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Que sont devenus les Coursiers bordelais, coopérative de livraison à vélo ?

La roue tourne. Après avoir connu les déboires de l’ubérisation, des livreurs à vélo avaient lancé en novembre 2017 leur propre société coopérative et participative (SCOP). Sobrement renommés les Coursiers bordelais, Arthur, Théo et Arthur ont fait le pari du local, de l’éthique et de l’écoresponsable pour se démarquer des mastodontes de la livraison. Et ça paie.

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Que sont devenus les Coursiers bordelais, coopérative de livraison à vélo ?


Face à la précarité du statut d’auto-entrepreneur proposé par les plateformes de livraison, ils souhaitaient améliorer leurs conditions de travail afin de bénéficier de celui d’indépendant ou de salarié, plus protecteur. Huit mois après leurs premiers coups de pédales, ces passionnés du deux-roues se réjouissent aujourd’hui les premières retombées économiques positives :

« On est plutôt content ! On l’avait espéré, et ça y est, on sort la tête de l’eau financièrement », se félicite Arthur.

Avec environ 20 à 25 livraisons quotidiennes, les trois coursiers peuvent enfin se salarier, et espèrent prochainement en recruter un quatrième. L’achat de matériels de pointe – deux vélos cargo (4000 euros l’unité) ainsi qu’un nouveau vélo pour le futur coursier – leur a permis de diversifier leurs offres de livraison, élargissant de fait leur clientèle.

Les tarifs sont calculés en fonction du poids du colis et de la distance parcourue pour la livraison. Il suffit alors de passer commande sur le site internet, grâce à la plateforme CoopCycle dédiée aux coopératives de livraisons.

Doudou égaré, bouquets de fleurs et prothèses dentaire

« Nous livrons tout », tel est le slogan inscrit en lettre blanche sur l’imposante caisse noire du vélo cargo. Alors qu’ils ont tous trois des expériences de plusieurs années dans la livraison à domicile de restauration, les Coursiers bordelais ont fait le choix de la diversification.

Leur objectif est en effet de proposer leurs services à tous les commerçants et particuliers. Des bouquets de fleurs, des cartons, des documents officiels pour un cabinet d’architecture, des caisses de vins, des produits bio… chacun y trouve son compte.

Pour la petite histoire, des parents ont même fait appel à eux pour rapporter à la crèche le doudou égaré d’un petit garçon. Les trois cyclistes participent entre autres à la diffusion de programme culturel (flyers, brochures, carte jeune, pass culture, etc.) les jours de marché pour le compte de la Mairie.

Si les affaires marchent bien en ces temps-ci, c’est notamment grâce aux « jolies surprises survenues au mois de mai », comme un partenariat avec un prothésiste dentaire ou l’entrée de nouveaux clients, parmi lesquels une boulangerie et un bijoutier.

Peloton fourni de concurrents

Les services de coursiers à vélo connaissent un véritable engouement ces dernières années, en raison notamment de la rapidité et de l’efficacité de leur prestation face à des routes toujours plus saturées. Récemment arrivés sur le marché, les Coursiers bordelais doivent donc trouver leur place parmi les groupes préexistants, comme Bimebo ou Bring It To Me.

Côté restauration, s’ils livrent par exemple des paniers-repas froids de chez le Buro des Possibles, et comptent parmi leurs clients réguliers des traiteurs et des boulangers, ils ne se sont pas lancés dans la livraison de plats préparés et repas chauds. Ils se veulent prudents face à la concurrence des géants numériques que sont Uber ou Deliveroo.

En raison de leurs horaires fixes – 8h00 à 19h00, du lundi au samedi – et du nombre limité de coursiers à disposition, ils ne peuvent encore assurer le flux trop important de demandes à des heures bien précises, le midi et le soir.

« Comme on est que trois, on ne peut répondre aux demandes dans l’urgence qu’impose le milieu de la restauration »

Le projet séduit les vélotaffeurs

Les trois bikers préfèrent donc se préparer avant de se lancer dans ce milieu bien plus périlleux, et déjà largement occupé par des plateformes internationales. Objectif à plus long terme : « récupérer une part du marché », et surtout « créer de l’emploi ».

Ce projet « éthique et coopératif » séduit d’ailleurs de plus en plus de cyclistes girondins. Au point de recevoir « une demande par semaine », issue en général de coursiers indépendants qui postulent auprès de toutes les plateformes de livraison sur Bordeaux. « Ils pensent qu’on fonctionne comme les autres », commente Arthur.

Néanmoins, une grande partie de ces candidatures spontanées provient selon lui de déçus du système ou de collègues intéressées par ce modèle alternatif de livraison. Le peloton des vélotaffeurs ne demande qu’à s’étoffer.


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