Rue89 Bordeaux l’avait rencontrée en mars 2021, alors qu’elle s’apprêtait à recevoir un prix du Comité de la Légion d’honneur de Bordeaux centre pour son engagement. Marie-Christine Renaudeau tenait à l’époque une boulangerie, Le Pain de la Renaissance ; un nom évocateur pour cette femme en reconstruction, après plus de 15 ans à subir des violences conjugales.
Repartie de zéro après la condamnation à 5 ans de prison, dont deux ans de sursis avec mise à l’épreuve, de son ex-mari en 2018, elle a fait le choix de venir à son tour en aide à des femmes victimes de violences conjugale, notamment via son engagement auprès de la Maison d’Ella.
C’est aujourd’hui dans un livre, Quand les portes et les volets sont clos, sorti chez Hello Editions le 10 octobre dernier, qu’elle témoigne. Un récit fort, à la première personne, sans filtre sur l’emprise et la violence dont elle a été victime. Elle revient ainsi sur ces quinze années de solitude, de honte, de peur pour sa fille et elle, avant de prendre la fuite et d’entamer sa reconstruction.
En cette journée internationale de lutte contre les violences sexistes et sexuelles, et alors que le 20 novembre une femme de 45 ans a été tuée par son conjoint à leur domicile de Saint-Ciers-d’Abzac, faisant d’elle le visage du 4e féminicide en Gironde (et le 146e en France) depuis le début de l’année, ce témoignage est plus qu’un hommage à celles qui luttent : c’est un cri du cœur, un appel à la vigilance.
« Je voulais interpeller »
Avant même de commencer votre récit, vous parlez de votre intention de « transmettre plutôt que de raconter ». Pouvez-vous expliquer la nuance ?
Transmettre c’est parce que des femmes vont ressentir la même chose que moi. Souvent, lorsque je vivais cette histoire je me disais que j’étais folle. Comme c’était devenu mon quotidien, je pensais réellement que j’étais folle, que c’était moi qui l’agaçait et que c’est pour ça qu’il réagissait comme ça. D’où le terme « transmettre ».
Le titre, « Quand les portes et les volets sont clos »…
C’était mon cri de SOS
Un SOS que votre amie Marie* (*prénom modifié) est la première à avoir entendu. Pourquoi en avoir fait le titre de votre livre ?
Il est devenu le titre de mon livre parce que justement, on a des phrases comme ça avec lesquelles on a l’impression d’appeler au secours. Pour nous c’est tellement sensé ce que l’on dit, et les gens ne comprennent pas. Je voulais interpeller par ce titre, parce que c’était vraiment mon cri de désespoir. On me disait beaucoup : « qu’est-ce que vous avez un mari gentil ! Mais quelle chance vous avez, il est disponible tout le temps », et moi je répondais « mais quand les portes et vos laissons clos, on ne sait jamais ce qui se passe ».
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