Etendre toujours plus un réseau de tram parmi les plus long de France. C’est le sens de trois délibérations que votera ce vendredi le conseil de Bordeaux Métropole.
Deux d’entre elles acteront le bilan des concertations conduites l’an dernier sur une branche du tram B entre le campus et le centre-ville de Gradignan, et sur un bus à haut niveau de service (BHNS) électrique entre l’hôpital Pellegrin et le quartier Malartic à Gradignan, via Talence.
Pour Michel Labardin, maire de Gradignan et vice-président de la métropole en charge des transports de demain, cette concertation a « battu des records de fréquentation » avec 1700 participants et 850 contributions individuelles, légitimant pleinement à ses yeux ce projet de tramway – 6 kilomètres de ligne à 130 millions d’euros. Il répond selon lui à trois enjeux :
« Cette branche renforce la desserte du campus, les deux universités et les grandes écoles (Sciences Po, Kedge…), qui se sont toutes prononcées en faveur de ce projet. Elle satisfera aux besoins de mobilité des habitants de Gradignan, et des futurs habitants du centre ville, où nous construisons 750 logements supplémentaires. Et elle captera les flux quotidiens de Girondins venant travailler dans la métropole depuis le sud du département. »
Horizon 2026
Selon les études, ce tronçon de la ligne C attirerait 10200 voyageurs par jour, dont 3500 utilisant actuellement la voiture. Le BHNS Pellegrin-Malartic pourrait quant à lui transporter 21000 personnes par jour, dont 4200 ayant délaissé leur auto. Electrifié, voire roulant à l’hydrogène comme le souhaite le maire de Talence, Emmanuel Sallaberry, ce projet coûtera lui 104 millions pour 10 kilomètres.
Troisième dossier de TCSP (transports en commun en site propre) à l’ordre du jour ce vendredi, l’extension de la ligne D vers Saint-Médard-en-Jalles est aussi le plus avancé. Le conseil de métropole va lancer la procédure d’enquête préalable à la déclaration d’utilité publique pour ce projet actuellement évalué à 90 millions d’euros (hors taxes).
Ces infrastructures pourraient se réaliser entre 2022 et 2026, du moins si les élections municipales ne les remettent pas en question. A l’heure actuelle, seule une victoire des écologistes, qui dénoncent régulièrement en conseil métropolitain le « tout-tram », pourrait changer la donne : la majorité actuelle (Communauté d’avenir, alliance des Républicains et de mairies divers droite) resterait sur la même ligne, et La République en marche n’a pas l’intention de revenir sur les projets lancés.
« Rompre avec le passé »
Mais pour Transcub, « une fenêtre politique s’ouvre » bel et bien pour contester des trams « qui coûtent trop cher et ne répondent pas à l’urgence climatique », affirme Hervé Harduin, de l’association. Comme Alain Juppé l’avait fait en 1995 après l’abandon du projet de métro, elle appelle à un grand concours d’idées ouvert aux experts indépendants internationaux, comme l’école polytechnique fédérale de Lausanne, pour repenser les transports collectifs de l’agglomération.
« Il faut rompre avec le passé, estime Denis Teisseire, de Transcub. Bordeaux est sur le podium des villes les plus embouteillées de France, et son rapport de développement durable montre que sa politique est un échec par rapport aux objectifs du Plan Climat. Les résultats sont les plus faibles là où on a le plus dépensé, et les meilleurs là où on n’a rien financé ! »
Malgré 2 milliards d’euros investis dans les quatre lignes de tramway, la part modale des transports en commun est en effet « seulement » passée de 10 à 12% des déplacements, contre un objectif de 15% pour 2020. La marche à pied a au contraire dépassé son objectif (29% au lieu de 24% en 2009 et de 25% espéré).
« Le réseau de tramway est une araignée avec un gros corps engorgé en ville-centre et des pattes sous-utilisées en périphérie, relève Hervé Harduin, de Transcub. Bordeaux Métropole, elle-même, dans le rapport sur le renouvellement de la délégation de service public, souligne sa « nécessaire désaturation » pour les années à venir. Pourtant on va continuer à ajouter et rallonger des pattes à l’araignée. »
« Sans tram on ne pourrait se mouvoir »
Outre les projets vers Gradignan et Saint-Médard, Transcub évoque l’extension de la ligne A vers l’aéroport (pour 90 millions d’euros), dont elle a tenté en vain pour l’instant d’interrompre le démarrage des travaux en référé, ou encore le démarrage d’une étude pour étendre la ligne C vers Parempuyre.
Michel Labardin fait lui valoir que si leur progression relative est modeste, le nombre de déplacements en transports en commun a bien explosé : 530000 voyages sont réalisés chaque jour sur le réseau TBM (trams et bus de la métropole), 68% de plus en 10 ans.
« Avec le boom démographique, nous avons plus d’usagers, et plus d’automobilistes. Si on n’avait qu’un simple réseau de bus on ne pourrait même plus se mouvoir ! Le tram est un vrai succès, dire que l’investissement est improductif, c’est se mentir à soi-même. Nous ne pouvons pas nous arrêter d’offrir des infrastructures, et il faut du tram dans les secteurs les plus denses. »
Le maire de Gradignan estime en outre que la métropole a les moyens d’investir dans la desserte de toutes les communes qui en éprouvent la nécessité. Transcub déplore elle que le tram soit « réduit à un véhicule électoral propre à gaspiller l’argent public » :
« On continue à répondre aux demandes des maires à la veille d’élections municipales, pas à répondre aux besoins des usagers à partir d’études objectives », estime Denis Teisseire.
L’association compte rencontrer les principaux candidats aux municipales pour évaluer leurs propositions – coûts, délais, résultats à en attendre, et ensuite « informer largement la population ».
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