relancer la production dans les zones tendues, où le nombre d’opérations a chuté depuis 2016 à cause notamment du coût et de la disponibilité du foncier, mais surtout de la réforme des APL, qui a privé les bailleurs sociaux de ressources financières colossales.
Aussi, certaines communes de l’agglomération, dont Bordeaux, sont encore loin des 25% de logements sociaux, un objectif qu’elles doivent atteindre d’ici 2025, et quelques-unes ont même vu cette part reculer, comme nous vous l’expliquerons dans ce dossier… Personne ne songe toutefois à se passer de ces HLM auxquels, des plus modestes aux classes moyennes, les trois quarts de la population sont éligibles. Complément et point de passage obligés des dispositifs mentionnés plus haut, le logement social reste une arme d’insertion massive.
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