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Nicolas Florian : « Je suis un pragmatique, je ne veux pas vendre du rêve aux gens »

Après son alliance avec l’ex-candidat marcheur Thomas Cazenave, le maire actuel et candidat à sa propre succession est conforté par un sondage le plaçant en tête (49%). Il affiche ainsi une certaine sérénité quant à ses chances de garder son fauteuil. S’il chasse sur le terrain de l’écologie, où son principal rival Pierre Hurmic a bâti sa politique, Nicolas Florian justifie aussi les projets immobiliers et la navette aérienne Bordeaux-Orly. Troisième et dernier de nos entretiens-fleuves avec les trois aspirants à la mairie de Bordeaux.

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Nicolas Florian : « Je suis un pragmatique, je ne veux pas vendre du rêve aux gens »

Quel est votre commentaire sur le dernier sondage qui vous place largement devant vos adversaires ?

Le résultat m’a fait plaisir, je ne vais pas vous dire le contraire. C’est plutôt encourageant. Par ailleurs, ça me conforte dans ma stratégie d’alliance avec Thomas Cazenave. Entre mon score et son score au premier tour, l’addition se fait pratiquement à l’unité prêt. Cette alliance me permet d’élargir mon socle et pas simplement le socle électoral. En terme de légitimité, ce n’est pas pareil d’être élu maire à 40 ou 41% des suffrages que de se rapprocher des 50%, ce n’est pas la même chose. Mon objectif est donc de franchir la barre symbolique des 50%. Représenter la moitié des électeurs, c’est plus crédible.

L’alliance avec Cazenave est donc conforme à vos attentes ?

En politique, un plus un ça fait rarement deux. Mais il y a des logiques arithmétiques. J’ai regardé les résultats du premier tour dans chaque bureau de vote. S’agissant de l’électorat de Cazenave, ce sont les anciens électeurs de Juppé ! Là où je fais de très bons scores, il fait de très bons scores. C’est la même assiette électorale. Donc en s’alliant, mécaniquement je devais récupérer cet électorat.

C’est ce qui se passe sur les sondages, après un sondage ça vaut ce que ça vaut. Mais 9 points d’écart, avec une marge d’erreur de 3 points, le sujet est clos. Ça peut se resserrer mais ça ne s’inversera pas. Je suis confiant.

La gauche ferait 51% si on additionnait les scores d’Hurmic et Poutou, ça vous inspire quoi ?

Rien ! Je serai le seul maire de France à être élu avec près de 50% sur une triangulaire. Regardez madame Hidalgo, qui à Paris est donnée à 44% dans les sondages. Dans toutes les autres villes dès lors qu’il y a une triangulaire, le maire sera élu avec un score plus près des 45% que des 50%.

Les sondages des premiers tours ne se sont pas tant trompés que ça. Les tendances ont été confortées avec une marge d’erreur de 3 points. Dans les bureaux où on vote historiquement pour la droite ou pour le centre, l’électorat est plus vieillissant et il s’est moins déplacé.

« Pourquoi pas une union municipale ? »

Certains dans votre camp se sont étonnés des concessions faites à Thomas Cazenave et Renouveau Bordeaux, avec notamment ce groupe autonome au conseil municipal…

Il fera partie de la majorité ! Mais au moins ils gardent leur identité, très affichée. Ils ne seront pas dilués, et moi je ne suis pas dilué avec eux.

Vous ne redoutez pas des dissensions ou que cela ne favorise les conflits entre ambitions personnelles ? 

Je ne pense pas. Le travail qu’on a fait, c’est sur le programme. La convergence programmatique. Il n’y pas de raisons que l’ambiance électorale nationale influe sur l’action municipale.

Il y a eu un premier tour et j’ai gagné. Voilà. C’est mathématique. C’est pour ça que la répartition dans la gouvernance, c’est le rapport de force du premier tour. Il n’y a pas eu de marchandage, on a fait le ratio. 

Si Pierre Hurmic avait suivi, comment ça serait passé ?

J’ai proposé qu’on ait un grand rassemblement, au moins pour les mois qui viennent. Il y a des pays où il y a un gouvernement d’union nationale. Pourquoi pas une union municipale ?

Alain Juppé avait déjà proposé à Pierre Hurmic de devenir adjoint au maire et d’avoir un rôle autonome. Il a toujours refusé. Il a une culture d’opposition. Je ne lui reproche pas. Il est construit comme ça. Il sert d’aiguillon d’ailleurs.

« Mon objectif est de franchir la barre symbolique des 50% » (WS/Rue89 Bordeaux)

Un flou persiste sur la place que vous allez occuper à la métropole. Thomas Cazenave y revendique le rôle de « chef de file des Bordelais », ce qui n’existe pas statutairement puisque ce sont les maires qui siègent au bureau, l’exécutif de la métropole. Comment cela va se passer concrètement ? 

Je serai vice-président ! Je défendrai les intérêts de Bordeaux. Tous les élus bordelais à l’agglomération défendent les intérêts de Bordeaux. Ils sont plus enclin à suivre l’actualité de l’agglomération. Dans mon esprit, Thomas Cazenave animera le groupe des élus bordelais à la métropole. Il ne s’agit pas de faire un groupe autonome, mais qu’il y ait quelqu’un qui coordonne les prises de paroles… Et je siègerai au bureau bien sûr.

Si Communauté d’avenir garde la majorité, son chef de file devient président le métropole, et c’est usuellement le maire de Bordeaux. ne craignez-vous pas d’ouvrir ainsi un conflit entre les maires de l’agglo qui ambitionnent ce poste ?

On verra le 29 juin avec la répartition politique entre les uns et les autres. C’est à l’issue du second tour qu’on saura quel est le rapport électoral et politique dans l’assemblée. En l’état, c’est une assemblée de maires. Après le pense que la loi Maptam s’appliquera à un moment ou un autre pour avoir un scrutin direct pour les agglomérations. Cette loi prévoit qu’à terme un maire ne peut plus être président, et un adjoint vice-président.

Je pense que les semaines et les mois qui viennent vont être très compliqués. Il faudra un maire à plein temps, très concentré sur sa ville.

Ce sont les circonstances conjoncturelles de la crise. Je pense que les semaines et les mois qui viennent vont être très compliqués. Il faudra un maire à plein temps, très concentré sur sa ville. 

Vous aviez évoqué avec Thomas Cazenave le fait que certains investissement seront remis en question, déclenchant aussitôt des réactions des maires concernés par les projets de tram vers Gradignan et Saint-Médard. Que leur répondez vous ?

Le 29 juin, il faudra tous se remettre autour d’une table et revoir complètement le plan prévisionnel d’investissement. Tout ce qui a été décidé. Il ne s’agit pas de supprimer. Il faut revoir la temporalité des choses et réadapter notre capacité d’investissement à notre capacité financière.

Il faut des transports en commun. Pour pouvoir les faire, il faut revoir d’autres projets d’investissements.

Lesquels ?

On verra ça après les élections.

Le tram est donc une priorité, même jusqu’à Saint-Médard ?

Il faut desservir tout le territoire. On ne peut pas avoir un double discours, dire qu’il faut moins de voitures et pas faire de transport en commun en site propre. On le voit, malgré l’étude sur la ligne D, au final la fréquentation est supérieure à l’étude d’impact. Une fois que vous avez le service, les gens l’utilisent. C’est comme quand vous faites une piste cyclable, les gens prennent le vélo.

En l’occurrence pour Saint-Médard, il y a déjà un BHNS (Bus à haut niveau de service).

Il faut additionner les choses pour aller vers plus de transport en commun. Et il y a un choix et une logique industrielle sur le matériel roulant. C’est l’occasion de faire des moteurs à hydrogène ou électrique. Concernant le BHNS, j’ai toujours dit que son tracé était inopportun. On verra après les élections. On ne peut pas prévoir tant que les maires des dernières communes ne sont pas élus.

Chaque maire a un projet pour son territoire qui impacte l’agglomération. Ce ne sera pas la même chose si Stéphane Delpeyrat devient maire, car il n’aura pas les mêmes options que Jacques Mangon. Tout ça est lié aux résultats de dimanche prochain.

Quelles ont été selon vous les effets sur la campagne de votre gestion de la crise sanitaire ?

Allons au-delà de la campagne électorale, puisqu’elle a été suspendue. Il faut évoquer la prise de responsabilité et de conscience. Il valait mieux se rassembler et travailler de concert que se disperser. Il y avait une urgence pour les mois qui viennent. Quand on est candidat, on établit un plan pour les six ans, or là, l’urgence est pour les semaines qui viennent.

« Ouvriers de la République au quotidien »

On voit que dans nos usages quotidiens, les gens ont changé de paradigme. Ça faisait des mois et des années qu’on parlait de numérique et de télétravail, là ç’a été le cas. Certes par obligation, mais on s’aperçoit que c’est possible. Toutes les attentes en terme d’authenticité, de proximité, de circuits courts, en terme d’alimentation, on a passé le cap de « ce serait bien de » à « on peut le faire ». 

« Il y a beaucoup de gens qui ne quitteront pas la ville et qui ont passé deux mois confinés, il faut que ça respire. » (WS/Rue89 Bordeaux)

Mais est-ce que cette crise a aidé votre campagne ? Les Bordelaises et les Bordelais ne vous connaissaient pas bien…

La crise a donné un éclairage sur un maire en capacité d’exercer ses responsabilités, des fois même plus. C’est vrai à Bordeaux et c’est vrai dans la France entière. Vous voyez bien que les maires ont été en première ligne. On a été les ouvriers de la république au quotidien. Et c’est là qu’on voit que nos institutions sont solides.

Pierre Hurmic vous reproche d’avoir confondu les moyens de communication de la Ville avec ceux de la campagne électorale. Que lui répondez vous ?

C’est misérable. J’ai communiqué sur les actions que devait mettre en place la ville et surtout sur les acteurs de la ville : les associations, les bénévoles, les éboueurs qui ramassaient les ordures ménagères. Ces reproches ne sont pas à la hauteur. Mais c’est son rôle. S’il a que ça à me reprocher, ça va.

Est-ce que vous vous êtes dit par exemple que c’était une erreur de faire le supplément Sud-Ouest ?

Pourquoi une erreur ? On me propose un supplément pour mettre en lumière ceux qui ont été en première ligne. Je crois qu’il y a 40 photos et une seule photo de moi. Sur un 8 pages, j’ai 3 questions ! J’ai fait aussi BFM TV, TF1, France 2… Quand je fais des affiches, je les fais pour ça, pour avoir la notoriété, c’est intentionnel. Mais dans ce cas, pas besoin. C’est une opération qui a coûté 40000/45000 euros. C’est sensiblement moins cher qu’un journal municipal. 

Quelle sera votre première mesure si vous êtes élu maire de Bordeaux ?

Il y a le plan estival, concernant le soutien et le rattrapage scolaire. On s’aperçoit depuis le 11 mai, dans les secteurs les plus précaires particulièrement, que les gamins ne retournent pas à l’école. C’est la priorité des priorités cet été de mettre en place un plan pour le rattrapage et la remise à niveau scolaire.

Deuxième priorité pendant l’été, c’est d’avoir une politique plus dense en terme d’animation culturelle et sportive. Au mois d’août, les centres d’animation seront ouverts. Il y a beaucoup de gens qui ne quitteront pas la ville et qui ont passé deux mois confinés. Il faut que ça respire. Le quai des sports, la plage… pour que ça soit opérationnel le 10 juillet, faut pas trainer.

Par ailleurs, il faudra également qu’on voit avec la métropole ce qui doit être fait pour les commerces, relancer les marchés publics, et soutenir l’activité. Il y a un fonds de 15 millions d’euros qui n’a pas totalement été utilisé. Pour l’utiliser, il y aura deux options : soit on élargit l’accès du fonds aux travailleurs indépendants, soit on propose à ceux qui ont bénéficié de la première aide de doubler la mise.

Mes priorités relèvent de trois stades : l’urgence, la relance, et le rebond.

Il y a 3 stades : l’urgence que je viens de décrire, la relance qui est le dispositif de prêt à taux zéro qu’on veut mettre en place avec la BPI, et le rebond.

Le rebond consiste à ce qui se passe sur l’aéroparc, l’aéroport et l’aéronautique ; ou encore la réindustrialisation de Ford ; le pole image et le numérique… On veut accélérer les aménagements et avoir une politique foncière et immobilière plus attractive en terme de prix. Pour le commerce, rallonger la capitalisation d’InCité pour pouvoir éviter la spéculation sur les fonds de commerce. C’est là-dessus que je veux être proactif.

L’aide d’urgence, dans ses conditions, concerne en particulier les commerçants. Quid des prestataires de services, notamment dans le milieu de la culture ?

C’est ce que j’entends par revoir les principes de l’aide. C’est permettre d’aider ce secteur dépendant de la saisonnalité. Nous étudierons cette révision dès le premier conseil municipal. Il faut que ce soit pour cet été.

Les premières mesures que vous évoquez concernent l’urgence due à la crise. Est-ce qu’il y en a, notamment dans le programme de l’Union pour Bordeaux, que vous allez mettre rapidement en place ?

Il y a le fonds sur l’alimentation que je veux mettre en place sur les circuits courts sera parmi les premiers dossiers étudiés au conseil municipal. Il y aura aussi un dispositif municipal qui viendra entre le producteur et le consommateur par le biais des épiceries solidaires. La collectivité supportera le delta financier entre le prix de revient et le prix de vente sans taper sur tête du producteur pour qu’il baisse ses prix. Il y a une mécanique qu’il faut revoir.

Il y a vraiment des modes de consommation qui ont changé. J’étais étonné du succès du drive fermier sur les Quinconces. Les gens recherchent des produits sains et des producteurs locaux. Il faut que ça se développe, bio et circuit court.

Vous affichez des ambitions pour l’écologie mais certains bordelais retiennent surtout les solutions provisoires (les arbres en pot devant la mairie, les pistes cyclables en jaune…), voire mettent en doute votre sincérité quant à votre prise de conscience des enjeux écologiques. Qu’est ce que vous leur répondez ?

Depuis quelques années, la question de la transition énergétique, du réchauffement climatique, est très partagée. Qui aujourd’hui parle de remettre des centrales à charbon ou d’artificialiser des sols ? On ne peut plus parler d’écologie politique. Il y a une prise de conscience collective. Il y a eu quelques marqueurs. En 20 ans, il y a une évolution et une prise de conscience de tout le monde, et je fais partie de ces gens là.

« Des déplacements apaisés »

Vous avez dit que vous pérenniserez les couloirs de bus cyclables, comment vous voyez ce chantier ?

Il y a deux questions qui concernent les boulevards : la sécurisation des déplacements qui est l’objectif prioritaire, et l’enjeu urbain qui est plutôt autour des barrières. Les usagers de la voiture acceptent qu’il y ait un rétrécissement de voie quitte à passer 2 à 3 minutes de plus dans sa voiture, du moment ou on sécurise les voies cyclables. Il ne s’agit pas d’interdire la voiture, mais de favoriser l’alternative et la complémentarité entre les moyens de déplacements. Donc, c’est plus d’itinéraires sécurisés et des déplacements apaisés.

Qu’en est-il du grand contournement autoroutier de Bordeaux, sur lequel vous avez une divergence avec Thomas Cazenave (il y était hostile, vous étiez pour) ?

Cette divergence, on l’a mise de côté. Ce n’est plus l’enjeu des semaines et des mois qui viennent. Nous travaillons sur l’intermodalité, et si on peut atténuer la congestion de la rocade avec les mesures que nous proposons, tant mieux (NDLR : le passage à quatre voies, sur la même emprise, en rétrécissant la largeur des voies et en limitant la vitessse à 70 km/h). Mais il y aura toujours la question des poids lourds internationaux. A terme on peut avoir avoir un raccordement routier réservé et imposé aux poids lourds entre l’A10 et l’A89. Un premier barreau Mussidan-Langon va être lancé, je l’espère. En revanche, le grand contournement par l’ouest de Bordeaux, j’ai toujours dit que j’abandonnais totalement ce projet.

On parle d’urgence écologique. Vous avez l’impression de trouver les bonnes réponses ?

Je pense oui. Et je le revendique. C’est concret ce que je propose. Les réseaux de chaleur, je fixe un objectif : c’est 100 000 personnes en énergie renouvelable d’ici la fin du mandat, zéro déchet en 2026… c’est du concret. C’est pas des incantations et on s’en donnera les moyens.

Le Zéro déchet c’est très ambitieux, aucune ville au monde n’y est vraiment parvenu. Comment procèderez-vous ?

C’est une politique de tri, de lutte contre le gaspillage, de revalorisation et de recyclage. Comme à Parme.

Est-ce qu’il faut généraliser la tarification incitative actuellement à l’étude dans la métropole (elle consiste pour les ménages à payer l’enlèvement et le traitement des déchets en fonction de la quantité d’ordures « produite ») ?

Je n’y suis pas hostile. La seule condition c’est qu’on travaille sur une tarification sociale, je ne voudrais pas que cela pénalise les familles nombreuses. C’est la seule borne que je souhaite mettre à cette idée qui peut pousser des gens à mieux trier et à réduire leurs déchets. Je crois à lutte contre gaspillage et à la revalorisation de beaucoup de choses. Notamment sur les matériaux de construction : nous avons un projet ambitieux de centre de valorisation des déchets de construction sur le site de la Jallère, avec le projet Ikos.

Vous avez prolongé la durée de vie de l’incinérateur de Cenon, alors que les villes qui réussissent le zéro déchet sont celles qui mettent fin à l’incinération…

L’incinération a été une étape après une politique d’enfouissement. C’est vrai qu’on a revoté collectivement le renouvellement du bail de l’usine de Cenon jusqu’en 2027. Nous la fermerons ensuite.

On ne peut pas me dire qu’il n’y a pas assez de logements sociaux et faire un moratoire pendant un an sur les opérations.

Vous avez renoncé à construire des logements à la Jallère. Que deviennent les grands projets d’Alain Juppé : Brazza, Euratlantique et Bastide-Niel, qui demeure un projet contesté… ?

Ils sont lancés. C’est une des grandes différences avec monsieur Hurmic, car moi je considère qu’il faut construire des logements pour loger les gens. On a 25000 personnes qui attendent un logement social à Bordeaux. On ne peut pas me dire qu’il n’y a pas assez de logements sociaux et faire un moratoire pendant un an sur les opérations.

Sans oublier qu’un logement construit, c’est deux emplois derrière. On en fait 2000 par an, faites le calcul.

Ces opérations qui sont décidées, il faut les maintenir. Je ne veux pas une ville qui se dépeuple. Une ville qui se dépeuple est une ville en déclin. Et on aura du mal à concilier volonté de lutter contre l’étalement urbain sans aller vers plus de densification. Ou alors on va vers la construction verticale. Pour moi c’est une question d’équilibre.

Sur Bastide-Niel, Philippe Barre de Darwin vous a interpellé sur le conflit avec BMA (Bordeaux métropole aménagement).

Je suis celui qui a sauvé Darwin. C’est moi et c’est personne d’autre. J’ai fait modifier un acte par BMA sur des clauses qu’on a levées pour que Darwin puisse mobiliser ses financements. Après il y a des conflits de domanialité, je règlerai ça le 30 juin.

Nicolas Florian au beau fixe (WS/Rue89 Bordeaux)

Vous défendez le maintien de quelques navettes Bordeaux-Orly par jour. Mais avec une telle différence d’émissions de CO2 entre la LGV (1,14 K CO2/pers) et l’avion (103 K CO2/pers), l’effet n’est-il pas désastreux ?

Il y a 30000 emplois dans l’aéronautique. Sur cette filière, je suis un optimiste par nature. Je fais confiance à l’intelligence humaine pour qu’un jour le problème, qui est aujourd’hui la motorisation, soit réglé par l’innovation et qu’on aura des avions propres. La filière doit opérer une transition.

Il ne faut pas vendre du rêve aux gens. Je suis un pragmatique. Autant, on a un transport par rail qu’il faut favoriser, il faut réduire les lignes domestiques en aérien, mais passer de 10 à 0, ça n’a pas de sens. Il y a une économie qui repose sur une ou deux navettes par jour, il faudra faire une concertation pour fixer le nombre. En tout cas réduire d’au moins 50% le nombre de navettes. Dassault délocalise 1500 emplois des Yvelines à Bordeaux tout en gardant une activité dans les Yvelines. Il faut leur laisser la possibilité de circuler. Je ne veux pas être dans le jusqu’au-boutisme.

Vous menez une campagne très offensive (mail, sms, appel…), vous ne craignez pas le ras-le-bol des Bordelais ?

Je le fais pour mobiliser. C’est un outil qui est à la disposition des candidats et je l’utilise. Il y a des gens qui considèrent que c’est intrusif. Ils ont le choix de raccrocher. Il y a des gens qui ont voulu être désabonnés des listings et on l’a fait. Il y a une seule personne qui a saisi la Cnil sur un fichier de 10 ou 12000 envois. Il y a toujours des trous dans la raquette.

A l’issue de votre prochain mandat, si vous êtes élu, sur quoi voulez-vous être jugé ?

Sur la transition énergétique, et sur ma vision polycentrique de la ville. C’est la ville du quart d’heure. Ce n’est pas anodin que Carlos Moreno soit venu me soutenir. C’est là-dessus que je veux être jugé, sur ma capacité à multiplier des bassins de vie, mutualiser des lieux, c’est une source d’économie et de sobriété, que ce soit un lieu public ou privé. Je pense par exemple aux écoles ouvertes. Il y aura un temps pour l’enseignement et un autre temps sportif ou associatif… C’est un exemple très concret. Ça nous demande de revoir nos modèles pour concevoir des lieux qui aient cette polyvalence.

Sur le télétravail, je souhaite qu’on crée des tiers-lieux. Ce sont une source de progrès, mais il ne faut pas que ce soit une source d’isolement. Travailler en collectif, c’est une idée qui a du sens.


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