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A Bordeaux, « la démocratie locale ne doit pas être confinée »

Pierre Hurmic et l’opposition bordelaise réclament davantage de « transparence » dans la gestion de la crise sanitaire par la Ville, ainsi que la tenue rapide d’un conseil municipal. Une « offensive électorale déplacée », selon la mairie, alors que le second tour des municipales est toujours prévu pour l’heure le 21 juin.

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A Bordeaux, « la démocratie locale ne doit pas être confinée »

Les trois élus de l’opposition candidats aux municipales sur la liste Bordeaux Respire ont lancé un « appel au maire pour un retour à la démocratie locale et pour plus de transparence ».

« Depuis la mise en place du confinement le 17 mars dernier, nous constatons qu’à Bordeaux, aucun conseil municipal n’a été organisé par le maire sortant et ce, en dépit de nos demandes officielles », soulignent Pierre Hurmic, Emmanuelle Ajon et Delphine Jamet, qui ont décidé de le faire savoir par communiqué, ce mercredi.

La tête de liste écologiste aux municipales, qualifié pour le deuxième tour, déplore que Nicolas Florian ne soit pas allé au bout de sa démarche :

« Contrairement aux intentions indiquées par le maire au début du confinement, qui avait annoncé une réunion toutes les semaines avec les présidents de groupe du conseil, seulement deux réunions téléphoniques ont eu lieu en un peu plus d’un mois, et la dernière a eu lieu il y a trois semaines. Nous n’avons depuis plus de nouvelle et avons par exemple appris par la presse la commande de masques pour tous les Bordelais. »

« Les outils numériques existent »

Pierre Hurmic estime que « la démocratie ne doit pas être confinée pendant la période électorale et la crise sanitaire ».

« Les outils numériques existent. Soit la Ville ne peut pas les faire fonctionner, ce qui traduirait un certain archaïsme, soit elle ne veut pas. »

Il rappelle que d’autres collectivités – notamment le conseil régional de Nouvelle-Aquitaine pour sa séance plénière du 10 avril dernier, ou bientôt la Ville de Pau – se sont réunies virtuellement, ou ont travaillé en commission en vision-conférence.

Les trois élus assurent poursuivre leur travail en « interrogeant le maire et ses adjoints sur différents sujets concernant leur gestion de la crise et en essayant de faire le lien entre la Ville et les associations, les bénévoles ». Ils jugent qu’ « un tel manque de transparence et de dialogue constitue une entrave au déroulement du processus démocratique local », et « prive les Bordelaises et les Bordelais de la force de contrôle et de proposition, si essentielle à l’intérêt général, que représente le débat municipal. »

Un conseil après le confinement

Interrogé sur le prochain conseil municipal lors du Facebook Live réalisé ce jeudi soir, Nicolas Florian a répondu que si la loi permet de le réaliser en visio-conférence dès lors qu’un tiers des membres y participe, mais estime que « les grandes communes ne sont pas en mesure de le faire ». Le maire promet néanmoins la tenue d’un conseil municipal extraordinaire après le confinement.

« D’ici là, on est en contact régulier et direct avec les élus des différents groupes », affirme le maire. « Nos échanges n’ont jamais été aussi nombreux », ajoute même son premier adjoint, Fabien Robert, signalant être allé plus loin que d’autres grandes villes en associant les quatre candidats à la mairie qualifiés pour le deuxième tour des municipales – outre Nicolas Florian et Pierre Hurmic, Philippe Poutou et Thomas Cazenave.

Fabien Robert signale en outre qu’il ne s’agit pas d’une démarche de tous les élus d’opposition, mais de ceux présents sur la liste Bordeaux Respire, et via un communiqué envoyé par le directeur de campagne.

« Est-ce le moment de faire une offensive électorale alors qu’on se serre tous les coudes pour lutter contre la crise ? Je trouve ça déplacé », ajoute-t-il.

Pierre Hurmic critique en retour la municipalité de « faire beaucoup de communication », notamment sur les masques, alors que cette commande massive de 800000 protections pour les habitants de la métropole pose selon lui certaines questions.

« Il aurait aussi fallu annoncer quel sera le système de distribution pour éviter que les administrés ne se précipitent dans les mairies. La réouverture des marchés est un autre sujet. Les Capus dysfonctionnent, il y a facilement 1h30 de queue, ce n’est pas normal, tout comme l’annulation du marché de la Bastide. On a l’impression que les consignes sont draconiennes pour les marchés, et beaucoup moins pour les supermarchés. Il ne faut pas dissuader les gens d’y aller. »

Sujet « déplacé »

« Pour autant, ni Pierre Hurmic ni Fabien Robert ne se projettent officiellement sur une hypothétique campagne de second tour, dont la date retenue reste pour l’heure le 21 juin, sous réserve toutefois de l’avis des experts du Conseil scientifique, attendu le 23 mai.

Le premier adjoint ne « souhaite pas exprimer un point de vue légal ou d’opportunité politique sur ce sujet », qui lui paraît « déplacé dans le contexte actuel » où « l’essentiel de [son] temps c’est la gestion de la crise. »

« Nous attendons les consignes de l’état et nous adapterons », tranche Fabien Robert, indiquant au passage que le premier tour n’avait pas été à Bordeaux « un vecteur de contamination, contrairement à d’autres communes ».

Bureau de vote au Grand Parc lors du premier tour des municipales (SB/Rue89 Bordeaux)

« Le gouvernement a bien arrêté le déconfinement pour les scolaires le 11 mai, il faudrait qu’il accélère son calendrier pour le choix des municipales », note quant à lui Pierre Hurmic, estimant que les délais seraient serrés pour faire campagne si les élections se tiennent en juin.

« Mais nous avons été très imprudents d’organiser le premier tour, on ne doit faire le deuxième qu’à condition que les électeurs ne prennent le moindre risque. Sinon, l’abstention sera aussi forte que pour le premier tour. S’il y le moindre risque, il ne faut pas hésiter à reporter l’élection en octobre, qui pourrait être une date intermédiaire intéressante.  »

Cela supposerait toutefois de reprendre tout le processus à zéro, poursuit Pierre Hurmic :

« Après juin c’est évident qu’il faut rejouer la partie, le contexte électoral ne sera pas le même, certains auront essuyé une crise gravissime, cela manquerait un peu de sens. On s’oriente de plus en plus vers une élection globale. »

Chicayas ou union sacrée

Dans une tribune transmise aux médias ce jeudi, Thomas Cazenave (La République en marche) estime quant à lui qu » »un mois après les municipales, il faut savoir dire stop à ceux qui se nourrissent, de manœuvres, calculs ou chicayas politiques (…). La situation l’exige et nous le devons à toutes celles et ceux qui souffrent ou s’engagent au quotidien. »

« Imaginer repartir sans ne rien changer est pour moi inconcevable », estime le candidat de Renouveau Bordeaux, qui appelle à une sorte d’union sacrée :

« Nous ne pouvons pas simplement camper sur nos positions. Nous devrons savoir, chacun à notre manière remettre l’ouvrage sur le métier, et tirer les enseignements de cette crise. Savoir unir nos forces pour imaginer de nouvelles solidarités et accompagner celles et ceux qui demain seront confrontés aux impacts de cette crise. »

Interrogé récemment par France 3 Nouvelle-Aquitaine, Philippe Poutou déclarait quant à lui que le « le 21 juin tout le monde devrait avoir la tête à autre chose… à soigner, à aider, à construire l’après confinement, avec toute la population, sans oublier les exclus, les plus fragiles démocratiquement ».

Pour le candidat anticapitaliste à la mairie de Bordeaux, « l’heure est vraiment à mettre en œuvre un plan d’urgence sociale, sanitaire, donc à mettre l’économie, l’argent au service d’une société solidaire ».


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