Unanimité
Mais le conseil interprofessionnel des vins de Bordeaux (CIVB), la région Nouvelle-Aquitaine, le ministère de l’agriculture l’assurent désormais dans une vibrante unanimité : les pesticides vivent leurs derniers jours, mois, années… Le plan Ecophyto 2 le promet : deux fois moins de pesticides d’ici 2025 en France. Comme la vigne représente 20 % de la consommation française de ces produits, on va enfin respirer dans le Bordelais.
Sauf que si on creuse – ce que Rue89 Bordeaux a fait pour cette enquête – on voit que ce n’est pas gagné. Les vignes du Bordelais occupent la moitié de la surface agricole du département. Elles sont l’une des principales vitrines de la réussite agricole néo-aquitaine, 1ere région agricole de France. Bref, les vignes c’est la classe, des sous, des emplois… Donc ce n’est pas simple de changer le carburant avec lequel fonctionne ce navire.
Sourires ou grimaces
Nous avons traversé le département pour rencontrer les travailleurs de la vigne. Les viticulteurs ne veulent pas continuer ainsi. Certains ont lâché la came qui circulait dans leurs rangs : ciao les pesticides ! Bonjour la bio ! En leur tirant le portrait, nous avons vu que certains souriaient, d’autres faisaient la grimace ou la moue. Ces articles sont à lire en accès libre, leur parution s’échelonnera toute la semaine.
Notre enquête montre que travailler sans pesticides implique de nouvelles contraintes et un coût supplémentaire, que le marché (voire le consommateur) n’accepte pas.
Dans le même temps, les politiques publiques sont peu efficaces, voire contreproductives : confier aux fabricants et revendeurs de pesticides la formation Certiphyto, destinée à réduire la consommation de produits phytosanitaires, c’est comme si le ministère de la Santé autorisait les dealers d’héroïne à prendre en charge des cures de désintoxication… Ce que nous confirme le chercheur à Sciences Po Bordeaux Matthieu Ansaloni dans l’entretien vérité qu’il nous a accordé.
Si la fin des pesticides n’est pas pour demain, c’est aussi que la recherche pour trouver les moyens de s’en passer avance très lentement. Mais ces solutions existent, il est temps de s’y engager franchement.
Peut-être qu'au lieu de vous faire plaisir à bon compte, vous pourriez simplement vous contenter de nous informer, c'est même pour cela que l'on s'abonne, pas pour nous enrôler dans votre petite croisade simpliste.
Quelques vérités que vous pourrez vérifier aisément :
- A Bordeaux, les "bios", les viticulteurs en biodynamie, en lutte raisonnée ou intégrée, représentent plus de 45% du vignoble détenteurs d'une des nombreuses certifications. Donc stigmatiser le vignoble bordelais et les bordelais est stupide.
- Je vous recommande aussi la lecture de cet article :http://www.lasantedanslassiette.com/au-menu/articles/pesticides-bio.html qui vous montrera que même en bio, les agriculteurs traitent leurs vignes.
- ainsi que celle de votre confrère 60 millions de consommateurs sur le délicieux "Saumon bio"
- en replay le cash investigation sur les délicieux "jambon bio" aux nitrates.
Ces deux articles montrent les limites des labels dans d'autres productions.
Bref il serait plus utile de promouvoir le changement de modèle agricole et de se battre pour une réelle information des consommateurs que de faire le buzz en opposant artificiellement des bons et des méchants.
cordialement
Vous n'avez manifestement pas lu l'intégralité de notre dossier avant de commenter, et nous vous assurons que les informations que vous y trouverez ne relèvent pas d'une "croisade simpliste".
Nous y donnons la parole à tous les acteurs de la profession pour tenter de comprendre pourquoi l'usage des pesticides continue d'augmenter, sans prendre parti pour des "gentils" bio ou des "vilains" conventionnels, dont nous dressons une galerie de portraits. Nous y exposons la réalité de leurs situations respectives, la complexité de celle-ci, sans occulter par exemple le problème du traitement au cuivre en viticulture bio, en particulier pour les sols.
Nous montrons par ailleurs en quoi ce chiffre de 45% du vignoble bordelais certifié n'est en rien significatif d'une tendance essentielle, qui doit être la réduction effective de l'usage de molécules CMR (cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction).
Bref, notre dossier propose une réelle information des lecteurs, objective quoique engagée, qui ne peut se résumer à ce court article introductif et éditorialisé. Lisez le dans son intégralité, et nous serons ravis d'en débattre ensuite avec vous.
Très cordialement