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Des milliers de Bordelais ont encore marché pour le climat, mais après ?

2000 personnes selon la police au départ de Pey Berland, 6000 à 8000 selon les organisateurs à l’arrivée du cortège à Darwin : un mois après la marche 8 septembre, la mobilisation a une nouvelle fois été forte ce samedi à Bordeaux. Et les organisateurs se préparent à un combat de longue haleine pour mettre la lutte contre le changement climatique en tête de l’agenda politique.

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Des milliers de Bordelais ont encore marché pour le climat, mais après ?

30°C dans les rues de Bordeaux ce samedi, quand la température moyenne est plutôt de 19°. Le temps se prêtait vraiment à une forte mobilisation contre le réchauffement planétaire, et 2000 à 8000 personnes battent à nouveau le pavé ce samedi à Bordeaux, presque autant que le 8 septembre dernier.

A défaut d’Alain Juppé, qui avait signé la veille un appel au « sursaut », les organisateurs de la marche – une des 80 qui se tiennent alors partout en France, pour 120000 manifestants -, remettent symboliquement le dernier rapport du GIEC à Anne Walryck, adjointe au maire de Bordeaux en charge du développement durable.

Dans ce texte, le groupe international d’experts du climat renvoie  les responsables politiques à leurs responsabilité : engager des changements rapides et radicaux pour contenir l’augmentation de la température globale à 1,5° par rapport à l’ère pré-industrielle.

« Aux arbres citoyens »

A Bordeaux, les manifestants effectuent un « die-in » et un clapping sur la place Pey Berland, puis se dirigent vers le pont de pierre – dont la fermeture aux voitures est un symbole fort d’engagement local, alors que la ville subit de plein fouet les effets du réchauffement. Devant la Société Générale du Cours Alsace-Lorraine , des militants de I-boycott et d’Action non-violente COP21 brandissent des mains rougies pour dénoncer les investissements de la banque française dans des projets « climaticides » de pipelines aux Etats-Unis.

« Changeons le système, pas le climat », martèlent en effet les citoyens qui défilent. « Aux arbres citoyens », affirme une banderole, alors qu’une halte est faite quai de Queyries pour un « tree hug » – un câlin aux platanes de la rive droite, en soutien aux marronniers de Gambetta.

« Tree hug » en solidarité avec les marronniers de Gambetta (SB/Rue89 Bordeaux)

Si le cortège est fait de plusieurs associations et collectifs, tels que celui opposé à la rénovation de la place Gambetta, la plupart des manifestants sont là à titre individuels, avec des slogans faits maison, de tous styles – footballistique : « Deux étoiles mais une seule planète » ; informatif : « Laissez 80% des ressources pétrolières découvertes sous terre » ; grave : « J’aimerais pas avoir 10 ans ».

Plus qu’une marche

La jeune femme qui brandit cette pancarte n’en a pourtant que 17, et n’est pas si pessimiste que ça :

« Il y a eu beaucoup de monde partout en France, et cela peut faire bouger les choses car les politiques y sont malgré tout assez sensibles, estime Clémentine, militante de l’ONG Sea Shepherd. La lutte ne fait que commencer, on n’a pas assez dit qu’il est plus que temps d’agir. Même ma génération, qui a eu peu de mal avec la politique, commence à être sensible aux messages des Youtubeurs, de plus en plus nombreux à se saisir de ce sujet – Max Bird, Nicolas Meyrieu, Squeezie… »

Pour que le mouvement ne s’essouffle pas, et recrute de nouveaux partisans, les organisateurs des manifestations bordelaises – néophytes ou militants plus chevronnés -, tentent de structurer leur collectif Il est encore temps. « Plus qu’une marche pour le climat », ils veulent en effet se constituer en « contre-pouvoir citoyen et revenir dans la rue tant que le climat n’est pas la priorité du gouvernement ».

Ce samedi, à l’arrivée à Darwin, des agoras attendent ainsi les manifestants désireux de débattre de plusieurs sujets (climat et finance, transport et habitat, éducation…), et d’en dégager des propositions.

« On veut dégager des revendications claires, des objectifs précis et obtenir des résultats concrets pour mobiliser les gens », souligne Christophe Charlet, d’i-boycott.

Le collectif #IlEstEncoreTemps promet de donner des rendez-vous thématiques tous les mois à Bordeaux, avec notamment pour des actions coups de poing. Ses membres annoncent par exemple pour novembre un Climate Friday, réponse au Black Friday, et antidote à la fièvre acheteuse, pour promouvoir des modes alternatifs de consommation (cadeaux dématérialisés…). Et ils promettent de plancher aussi sur des revendications locales.


#la surchauffe

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