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A Bordeaux Métropole, les ordonnances du docteur Bobet pour la rentrée

Lors de sa conférence de presse de rentrée, le président de Bordeaux Métropole est revenu sur les déboires judiciaires des projets d’infrastructures de transports, et confirmé que le pont Simone-Veil se ferait. Patrick Bobet a aussi annoncé qu’il souhaitait passer outre l’avis de l’enquête publique sur Bahia, et compte pousser le projet de grand contournement – pardon, de barreau autoroutier entre A89 et A62.

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A Bordeaux Métropole, les ordonnances du docteur Bobet pour la rentrée

« Le pont Simone-Veil va se faire », a ainsi affirmé à plusieurs reprises Patrick Bobet, comme pour écarter les doutes récemment émis par le maire de Bordeaux après la non homologation de l’accord à l’amiable entre la métropole et Fayat par le tribunal administratif de Bordeaux.

« Et dans des délais qui ne seront pas de deux ans comme j’ai pu lire dans la presse, au plus tard 6 mois de retard, estime le président de la métropole. J’ai demandé à la présidente de la cour d’appel de faire vite, elle s’est engagée à ce qu’une réponse nous parvienne en avril 2020. Nous sommes sûrs de nos arguments et pensons gagner en appel. »

Même en cas de nouvelle défaite judiciaire, Patrick Bobet estime que la métropole « ne perdra pas de temps », car « rien n’empêche de relancer immédiatement tous ces marchés ». Il s’insurge en outre que les services de Bordeaux Métropole puissent être taxés d’ »amateurisme », alors que la collectivité a essuyé un autre revers – sur le bus à haut niveau de service, qui a calé à la cour administrative d’appel.

« Je ne peux pas laisser dire ça étant donné le sérieux de nos équipes, managées de haut vol, tance Patrick Bobet. Cette décision (de la cour d’appel) n’est pas une surprise. Des anomalies, des imprécisions, des maladresses dans la DUP (déclaration d’utilité publique) risquaient de nous faire perdre. »

Recours toujours

D’où le lancement d’une nouvelle procédure de DUP pour un projet qui, lui, accusera au moins deux ans de retard par rapport au calendrier prévu, soit sans doute pas avant 2023….

« Les tribunaux n’ont jamais remis en cause l’utilité publique de ce projet, mais la forme de la concertation, et le fait qu’on n’ait pas proposé suffisamment de tracés alternatifs, plaide Chirstophe Duprat, vice-président en charge des transports. Nous en avions deux, dont un avec un terminus aux Quinconces, mais 90% ses sont rapidement prononcés pour un terminus à la gare. Mais ce nouveau dossier sera aussi attaqué comme l’extension de la ligne A du tram vers l’aéroport, c’est un passage obligé. »

Un passage auquel risquent d’être confrontés d’autres projets dont les enquêtes publiques vont démarrer à l’automne : les prolongations des lignes D vers Saint-Médard-en-Jalles, B vers Gradignan, plus un BHNS entre Pellegrin et Malartic. Il faudra un peu de patience pour voir ces projets sortir de terre, s’ils ne sont pas remis en cause après les prochaines municipales.

Barreau et Bahia

Et il en ira sans doute de même de l’hypothétique grand contournement autoroutier de Bordeaux, pour lequel le ministère des transports a discrètement relancé des études d’opportunité… Fervent partisan d’une solution routière pour décongestionner la rocade, Patrick Bobet supplie les médias de ne pas parler de grand contournement pour le projet porté par la métropole – un barreau autoroutier entre Mussidan et Langon, pour connecter l’A89 à l’A62/A65.

Ce projet, que Bordeaux Métropole et l’agglomération de Limoges ont décidé d’étudier, pourrait se boucler plus rapidement qu’un giga-rocade, selon l’élu. Mais créer des routes en période d’état d’urgence climatique ne manquerait pas non plus d’être contesté, au stade de l’enquête publique, puis devant les tribunaux.

Parfois, Bordeaux Métropole ne craint pas de passer en force. Patrick Bobet ne souhaite ainsi pas tenir compte de l’avis négatif de la commissaire d’enquête publique sur Bahia, le projet de fusion des hôpitaux Robert Picqué et Bagatelle, à Bègles et Talence.

« Je vais proposer au conseil de métropole de passer outre le simple avis de la commissaire compte tenu de deux choses : Bahia 1 est déjà construit, il serait infernal de faire machine arrière. Et l’offre de services proposée nous évite la fermeture pure et simple de Robert Picqué. Entre deux maux il faut choisir le moindre. »

La métropole envisage de recourir à davantage de contrainte en matière de logement, en imposant lors de la réforme des PLU (plans locaux d’urbanisme) que 50% des opérations comportent 50% de logements abordables (3000 euros du m2).

Maux de tête

Le maire du Bouscat, praticien de métier, a encore usé de la métaphore médicale, faisant allusion à une autre déclaration de Nicolas Florian sur les maux de tête que provoquerait chez lui l’élaboration de sa liste pour l’élection de 2020 :

« D’autres sujets plus graves que les listes aux municipales me donnent mal à la tête et me dérangent profondément, lâche-t-il à propos des centaines de personnes jetées à la rue cet été à Bordeaux suite à l’expulsion des squats par la préfecture. Des choses ne sont pas humainement acceptables aujourd’hui. Une mission squat vient d’être créée, et nous voulons faire en sorte qu’il y ait de l’eau potable dans tous les squats, qu’il n’y ait pas de femmes enceintes ou de familles avec de jeunes enfants à la rue, qu’un lieu d’accueil soit proposé pour le déjeuner. »

Si Patrick Bobet signale avoir « questionné de manière vigoureuse madame la préfète pour trouver des solutions d’hébergement », il ne condamne pas la politique conduite par l’Etat :

« Je suis un républicain rigoureux, j’écoute ce que l’État nous dit et quand on nous indique que sur 100 personnes des squats, 15 sont en situation régulière, je le crois. Mais alors il revient à l’État de faire ce qu’il a à faire : il ne suffit pas de déloger les squatteurs, mais de les raccompagner vers leur pays d’origine si nécessaire. On a vu une institution proche de nous (le département de la Gironde, NDLR) devoir prendre la décision de vider un squat, humainement c’est compliqué ».

« Avec humanité et cœur », disait d’ailleurs Jean-Louis Debré, ministre de l’intérieur d’Alain Juppé, lors de l’évacuation de l’église Saint-Bernard en 1996.


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