L’allure est décidée. Aurélien Calmels semble savoir y faire : sonner chez les gens, entrer chez eux, entamer une discussion sur un bout de table, glisser « une petite blague » pour détendre l’atmosphère… Le trentenaire s’est rôdé en vendant des isolations à 1€ aux particuliers. Mais il a embrassé depuis un « métier qui a du sens ». Désormais chargé de visite dans le cadre du programme Slime33 (service local d’intervention pour la maîtrise de l’énergie du Département de Gironde), il n’a « plus rien à vendre ».
Employé par la MPS (Maison pour la promotion sociale), une association œuvrant à l’origine dans l’éducation populaire, son entregent lui est toujours utile pour entrer dans l’intimité de foyers sud Girondins, qui lui sont indiqués par l’assistance sociale. Il visite leurs logements afin d’y déceler les causes de leur précarité énergétique.
Ce jour-là, avec sa grosse valise d’outils de mesure qu’il fait rouler derrière lui, il se présente chez Julie* (à la demande des témoins, les prénoms ont été changés), une métairie en pierres aux confins de l’Entre-deux-Mers. Sur un bout de table, devant les factures d’électricité, la discussion s’amorce.
Une « tuile » et un bas de laine à sec
Julie dépense plus de 2000€ par an pour se chauffer au gaz, alors qu’elle ne gagne que le Smic. Malgré l’installation d’un poêle à bois, subventionné par ma Prime Renov, cette mère célibataire n’atteint que péniblement les 18 °C en hiver, soit un degré inférieur à la température de confort, et 15 °C certains matins.
Lorsqu’il y a trois ans, elle est devenue propriétaire d’un joli ensemble du XIXe siècle de 400 m2 (mais seulement 80 m2 habitables), une « mauvaise surprise » découverte dans la structure du toit l’oblige à dilapider les fonds prévus pour le réhabiliter. Julie renonce à isoler sa maison, et pense ne pas être éligible aux aides de l’Etat.
La propriétaire rejoint ainsi les rangs des 88000 ménages girondins en précarité énergétique, c’est à dire dépensant au moins 8% de leurs revenus dans le chauffage. Ils représentent 14% des ménages du département, quand, selon la Direction départementale des Territoires et de la Mer (DDTM), 25% des Français seraient concernés.
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