Plus menacé que le panda géant, à peine moins que le gorille, le vison d’Europe est en tête de liste des mammifères risquant une disparition pure et simple en France. C’est aussi l’un des carnivores les plus en danger d’extinction au monde.
Pour tenter de sauver le mammifère, une réintroduction de visons nés en captivité à la Zoodyssée, dans les Deux-Sèvres, va être réalisée en aout prochain. Ce sera une première en France.
10 ans après la création de cet élevage, dans la forêt de Chizé, où sont nés 42 visons d’Europe, 10 à 15 jeunes individus seront relâchés dans la nature cette année, et 100 d’ici 2031, près d’un affluent de la Charente. Les individus seront pucés et suivis pendant une année afin d’observer leurs déplacements, avec l’espoir qu’ils recolonisent notamment le marais poitevin.
Prévue par le deuxième plan national d’actions (PNA) vison d’Europe, cette translocation (le terme exact pour ce type de réintroduction) aura « pris un peu de temps » en raison de nombreux facteurs à prendre en compte, explique Guillaume Romano, directeur de Zoodyssée :
« L’idée est d’être dans une zone où il n’y a pas de vison américain, une espèce concurrente, ni de vison d’Europe à proximité, car c’est un animal ultra territorial et solitaire. Il faut par ailleurs que cela soit près d’un cours d’eau, car il ne vit pas à moins de 150 mètres des rives, mais ne présentant pas de risque d’inondations pour les volières de pré-lâcher. Enfin, il ne doit pas y avoir de route trop importante dans les environs car les collisions sont une cause importante de mortalité. »
Entre 100 et 250 survivants
C’est aussi en Charente, en amont d’Angoulême, que les dernières reproductions de ces petites bêtes ont pu être constatées en France, à l’occasion du programme LIFE Vison. Financé par l’Union européenne (à hauteur de 3 millions d’euros sur 4 millions au total) et piloté par la LPO (Ligue pour la protection des oiseaux), celui-ci avait permis de recenser une cinquantaine de ces mustélidés – la même famille que le furet, la belette ou la loutre.
Si officiellement moins de 250 individus seraient présents sur le territoire national, tous localisés en Nouvelle-Aquitaine, Romain Beaubert, de la LPO, considère qu’il en reste « seulement une centaine ». Mais pour le chargé d’études de LIFE Vison, il faut prendre les recensements de visons avec des pincettes :
« Le vison d’Europe est extrêmement difficile à étudier. Il est interdit de le capturer, et peu de pièges photos parviennent à le flasher. C’est un petit animal (entre 40 et 60 cm), essentiellement nocturne, qui vit au bord des cours d’eau et a un domaine vital très grand. Il est très mobile, ne gîte quasiment jamais deux nuits au même endroit. Nous avons fait du suivi télémétrique sur des animaux sauvages et un jeune mâle relâché près d’Angoulême a remonté 170 kilomètres de cours d’eau. Pour un animal qui pèse moins d’un kilo, c’est monstrueux ! »
Discret et mobile
Le spécialiste indique que certains individus peuvent même faire 300 kilomètres en quelques mois, expliquant la présence d’un vison isolé vu il y a trois ans au Pays basque, venu soit d’Espagne soit du nord de la région Nouvelle-Aquitaine. Et que le mammifère est potentiellement présent partout dans la région :
« La discrétion et les capacités de déplacements du vison font que même dans des secteurs où il n’a pas été observé, capturé ou retrouvé mort, cela ne signifie pas qu’il n’est pas présent, n’est pas passé, voire n’a pas fait plusieurs allers-retours dans la semaine. On ne cherche même plus à savoir s’il est présent ou pas, on considère qu’il est présent dans tout le Sud Ouest. »
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