L’offre culturelle est pléthorique côté expositions cet été à Bordeaux, entre Jofo à l’Institut Bernard-Magrez, Denis Monfleur au Musée des Beaux-Arts ou Kapwani Kiwanga au CAPC. Mais d’autres méritent une visite, pour certaines en urgence car elles vont bientôt se clôturer.
Redécouvrir Molinier (réservé aux adultes)
Vous serez au frais, mais elle peut vous donner chaud : l’exposition « Molinier rose saumon » est encore présentée à la MECA jusqu’au 17 septembre.
Le Fond régional d’art contemporain de Nouvelle Aquitaine a choisi de célébrer ses 40 ans d’existence en rendant hommage à l’artiste bordelais Pierre Molinier. Dès sa création en 1982, le Frac initiait sa collection « par l’acquisition d’une trentaine d’œuvres de cet artiste ».
Pierre Molinier, connu pour son art controversé et subversif a longtemps été « considéré comme marginal », avant d’être « aujourd’hui reconnu comme une figure emblématique de l’art en France et à l’étranger ». En raison de la « dimension érotique » de certaines œuvres, l’exposition est interdite aux mineurs et les photos ne sont pas autorisées.
L’exposition propose ainsi de « révéler des archives et témoignages inédits » qui permettent de revenir sur l’histoire de cet artiste et de son lien avec la ville.
Censuré
En 1951, son tableau Le Grand Combat qui représente des « corps entrelacés pris dans un tourbillon érotique » est censuré. Dans la première salle de l’exposition, un grand mur blanc est affublé d’un message de l’artiste en lettres rouges, s’insurgeant contre cette mise à l’écart du 30e Salon des indépendants bordelais.
Pourtant Molinier est un grand nom à Bordeaux : il s’y installe dès 1922 comme artisan peintre et devient l’un des membres fondateurs de la Société des Artistes Indépendants Bordelais.
Cette participation active à la vie artistique bordelaise ne le sauve pas de la censure :
« Jugée indécente, l’œuvre, voilée, devient le motif d’une rupture fracassante et médiatisée avec la “bonne société” bordelaise (artistes compris) ; une rupture tant institutionnelle, que sociale et esthétique. »
Dans une des pièces de l’exposition un plan de sa « chambre boudoir-atelier » du 7 rue des Faussets est dessiné sur le mur, au milieu d’explications historiques et d’anecdotes sur les pièces de cette résidence. « Elle devient dès lors un lieu de travail et de mystique où se partageaient amitiés, amours, plaisirs solitaires et performances de genre entre adultes consentants. »
Le spectateur pourra, au travers du reste de l’exposition contempler des photographies, sculptures et autres dessins originaux et subversifs. Des œuvres de Molinier, mais aussi de nombreux autres artistes pour explorer à travers cette exposition « ses sources d’inspiration et mettre en exergue filiations artistiques contemporaines et affinités trans-générationnelles ».
Pour les plus jeunes, le Frac propose une salle dédiée à la découverte de Pierre Molinier à travers une quinzaine de ses œuvres pour “questionner le corps et les genres », en abordant la représentation des corps masculins et féminins ou encore le « travestissement ».
Jusqu’au 17 septembre 2023. Renseignements sur le site du Frac.
L’art préhistorique, l’émotion intacte 40000 ans après (tous publics)
35000 ans avant notre ère, le Sud Ouest de la France est une steppe glacée, où Homo Sapiens chasse le rennes et l’auroch. Mais nos ancêtres font d’ores et déjà preuve d’une étonnante créativité. Si le grand public pense d’abord aux fresques de Lascaux ou Chauvet, l’exposition qui se tient jusqu’au 7 janvier au Musée d’Aquitaine présente un panorama passionnant des formes d’art parvenues jusqu’à nous.
Leur (re)découverte a été tardive : 1845 pour un os représentant deux biches dans la grotte du Chaffaud, 1896 pour les gravures de mammouth de la grotte de Pair-non-Pair. Leur mise au jour apporte « la preuve irréfutable que l’art pariétal existe bel et bien », et n’est pas l’œuvre de faussaires comme le pensaient beaucoup. « En effet, ces gravures sont enfouies sous de riches couches archéologiques et ne peuvent donc pas être plus récentes que celles-ci », peut on lire sur les cartels de l’expo.
450 pièces exposées
C’est principalement de l’art animalier, ainsi que des symboles, qui sont peints sur les parois des grottes, par des artistes expérimentés, connaissant parfaitement leurs modèles et transmettent leurs connaissances « de génération en génération mais aussi de groupes en groupes ». L’exposition, conçue avec des musées espagnols et portugais, démontre ainsi l’intensité des échanges de savoirs et d’objets de part et d’autre des Pyrénées, entre peuples alors nomades.
Des experts de ces établissements, ainsi que du Musée national d’archéologie de Saint-Germain-en-Laye, apportent des éclairages dans les vidéos qui jalonnent le parcours, articulé autour de plus de 450 pièces – essentiellement des moulages, les originaux étant trop fragiles pour être exposés : des bifaces (silex), des éléments de parure – comme ces pendentifs en canine d’ours – ou encore des os gravés de figures humaines, dont la fameuse Dame à la capuche en ivoire de mammouth découverte en 1894 à Brassempouy dans les Landes.
Sens mystérieux
Sont aussi exposés des instruments de musique comme les flûtes en os ou les rhombes, et on comprend désormais que les cavités des grottes et les stalactites ou stalagmites servaient de percussions… Quelle était le sens de ces expressions artistiques ? Il demeure mystérieux, peut-on lire en conclusion de l’expo :
« Les théories qui se sont succédé (« l’art pour l’art, magie de la chasse, chamanisme…) ont toutes été contredites par les théories ultérieures. Les recherches actuelles portent sur l’art comme support de mythes, d’histoires communes, nécessaires à la cohésion des petits groupes de chasseurs-collecteurs du Paléolithique. »
Mais aujourd’hui, poursuit le texte, « chacun, avec sa sensibilité, peut être touché, ému par ces peintures et ces gravures qui nous viennent d’un lointain passé. C’est la preuve de la force universelle de l’art, capable de susciter des émotions et c’est peut-être aussi ce qui fait de nous des humains ».
De fait, et même si on peut regretter l’absence de fac-similé de parois telles que ceux créés pour Lascaux 3, le visiteur a de quoi être subjugué par la finesse et la précision des œuvres. De nombreux jeux et un parcours tactile permettent d’embarquer les enfants dans ce voyage dans le temps.
Jusqu’au 7 janvier 2024. Renseignements sur le site du Musée d’Aquitaine
Chercher la petite bête (avec ses enfants)
« Qui n’a jamais eu affaire à des poux, tiques et autres petites bêtes… dont on a qu’une envie, se débarrasser, mais qui jouent un rôle fondamental encore trop méconnu sur la biodiversité ? »
C’est la question que pose Cap Sciences pour introduire l’exposition « Mini-monstres : poux, tiques et autres petites bêtes », présentée depuis le 7 juin et jusqu’au 5 mai 2024, et qui vous en apprendra davantage sur ces « petites bêtes » avec lesquels nous cohabitons sans nécessairement bien les connaître.
L’exposition conçue et réalisée en 2020 par le musée d’histoire naturelle Confluences à Lyon, a également été présentée au Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris, du 22 octobre 2022 au 23 avril 2023, avant de « faire escale » à Bordeaux.
4 parcours immersifs et ludiques
Pendant environ 1h30, vous pourrez explorer les 4 espaces de l’exposition.
D’abord, la partie « Le corps est un éco-système » permet de découvrir comment notre corps « abrite une multitude de créature invisible » qui se cachent dans nos cheveux, poils sur notre peau : un environnement dont ces « parasites » ont besoin pour vivre.
« Si nous étions des puces, nous serions capables de sauter au dessus de la Tour Eiffel ! », s’exclame la guide en début de visite pour introduire la deuxième partie de l’exposition : « Des espèces aux super-pouvoirs ».
Faite de compartiments entrouverts, cet espace permet aux visiteurs de connaitre plus en détails ces mini-monstres, mais aussi apprendre quelques informations surprenantes. En plus du saut de puce, vous serez peut-être aussi ravi (ou dégoûté) d’apprendre que les larves de 3 mouches sont capables de dévorer le cadavre d’un cheval aussi vite que le ferait un lion. Miam.
Impossible de passer à côté de la troisième partie de l’exposition tant le microscope géant qui en fait partie attire l’attention. À travers, « le microscope et le mystère de l’invisible », on comprend comment les humains observent ces créatures depuis longtemps, quelles techniques et avancées scientifiques ont permis de faire progresser les connaissances en la matière. Interactif, cet espace permet d’observer de vraies petites créatures à travers des objets grossissants.
« Vous apprendrez même qu’il n’y a pas de chocolat sans moustique », conclue enfin la guide pour présenter le dernier espace : « une invasion programmée » qui doivent permettre de convaincre les visiteurs de ne pas exterminer à tout prix ces espèces qui sont très utiles.
Cette partie explore le rapport des humains à ces petites bêtes et abordent leurs différentes représentations sociales, les mythes et légendes de différents continents qui leur sont associés et surtout comment nos modes de vies contemporains affectent leur prolifération. On apprend par exemple comment ces diverses espèces s’adaptent aux produits chimiques néfastes que nous utilisons pour nous en débarrasser et comment l’extension des villes, couplée au réchauffement climatique, est responsable de « l’invasion » de ces mini-monstres, toujours plus nombreux.
Encore piqué de curiosité ?
Cap sciences complète la visite par trois autres étapes : un atelier d’observation propose aux visiteurs de « reconstituer un grand puzzle de la biodiversité sur un écosystème de proximité » ; le « défi curieux », un quizz ludique entre deux équipes de visiteurs organisée sur le modèle d’un jeu télévisé, fera appel aux connaissances acquise durant l’exposition mais aussi à votre culture générale ! Rue89 Bordeaux s’est prêté à l’exercice, et s’est même retrouvé en finale !
Enfin, « L’expoZZZition, sur la piste du Moustique Tigre », conçue par la Fédération de la Pêche et de Protection du Milieu Aquatique de la Gironde doit permettre de « mieux comprendre les particularités du moustique tigre ». Cet insecte qui peut-être porteur de maladies dangereuses comme le chikungunya, la dengue ou zika, est « fortement implanté dans la région depuis 2014 ».
Jusqu’au 5 mai 2024. Infos sur le site de Cap Sciences
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