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Le plan vélo de Bordeaux Métropole en piste pour le déconfinement

[EXCLU RUE89 BORDEAUX] Des « pistes cyclables coronavirus » provisoires sur une des files voitures des boulevards ou du cours de Verdun, davantage d’arceaux et de prêts de vélos, des aides financières à l’achat de bicyclettes… Voici les grandes lignes du plan d’urgence vélo que doit acter Bordeaux Métropole en vue du déconfinement, le 11 mai, et qui pourrait accélérer de façon radicale l’usage de ce mode de transport.

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Le plan vélo de Bordeaux Métropole en piste pour le déconfinement

A Paris, la rue de Rivoli sera probablement réservée aux vélos à partir du 11 mai. Dans la métropole bordelaise, c’est le cours de Verdun longeant le Jardin public, et peut-être plus encore l’avenue de la République reliant Bordeaux et Mérignac, ou les boulevards qui devraient être le symbole d’une sortie du confinement par la voie résiliente.

Selon Brigitte Terraza, vice-présidente de la métropole en charge des mobilités douces, les maires concernés, au premier chef celui de Bordeaux, ont « une vraie volonté de tester des pistes cyclables temporaires » sur les grands axes à 2X2 voies.

Objectif : encourager les habitants qui abandonneraient les transports publics par crainte du coronavirus à se reporter vers le vélo plutôt que la voiture. 90 voies représentant 60 kilomètres sur des axes très passants ont été identifiés. Nombre d’entre elles verront des files fermées aux autos par de la signalisation au sol peinte en jaune ou des balirodes (séparateurs en plastique) ou mise en sens unique pour faire de la place aux deux-roues.

Ce plan reste soumis à validation définitive par les communes – comme celle de Cenon pour le passage à une seule voie automobile dans chaque sens de l’avenue Jean Jaurès – et les élus de la métropole, qui seront consultés ce jeudi. Mais selon nos informations, la Ville de Bordeaux a approuvé les aménagements qui la concernent.

La fin provisoire de l’autoroute à vélo rue général de Larminat (SB/Rue89 Bordeaux)

Le vélo contre la peur des transports

« Le caractère provisoire et réversible de ces aménagements cyclables a rassuré les maires », poursuit l’édile de Bruges, notant que ses collègues ont dans un premier temps été un peu frileux sur la question. « La peur de prendre les transports en commun et le beau temps sont propices à faire venir d’autres personnes vers l’usage du vélo. »

Les services de la métropole mesureront si ces « pistes coronavirus » sont bien empruntées par les cyclistes et n’aggravent pas la congestion automobile. Si ces conditions sont réunies, ces autoroutes à vélo pourraient être pérennisées, et dépasser certaines mesures envisagées dans le futur plan vélo, en récupérant de vastes espaces de circulation ou de stationnement réservés aux voitures.

Ainsi, une des deux files automobile sera dans les tous prochains jours dédiée aux bus et aux vélos avenue de la République, prolongement au delà des boulevards de la rue Judaïque, où les pistes cyclables passent actuellement sur les trottoirs.

« Les cyclistes, de plus en plus nombreux, rencontrent de sérieux problèmes de sécurité routière avec les voitures aux intersections, et de cohabitation avec les piétons », justifie-ton du côté des services de la métropole, qui ont travaillé avec les associations comme Vélo-Cité, auteur de propositions sur le sujet, ou Léon à vélo.

Révolution sur les boulevards

Ce même écueil de partage de l’espace conduit également Bordeaux Métropole à condamner une des files automobiles sur les quais entre le cours du Médoc et Cap Sciences, bref là où la piste cyclable s’arrête et oblige les vélos à rouler sur le trottoir ou le long de la Garonne, entre les badauds. Une autre discontinuité cyclable sera levée grâce à la transformation d’une file auto en couloir bus-vélo sur le cours de Verdun, entre la place Tourny et le cours Xavier-Arnozan.

Action de Vélo-Cité sur les quais de Bordeaux (SB/Rue89 Bordeaux)

Mais le changement les plus radical va s’opérer sur les boulevards, objet d’un vaste projet d’aménagement et de pacification du trafic, ainsi accéléré. 7 couloirs bus-vélo vont être créés dans les semaines à venir, portant à 50% le linéaire des boulevards qui en seront ainsi pourvus. Ils prendront la place d’une des deux files de voiture dans certaines parties – boulevard Godard, entre la place Ravezie et la rue Baudin, et le long du Grand Parc dans le sens intérieur ; dans les deux sens aux environs de la barrière du Médoc et du stade Chaban-Delmas; entre la rue Bertrand de Goth et la route de Toulouse.

Cette dernière, un des points noirs de la circulation dans l’agglomération, pourrait elle aussi bénéficier d’aménagements bus et vélo provisoires, damant la voie pour le projet urbain actuellement à l’étude. Cela dépend toutefois d’un accord entre les quatre maires concernés (Bègles, Talence, Villenave d’Ornon et Bordeaux), avec une difficulté sur ce secteur : la nécessité de sacrifier des places de stationnement pour élargir les voies.

Également au sud de Bordeaux, et toujours afin de faire de la place aux mobilités douces, la métropole planche sur un projet « ambitieux » de mise à sens unique des cours de la Somme (entre la place de la Victoire et Nansouty) et de la rue de Bègles (en direction des Capucins). Enfin, à Bègles, une piste cyclable bidirectionnelle devrait être créée quai Wilson.

Un chèque vélo de la métro

Si la métropole compte aussi poser rapidement 1000 nouveaux arceaux vélo ou créer des parkings dédiés aux deux-roues, son plan ne se limite pas à des infrastructures, même si elles sont déterminantes pour lever les craintes quant à la sécurité ou au vol.

La collectivité compte encourager les personnes hésitantes en développant ses prêts de vélo. 500 bicyclettes, dont 200 à 300 VAE (vélos à assistance élecrique) vont étoffer le parc de 2500 biclous des maisons du vélo, et devraient être réservés aux communes de la première couronne. D’après Brigitte Terraza, vice-président de la métropole, 1000 vélos pourraient également être mis à disposition des étudiants à la rentrée de septembre.

Par ailleurs, l’abonnement au V3 électrique devrait être réduit, et passer de 72€ à 12€ par an. La métropole pourrait compléter le chèque de 50€ du gouvernement pour la réparation de vélo par une somme équivalente. Elle planche également à « faire sauter le verrou des conditions de ressources » pour l’aide de 100€ à l’achat de vélo électrique ou vélo cargo, indique Brigitte Terraza.

Marche à l’ombre

Cette dernière souligne en revanche que la métropole n’a pas autant avancé sur son plan marche active :

« Mais nous avons une boite à outil qu’on va proposer aux maires, comme la piétonisation des rues desservant les écoles, au moins aux heures d’ouverture et de fermeture. Cela permet de mettre en œuvre la distanciation sociale, et d’habituer les gens à accompagner à pied ou à vélo leurs enfants à l’école. »

Et accoutumer les enfants à vivre dans un après Covid-19 qui ne soit pas qu’un « retour à l’anormal », celui des dizaines de milliers de morts causés chaque année en Europe par la pollution atmosphérique, sans parler du réchauffement planétaire.


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