L’annonce de la nomination d’Alain Juppé au Conseil constitutionnel, et son départ de la mairie de Bordeaux et de la métropole, ont aussitôt déclenché une avalanche de réactions. A l’exception de Michèle Delaunay, qui affirmait le « pressentir », la plupart expriment l’étonnement (même si on relevait la lassitude du maire lors des questions sur sa candidature éventuelle, à l’occasion de ses vœux à la presse). Beaucoup saluent l’homme et son choix.
« Je respecte le parcours d’un homme politique qui aura marqué la vie politique nationale et la ville de Bordeaux de son empreinte, déclare ainsi Jean-Luc Gleyze, président socialiste du conseil départemental de la Gironde. Malgré nos divergences politiques, je tiens à saluer la qualité de nos échanges. Nous ne partagions pas la même vision de l’action politique, pour autant nous pouvions travailler ensemble en bonne intelligence. »
La réaction de Vincent Feltesse est du même tonneau :
« Pendant 7 mois nous nous sommes affrontés mais surtout pendant 7 ans nous avons travaillé ensemble à la tête de la Communauté urbaine de Bordeaux. Nous l’avons fait avec efficacité et parfois même avec complicité, souligne l’ancien président de la CUB, puis rival d’Alain Juppé à la dernière élection municipale. Sa décision a du être difficile à prendre. Je la respecte et lui souhaite bonne chance pour la suite. »
« Retraite dorée »
« Alain Juppé ne quitte par Bordeaux par la grande porte. Je n’y vois ni panache, ni honneur », persifle au contraire Matthieu Rouveyre. Selon le conseiller municipal socialiste, le maire « abandonne la ville » pour « aller se planquer à Paris au moment où Bordeaux est traversée par des fragilités financières, politiques et sociales ».
Juppé quitte brutalement Bordeaux pour une retraite confortable au Conseil constitutionnel. Ça ne m’inspire par autre chose pour le moment. pic.twitter.com/3epsiRX1Ou
— Matthieu Rouveyre (@mattrouveyre) 13 février 2019
« Alain Juppé semble fuir des problématiques financières et des sujets majeurs touchant le quotidien des Bordelais : l’achèvement du pont Simone Veil, le déficit du Grand Stade, une réelle politique solidaire de stationnement, l’encadrement du coût du logement… », estime le groupe socialiste au conseil municipal.
Et les « fragilités politiques » se reflètent d’après l’opposition dans la déclaration du maire de Bordeaux à ses adjoints : « Aucun n’a le profil pour prétendre à ma succession ». Une critique lourde de sens que rappelle également l’élu municipal écololgiste Pierre Hurmic :
« Ce départ plonge la Ville de Bordeaux et la Métropole dans une situation aussi imprévue qu’inédite. La majorité municipale est laissée en état de jachère, une première adjointe désavouée, aucun autre profil émergent. »
« Equipe soudée »
En tant que Première adjointe, c’est pourtant bien Virginie Calmels qui reprendra le siège de maire, une fois actée par le préfet la démission d’Alain Juppé, d’ici un mois. A charge pour elle d’organiser une élection au sein du conseil municipal. L’ex « Dame de faire », en froid avec Juppé depuis son ralliement (avorté) à Laurent Wauquiez, ne tient toutefois pas la corde pour lui succéder.
C’est l’un des enjeux de la conférence de presse de ce jeudi : pour éviter que sa majorité ne se déchire à un an des municipales, le maire devrait désigner son (ou sa) successeur-e. Les plus souvent cités sont Nicolas Florian, son adjoint aux finances, ou Fabien Robert (culture), mais Alain Juppé verrait d’un bon œil qu’une femme le remplace, pourquoi pas Anne Walryck (développement durable) ou la sénatrice Nathalie Delattre. Aucun ne s’est exprimé mercredi, excepté cette dernière :
« Alain Juppé fait aujourd’hui un choix difficile, mais il a formé une équipe. Il appartiendra à cette équipe d’assurer la succession, en poursuivant les nombreux projets initiés. C’est cela la cohésion d’une équipe soudée. »
La campagne est lancée
La question de la succession se pose aussi à la métropole, qui procèdera également à une élection en son sein. Parmi les fidèles du maire de Bordeaux figurent Patrick Bobet, vice-président aux finances et maire Bouscat, Franck Raynal, le maire de Pessac, ou encore Jacques Mangon, maire de Saint-Médard, vice-président en charge de l’urbanisme, et à la tête de la stratégique mission Bordeaux Métropole 2050.
A un an des municipales, « la campagne électorale démarre plus tôt que prévu et s’annonce beaucoup plus ouverte qu’on le pensait », relève Pierre Hurmic.
« Un point positif, juge Matthieu Rouveyre : Alain Juppé ne briguera pas un énième mandat et avec ce départ les cartes sont largement rebattues à Bordeaux. Même pour la gauche. À condition toutefois qu’elle soit plus intelligente que ce qu’elle a pu montrer jusque là. »
Suite à l’actualité bordelaise du jour, Closer a déjà modifié sa Une pic.twitter.com/WP8u4GSIbj
— Front de Libération Bordeluche (@FLBP33) 13 février 2019
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