La cinquième journée de mobilisation à Bordeaux contre le projet de réforme des retraites a réuni 30 000 participants selon l’intersyndicale girondine. De son côté, la préfecture donne le chiffre de 9000. Bien que l’affluence soit moins importante que les journées de mobilisation précédentes (60 000 le 19 janvier, 75 000 le 31 janvier, 50 000 le 7 février, et 80 000 le 11 février, toujours selon les organisateurs), les représentants syndicaux se félicitent :
« Dans la deuxième semaine de congés avec un gros 7 mars en perspective, on est très content [de l’affluence], affirme Stéphane Obé. C’est la cinquième journée de mobilisation. Si on enlève celle de samedi, c’est la quatrième avec un appel à la grève. »
Le secrétaire général de l’Union Départementale 33 CGT souligne ainsi le coût pour les grévistes et évoque « des caisses de grève [qui] commencent à s’organiser » dans les entreprises.
Article 7
A l’Assemblée nationale, les débats se terminent ce vendredi 17 février et il restait 18 articles (sur 20) à examiner encore ce mercredi 15 février soir. Pour accélérer les débats, la Nupes a retiré 90% de ses amendements jusqu’à l’article 7 du projet de réforme des retraites. En supprimant des milliers d’amendements, l’alliance de gauche veut permettre d’examiner avant la fin de la semaine l’article 7 qui prévoit le recul de l’âge légal de départ de 62 à 64 ans.
Ce ne sera toutefois pas suffisant affirment les députés de la majorité. En effet, il reste près de 11 000 amendements à discuter (sur 20000 initialement), dont une bonne partie avant ce fameux article qui constitue le cœur de la réforme et de la contestation.
Au Sénat, Monique de Marco parle d’un « moment crucial ». La sénatrice écologiste de la Gironde, présente dans le cortège bordelais ce jeudi, espère convaincre la majorité LR et « faire basculer cette réforme ». Si la stratégie des débats n’est pas encore décidée, elle promet des amendements « qui ont du sens » et non « pas des tribunes de position ».
Les autres articles
L’article 1er a déjà été voté. Celui-ci vise à mettre fin à certains régimes spéciaux comme ceux de la Régie autonome des transports parisiens (RATP) ou des industries électriques et gazières (IEG). Les conducteurs de métro pouvaient partir dès 52 ans ou les salariés IEG à 57 ans.
Le deuxième article pour la création d’un index senior a quant à lui été rejeté. Il devait imposer aux entreprises de publier les conclusions de leur politique menée en matière de recrutement et de maintien en emploi des seniors et, en cas de non respect des objectifs, une pénalité pouvait être infligée.
Les articles majeurs de cette réforme qui restent à traiter sont l’article 7, mais aussi l’article 8 sur les carrières longues, l’article 9 sur l’usure professionnelle, l’article 10 qui prévoit la revalorisation de la pension minimale, et l’article 13 pour le cumul emploi-retraite.
Le calendrier
18 février au 4 mars : Le texte arrive au Sénat vendredi 18 février. La Chambre Haute dispose de 15 jours pour voter les articles du gouvernement et les amendements des députés. Les sénateurs peuvent aussi proposer leurs amendements.
4 mars au 26 mars : À compter du 4 mars, en cas de modifications du texte par les sénateurs, ce dernier doit être étudié en commission mixte paritaire, composée de députés et de sénateurs. Si aucun accord n’est trouvé en commission mixte paritaire, le texte est renvoyé à l’Assemblée nationale, à qui revient le vote final. Seulement, si au 26 mars le projet de loi n’est toujours pas définitivement adopté par l’Assemblée, la Constitution octroie au gouvernement le droit de prendre une ordonnance pour mettre en œuvre la réforme. La réforme, elle, doit entrer en vigueur le 1er septembre 2023, comme le souhaite l’exécutif.
« Avec un gros 7 mars en perspective, on est très content »
Stéphane Obé, secrétaire général de l’Union Départementale 33 CGT, se dit satisfait de l’affluence de cette cinquième journée de mobilisation à Bordeaux, estimée à 30000 personnes, et affirme que « beaucoup de collectifs de travail se réservaient pour le 7 mars » et « des caisses de grève commencent à s’organiser ».
Monique de Marco : « Maintenant tout va se jouer au Sénat »
La sénatrice écologiste de la Gironde, présente dans le cortège ce jeudi, espère convaincre les sénateurs Républicains (qui forme la majorité) de ne pas valider la réforme au Sénat où elle sera examinée après l’Assemblée nationale.
« Qui va faire la vaisselle ? Nous on fait la révolution. » Le cortège féministe est plus clairsemé que les semaines dernières mais tout aussi bruyant.
Gilet jaune toujours
« Nous sommes une cinquantaine présents, mais beaucoup n’osent plus porter le gilet par peur de la répression policière. Le mouvement existe toujours, mais c’est parfois difficile de se coordonner avec des idées politiques différentes. »
« Quant tu as 23 ans comme moi, tu ne sais pas de quoi demain sera fait et les retraites paraissent comme une certitude dans un avenir incertain. »
Loane est venu à chaque manifestation depuis le début de la mobilisation.
« La première fois je me suis mis en grève pour la journée, la semaine dernière pour une demi journée et aujourd’hui je me suis déclaré en grève pour une heure seulement. »
Travailleur au Département de la Gironde, non syndiqué, il a décidé de se réserver pour la mobilisation du 7 où il sera sans doute en grève pour la journée entière.
Une vingtaine de syndiqués CGT sont en charge de la régulation
La tête du cortège s’élance cours Georges-Clemenceau, à l’heure où les derniers manifestants quittent la place de le Bourse.
Gilbert, 66 ans, marin pêcheur : « Je suis obligé de continuer à travailler si je veux vivre. Mais je suis surtout là pour mes petits-enfants, pour sauvegarder nos droits. »
Michel, 60 ans, venu de Carignan : « J’ai été à toutes les mobilisations, et je le ferai jusqu’à ce que le gouvernement recule. »
« Dur financièrement de tenir la grève »
« Nous sommes à peu près un tiers en moins par rapport aux semaines précédentes. Ça commence à être dur financièrement de tenir la grève. On se préserve pour le 7 mars et les prochaines actions », témoigne Stéphane de la CGT AIA Bordeaux (Ateliers industriels de l’aéronautique).
Départ du cortège
« Accent sur le 7 mars »
« Un accent qui aurait été peut-être trop mis sur le 7 mars au dépens de la mobilisation d’aujourd’hui », estime un militant CGT pour expliquer le peu d’affluence à midi pour cette cinquième journée de mobilisation. Les principaux syndicats appellent effectivement à « mettre la France à l’arrêt » le 7 mars prochain pour renforcer la pression sur le gouvernement dès la fin des vacances scolaires.
Allan, militant UNEF, souligne la « très belle mobilisation samedi dernier ».
« Cette semaine, on s’attend à moins de monde car c’est les vacances scolaires et universitaires. Il y a beaucoup d’étudiants qui ne viennent pas de Bordeaux et qui sont rentrés dans leurs familles. »
Le défilé de ce jeudi suivra le même tracé que la dernière manifestation contre la réforme des retraites samedi 11 février, mais à l’envers.
Le cortège remontera le quai du Maréchal-Lyautey pour se diriger vers les allées de Tourny, prendra la direction de la place Gambetta et du cours d’Albret pour rejoindre les quais via le cours d’Alsace-et-Lorraine.
Bonjour
Pour cette cinquième journée de mobilisation, l’intersyndicale a une nouvelle fois donné rendez-vous place de la Bourse, où on observe moins de monde que les précédentes journées.
« Il y a beaucoup de personnes en congé aujourd’hui. Pourtant nous avons davantage de grévistes que la semaine dernière », affirme un militant de la CGT.
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