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Prolongation de l’enquête publique sur les aménagements de la LGV au sud de Bordeaux

Lancée le lundi 13 juillet, l’enquête publique environnementale sur les aménagements ferroviaires au sud de Bordeaux (AFSB) s’achèvera le 28 août, au lieu du 13 comme prévu initialement. Cette décision réjouit les opposants à la création de cette 3e voie destinée à la LGV Bordeaux-Toulouse, qui avaient dénoncé cette consultation en plein été.

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Prolongation de l’enquête publique sur les aménagements de la LGV au sud de Bordeaux
Montage à partir des éléments de l’enquête publique

15 jours de plus, c’est-à-dire la durée maximale possible par l’article L123-9 du code de l’environnement. Le préfet de la Gironde, Étienne Guyot, vient de prendre un arrêté qui repousse la fin de l’enquête publique relative aux aménagements ferroviaires au sud de Bordeaux (AFSB), jusqu’au 28 août 2024 inclus, au lieu du 13 comme prévu initialement.

S’il est prévu également par la loi qu’il est possible d’organiser une réunion d’information et d’échange avec le public durant cette période de prolongation de l’enquête, celle-ci n’est en revanche pas évoquée. C’est tout de même une satisfaction pour les associations et collectifs d’opposants aux AFSB qui consistent à la création d’une troisième voie de 12 kilomètres pour la LGV Bordeaux-Toulouse.

« Ça veut dire que notre demande était légitime et qu’elle a été entendue. Ce qui nous donne un peu de répit et de visibilité, et ça c’est parfait. On a bien fait de ne pas lâcher et ça paye », commente Pauline Dupouy, porte parole de LGV Non Merci.

Plus de 80 élus montés au créneau

Car les associations et collectifs de LGV Non Merci (LGVEA, Stop LGV Bordeaux Métropole, Alternative LGV Bordeaux Sud, LGV Nina, et LGV Desrailhà) avaient à nouveau dénoncé « les conditions inacceptables du déroulement de l’enquête » dans un courrier envoyé le 24 juillet au préfet Etienne Guyot et au président de l’enquête publique Gérard Charles.

Ce troisième courrier, après un premier courrier envoyé le 25 juin et un deuxième envoyé le 12 juillet, a été soutenu par huit autres associations, comme la Sepanso et Transcub’. Il a également été cosigné par plus de 80 élus de tout bord politique, parmi lesquels on retrouve les sénatrices et sénateurs Nathalie Delattre (parti radical), Monique de Marco (EELV), Florence Lassarade (LR), Hervé Gilles (PS) ; les député.es Pascale Got (PS), Sophie Mette (Modem), Nicolas Thierry (EELV), Mathilde Feld (LFI), Loïc Prud’homme (LFI) ; le président du département de la Gironde Jean-Luc Gleyze (PS) ; et les maires Pierre Hurmic (EELV Bordeaux), Clément Rossignol-Puech (EELV Bègles), Bruno Marty (ex PS La Réole)… pour ne citer qu’eux.

Tous les signataires demandaient, « dans ce contexte politique incertain, de favoriser largement le débat démocratique que méritent les AFSB ».

« Nous demandons unanimement l’allongement / la suspension de cette enquête afin qu’elle finisse minimum fin mi-septembre, l’organisation de réunions publiques échelonnées sur la durée de l’enquête et début septembre, l’étalement des dates de permanences en mairie de manière à couvrir la totalité de la durée de l’enquête publique… », peut-on lire dans ce courrier.

« Une gabegie »

« C’est toute la Gironde qui a demandé, résume Pauline Dupouy. Quand on s’y prend comme ça, c’est légitime et ça fonctionne. Donc certes, on avait demandé jusqu’au 15 septembre et c’est finalement fin août, mais on nous avait surtout dit au début que c’était comme ça et pas autrement. Il y avait un mépris incroyable. Pour la première fois, monsieur Guyot a changé ses plans. »

C’est donc un soulagement pour les opposants aux AFSB, aménagements qui font partie du Grand projet du Sud-Ouest (GPSO), qui fustigeaient une enquête « en catimini » en plein cœur de l’été, entre le 13 juillet et le 13 août.

Initialement prévue du 24 juin au 23 juillet, l’enquête a été décalée à cause des élections législatives qui se tenaient les 30 juin et 7 juillet derniers. Reportée en pleines vacances, les associations et collectifs estimaient la période « défavorable à un partage efficace d’informations au sujet des AFSB, à une participation large de la population et donc à un fonctionnement démocratique effectif ».

Cependant, à l’heure de la rédaction de ces lignes, plus de 500 contributions sont comptabilisées sur le registre numérique, quasiment toutes opposées au projet. « Un projet pharaonique désastreux [qui] n’a plus lieu d’être » écrit une contributrice de Bernos-Beaulac (Gironde), « une gabegie surtout à un moment où la France est endettée plus de 3000 milliards » écrit une autre de Pindères (Lot-et-Garonne), pour ne citer qu’elles.

Permanences mais pas de réunion publique

Si les opposants se targuent d’avoir « su fédérer », ils ne cachent pas leur mécontentement « qu’il n’y ait pas de réunion d’information publique » prévue dans l’arrêté.

« Parce que personne n’y comprend rien dans cette affaire, ajoute Pauline Dupouy. On ne sait même plus à quoi sert le milliard d’euros qui va être dépensé pour 12 kilomètres. Il y a des sondages qui affirment que les gens sont pour le GPSO et d’autres disent ne pas savoir de quoi il s’agit. »

Référence à un sondage Odoxa récemment commandé par SNCF Réseau qui évoque d’un côté 86% des habitants des anciennes régions Aquitaine et Midi-Pyrénées favorables au Grand projet ferroviaire du Sud-Ouest (lignes à grande vitesse Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax) et, d’un autre côté, 81 % des 2000 personnes interrogées reconnaissent aussi ne pas savoir précisément de quoi il s’agit.

« On est sur le pont pour expliquer tout ça », promet Pauline Dupouy. LGV Non Merci sera « dimanche 11 août à Bègles pour le tour Alternatiba, le lendemain à Pissos, dans les Landes, et fin août à Aubiac sur une invitation de la Confédération Paysanne« .

Par ailleurs, le dossier d’enquête reste consultable jusqu’à cette date dans les mairies de Bègles, de Cadaujac, de Saint-Médard-d’Eyrans et de Villenave d’Ornon, aux jours et heures habituels d’ouvertures au public, ainsi que sur le site. La commission d’enquête recevra le public jusqu’au 28 août lors de 8 permanences supplémentaires dont les modalités feront l’objet d’une parution dans l’édition de ce mercredi 7 août du quotidien Sud Ouest.


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