Pour le reconfinement, les acteurs de la culture sont bien décidés à ne pas laisser place libre à Amazon. A l’image des fleuristes, petits magasins de vêtements ou restaurants, plusieurs initiatives locales vous permettent d’accéder à votre livre favori.
En outre, il n’est pas nécessaire d’habiter à moins d’un kilomètre de votre librairie : l’attestation de déplacement prévoit de pouvoir accéder à leurs boutiques en dehors du périmètre de sortie autorisé, pour effectuer un retrait.
Achetez dans les librairies engagées
Cette fois-ci, pas question de se laisser mettre en péril. Dès l’annonce du confinement, les libraires se sont mis en action pour proposer leurs ouvrages non seulement en livraison, mais aussi grâce à un système de retrait en magasin.
De surcroît, pour contrer les avantages mis en avant par le géant américain Amazon et ses tarifs de livraison à bas prix, le gouvernement a annoncé le 5 novembre dernier la prise en charge des frais d’expédition pour les livres vendus par les libraires indépendants. Une opportunité pour ces derniers dont certains ont largement déployé la vente en ligne depuis le premier confinement, et pour encourager les clients à commander par ce biais.
Les lecteurs au soutien
L’association des librairies indépendantes de Nouvelle-Aquitaine a ainsi mis en place une carte interactive sur son site internet, qui référence les boutiques du réseau – il y en a 15 dans la métropole bordelaise, par exemple. En quelques clics, les informations pratiques tels que le site internet, le numéro de téléphone et l’adresse permettent au lecteur d’entrer en contact avec de l’une de ces enseignes indépendantes, et ce partout en Nouvelle-Aquitaine. Ou de trouver en ligne l’ouvrage dans la librairie la plus proche de chez soi, et de se le procurer pendant le confinement si elle pratique le « clique et collecte ».
Les libraires se sont rapidement adaptés à ce système, même si leur site internet – parfois inexistant – a bien souvent nécessité une mise à jour, comme l’explique Hélène des Ligneris, directrice de la librairie La Machine à Lire.
« C’est difficile, car ce n’est pas notre cœur de métier, on est devant des ordinateurs à essayer de répondre, mais ça se passe bien. On fait de la vente en ligne, avec un nouveau site internet qu’on a amélioré. Ça n’a aucune commune mesure avec la fréquentation du site d’avant. »
De surcroît, son commerce s’est adapté aux besoins de ses clients, avec plusieurs modes d’approvisionnement possibles.
« Les gens commandent et viennent chercher dans le sas d’entrée de la librairie, on livre à bicyclette, on poste, et on propose le retrait en magasin. On est formidablement soutenus par la présence des lecteurs à nos côtés, par les commandes sur notre site internet, et on essaie de s’organiser pour être à la hauteur de cette nouvelle manière d’être au monde, avec de nouveaux horaires de 9h à 18h, pour s’adapter à la demande. »
Comme l’ensemble des magasins bordelais, les librairies ont connu une affluence « historique » le 29 octobre dernier, avant la première journée de confinement du lendemain.
« Cette affluence avant le confinement n’empêche pas les gens de venir se ravitailler, c’est formidable ! » ajoute Hélène des Ligneris.
Sur toutes les lignes
Le constat est davantage en demi-teinte pour Léo Noel, directeur de la Zone du dehors.
« Pour l’instant, c’est encore mou. En tant que petit libraire indépendant, on passe pratiquement tous par place des libraires, un site sur lequel les gens choisissent le livre puis la librairie dans laquelle ils vont le récupérer. C’est quelque chose qui n’est pas très visuel, les gens qui appréhendent l’informatique s’en sortent, d’autres un peu moins. »
Alors, pour mettre toutes les chances de son côté, Léo Noel a mis en place une maintenance téléphonique, sur laquelle les lecteurs peuvent commander leurs livres.
« Elle renvoie directement sur mon portable, et où que je sois, je peux vous répondre et prendre des commandes. On est également partenaires d’une association caritative qui fait des denrées non périssables et des vêtements. C’est autorisé, donc on ouvre 2h par jour et, dans ce créneau, les gens viennent déposer des choses pour la collecte, et s’ils veulent prendre un livre, je ne les empêche pas. »
Du côté de la librairie Mollat, le clique et collecte fonctionne au 91 rue Porte-Dijeaux. Même si le plus fort de son activité reste son site internet, son directeur Denis Mollat témoigne d’une activité sur « une vague de fond, sur un régime de croisière ».
L’occasion fait le laron
La librairie des Chartrons avait déjà lancé son retrait en magasin pendant le premier confinement, et poursuit sa démarche pour ce round 2 du confinement. De même pour la librairie Krazy Kat qui propose des BD livrées gratuitement dans toute la métropole dès 30 euros d’achats :
« Nous fumes parmi les premiers à ouvrir un service de vente à distance lors du premier confinement, précise Matthieu Saint-Denis, responsable de Krazy Kat. Il a été mis en place dès le 19 mars avec des livraisons à domicile pour encourager les clients à respecter le confinement. »
Comme ses voisins bordelais, la librairie Georges à Talence propose également un retrait en magasin, qu’assurent également quelques maisons de la presse, où la vente de livres est tolérée en « cliquez-collectez ».
Quant aux initiatives de second main, elles se poursuivent notamment chez Le Livre Vert, avec la possibilité de déposer vos livres directement à l’entrepôt (210 avenue du Docteur Schinazi à Bordeaux, du lundi au vendredi, de 8h30 à 16h30) ou de déposer vos ouvrages directement dans les bacs de dépôts disponibles (liens sur le site internet). L’avenir du passé, un bouquiniste de Saint-Médard-en-Jalles qui vendait sur les marchés, propose aussi désormais de dénicher des livres rares en ligne, ou de le contacter directement.
Empruntez dans les bibliothèques municipales
Egalement prises d’assaut avant le jour fatidique du reconfinement, les bibliothèques municipales bordelaises se sont elles aussi organisées pour proposer une offre à ses lecteurs. Pour Dimitri Boutleux, adjoint au maire chargé de la création et des expressions culturelles à la mairie de Bordeaux, l’explication est simple :
« Au premier confinement, les gens se sont jetés sur des pâtes, la farine, et se sont rendus compte qu’ils n’étaient pas morts de faim à l’issue du confinement. Là, ce que l’on voit, c’est que les gens ont anticipé sur les choses qui leur ont manqué, et finalement la culture en fait partie. »
Plus de digital
Si la fréquentation des bibliothèques avait considérablement chuté au printemps et son déconfinement, la dernière journée avant son second volet, le 29 octobre, a vu une hausse très importante de prêts de livres dans les 10 bibliothèques municipales bordelaises.
« La fréquentation a chuté depuis le déconfinement de mai, sans doute à cause de la jauge d’accès, des salons fermés… ça a pas mal dissuadé les gens de se rendre à la bibliothèque. Le dimanche, en moyenne, 1000 personnes vont dans une bibliothèque de la ville, on est tombé à 500. Mais le 29 octobre, le public s’est rendu en masse dans les 10 bibliothèques municipales. Il y a eu 4 000 usagers qui y sont allés entre 13h et 19h, et qui ont fait 30 000 prêts. D’habitude, c’est plutôt entre 10 000 et 11 000 prêts » ajoute l’adjoint.
Si Dimitri Boutleux admet que les services proposés par les bibliothèques municipales doivent davantage se digitaliser et se diversifier, il précise toutefois qu’il y a 50 000 usagers inscrits sur le réseau de lecture public bordelais. Sa gratuité lui vaut un taux d’inscription de 20% de la population bordelaise, tandis que la moyenne nationale est plutôt à 11% dans les villes de plus de 100 000 habitants.
Les bibliothèques bordelaises proposent 1,3 millions de documents, 500 000 sont empruntables. De surcroît, il s’agit du 2e fonds en province après celui de Lyon. Le service « bib en ligne » propose de visionner du contenu vidéo – jusqu’à quatre films par mois et par abonné, par exemple – ou de la presse en ligne.
Bib En Clic
Alors pour ce nouveau confinement, les bibliothèques se sont elles aussi lancées dans le « click and collect ». A partir du 9 novembre, 230 bibliothécaires sont mobilisés pour proposer ce nouveau service à tous ceux qui possèdent leur carte de lecteur.
L’usager peut choisir jusqu’à 15 documents de son choix, et venir ensuite retirer sa commande dans l’une des dix bibliothèques du réseau. Si le retrait est effectué à la bibliothèque Mériadeck, un outil de réservation de créneaux horaires est proposé sur le site (du mardi au samedi, de 13h à 18h). Pour les autres dans les quartiers, un bibliothécaire appellera l’usager pour convenir d’un rendez-vous. Les documents pourront être retournés à partir du 10 novembre.
Pour les non-inscrits, l’inscription en ligne à la bibliothèque est possible (comme lors du 1er confinement) sur le site de la bibliothèque et sur le site de la Ville.
D’autres médiathèques de la métropole assurent aussi la continuité de leur service : celles de Mérignac proposent ainsi un système de drive, avec possibilite de passer commande en ligne, par mail ou téléphone, et de récupérer ses documents (jusqu’à 15 pour 8 semaines) le lendemain à partir de 13h. Le « cliquez-collectez » est aussi possible à Pessac, notamment.
Faites un tour chez les éditeurs
Vous ne trouvez pas votre bonheur sur les sites des libraires ou des bibliothèques, faites un tour sur les sites internet des éditeurs. Nombreux ont intégré à leur site vitrine un onglet « boutique ».
Outre N’a qu’1 Œil qui vend essentiellement ses publications dans son propre circuit, vous pourrez également acheter des livres qui ne sont probablement plus dans les rayons, ni dans les catalogues des libraires. Le Festin, Elytis, Les Requins marteaux, Féret, ou les Presses universitaires de Bordeaux vendent en ligne et assurent les livraisons par la Poste.
Par ailleurs, le site des éditions Cairn centralise, en tant que diffuseur, la vente et l’expédition de nombreux éditeurs, notamment bordelais comme les éditions Confluences et les éditions Pleine Page.
Récupérez ou donnez des livres en boîtes
Installées dans des rues et parcs de la métropole, les boîtes à lire restent quant à elle ouvertes pendant le confinement. Le principe, celui d’une petite bibliothèque de rue gratuite, avec un accès pour tous. Vous pouvez ainsi emprunter un livre ou en déposer, dans l’une des 88 boîtes à lire que compte la métropole bordelaise.
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